Nintendo 3DS

Kirby : Au Fil de la Grande Aventure

Test 3DS

Kirby : Au Fil de la Grande Aventure

Par rifraff - Le 04/03/2019 à 08:16

On a tendance à l’oublier mais la Wii a eu droit à un catalogue d’exclusivités assez incroyables… Parmi elles, Kirby : Au fil de l’Aventure.  Un jeu de plateforme adorable sorti sur Wii en 2011 qui palliait le manque de puissance de la console blanche de Nintendo par une forme singulière et une invention constante… Huit ans plus tard, le jeu revient sur 3DS dans une version augmentée. Tire-t-il toujours son épingle du jeu ? 

La Laine Toujours Fraîche

Crée par Masahiro Sakuraï, le papa de Smash Bros, pour le compte de Nintendo, Kirby  a fait ses premiers pas en 1992 sur Game Boy avec Kirby’s Dream Land, un jeu de plateforme classique conçu pour les jeunes joueurs. Dans ce jeu, Kirby est une petite boule rose à deux pattes qui passe son temps à avaler ses ennemis pour les recracher comme projectile et qui utilise des items comme Mario pour obtenir des pouvoirs spéciaux. Il faut attendre l’épisode suivant, Kirby ‘s Adventure en 1993 sur NES pour que Kirby acquiert une aptitude qui deviendra sa marque de fabrique, celle de pouvoir s’approprier les pouvoirs des ennemis qu’il avale. A partir de là quasiment tous les épisodes mettant en scène Kirby seront construits autour de cette aptitude transformant tour à tour Kirby en escrimeur, en cracheur de feu, en bloc de pierre ou encore en tornade- chaque épisode ajoutant son lot de transformations. Pourtant, surprise, Kirby au fil de la grande aventure s’affranchit de ce mécanisme sans mal, sans pour autant dénaturer la licence. En effet, contrairement à la plupart des autres titres, Kirby n’avale pas ses ennemis pour en capturer les pouvoirs...


Une histoire (dé)cousu de fil blanc 

L'histoire de "Kirby au Fil de la Grande Aventure" est basique et, comme souvent dans les jeux de plateforme "Nintendo" n'est qu'un prétexte pour nous faire parcourir différents niveaux, ramasser des bonus et affronter des boss mais aussi, ici, elle sert à justifier la forme du jeu… Tout commence lorsque Kirby veut manger une (méta)tomate sans savoir que c'est la (méta)tomate d'un sorcier fait de laine qui n'apprécie que moyennement que quelqu'un veuille manger sa (méta)tomate. Evidemment, il s'énerve tout rouge et envoie notre Kirby illico presto faire un tour dans la chaussette qu'il porte toujours autour du cou (logique) Kirby se retrouve alors projeté dans le monde parallèle de la Courtepointe, un monde fait de tissu, de patrons et d'ourlet dans lequel il est transformé en bonhomme de laine ou pour être exact en bonhomme fait avec un fil de laine. Comparé au jeu Wii, il n’y a pas de grosses différences, on retrouve les mêmes séquences racontées (avec une voix off en français) de la même façon. C'est sympathique à défaut d'être transcendant...


Fait à la main, lavé avec mi-mir laine 

Lors de la sortie initiale du jeu en 2011, le parti pris du jeu avait le grand mérite de contourner les limites techniques de la Wii en démontrant une fois de plus que les polygones c'est bien joli, mais les bonnes idées, c'est encore mieux !  A l'époque cependant, le fait que la Wii ne soit pas en HD avait souvent été pointé du doigt car cela empêchait d'apprécier le travail des développeurs et notamment les différentes textures qui composent l'univers du jeu à sa juste valeur… Malheureusement avec ce portage sur 3DS, il n’y a évidemment toujours pas de HD et autant être direct, visuellement, l'impact du jeu est considérablement amoindri par la résolution et la petitesse de l'écran de la console portable de Nintendo. On reconnaît malgré tout quelques textures et le jeu reste très mignon et agréable à l’œil mais on ne peut qu’être déçu de ne pas retrouver le jeu sur une console comme la Nintendo Switch qui l’aurait vraiment mis en valeur d’autant plus que sur 3DS, l’effet 3D (qui double la résolution) n’est pas supporté par le jeu…

Malgré cela,  visuellement le jeu reste adorable et on ne se lasse pas de découvrir les trouvailles des développeurs pour créer des décors originaux fait comme des patchworks avec des morceaux de tapis, d'étoffes et de feutrines mais aussi tous les personnages du jeu qui sont eux aussi fait avec un seul fil, quelques boutons et beaucoup d'imagination. Le plus beau, c’est que la forme ne sert pas juste à faire jolie. Elle fait partie intégrante du gameplay sur lequel elle influe et qu'elle rafraîchit agréablement (d'où le titre de ce test, vous suivez?) Le monde de Kirby étant en tissu, il suffit parfois d'une couture bien placée pour tirer et faire venir à soi une plateforme éloignée ou encore dézipper une fermeture éclair pour révéler un passage caché. Il faut parfois passer derrière le décor et utiliser alors les points de couture comme plateforme ! Il n’y a pas à tergiverser c’est magnifique et c’’est vraiment du grand art.
 



A n'en point douter, la réalisation est le point (avalanche de jeux de mot) fort de ce titre et durant toute la partie, il est clair (comme la fermeture) que le joueur aura maintes occasions de s'extasier devant les  idées souvent folles et poétiques des développeurs notamment à chaque déblocage de niveau donnant lieu à de magnifiques séquences animées… La forme est d‘autant plus réussie qu'elle est soutenue par une bande son admirable reprenant des thèmes classiques des épisodes de Kirby et en en créant de nouveaux exceptionnels (comme dans le niveau de la neige par exemple) qui font parfois références à d'autres titres (comme Yoshi's Story ou Kid Icarus...)


Le fil à retordre...


Alors évidemment, certains pourront reprocher au jeu, une construction on ne peut plus classique avec sa poignée de niveaux et son boss de fin dans chaque monde dans lequel on retrouve en plus des thèmes et des ambiances maintes fois vu ailleurs comme la montagne enneigée, le désert aride, la jungle, le volcan... Certains mécanismes et situations peuvent aussi avoir un air de déjà joué (comme lorsque Kirby est sous l'eau poursuivi par un poisson géant ou lorsqu'il monte sur la tête d'un dinosaure pour traverser un lac...)


Mais le jeu fourmille aussi de nombreuses idées novatrices et développe aussi son propre univers engendrant ses propres mécanismes et situations de jeu. Il y a donc tout autant de nouveautés (et peut-être même plus) que d'emprunts. Il faut dire que le jeu est tellement riche qu'on ne s'en rend pas compte immédiatement tant une scène en chasse une autre et qu'à peine on s'extasie sur un mécanisme que déjà on en découvre un autre. Littéralement le jeu déborde de phases de jeux différentes et les niveaux s'enchaînent à un rythme effréné.


On ne s'ennuie donc jamais dans ce Kirby car on ne fait jamais la même chose d’un niveau à l’autre et que parfois même les niveaux se transforment en cours de route, en devenant, par exemple, des pistes de course de Kart ou des jeux d'arcade ! C’est donc un vrai plaisir de gamer surtout que les commandes sont simples (mais néanmoins subtiles) et répondent parfaitement.


Fil de pull 


Dès le début du jeu, Kirby s'aperçoit que dans le royaume de la Courtepointe, il ne peut plus avaler ses ennemis comme auparavant... Un choix de gameplay osé (rappelant celui du "Pinceau du pouvoir" sur Nds) qui pouvait laisser craindre une aseptisation du personnage car à quoi bon faire un jeu Kirby, si Kirby n'est plus Kirby ? Cependant notre bouboule rose n'a pas vraiment perdu au change et en réalité les développeurs ont réussi à dépoussiérer le gameplay de Kirby sans pour autant toucher aux fondamentaux, à savoir les transformations. Kirby peut donc toujours se transformer sauf que désormais il n'a plus besoin d'ingérer qui que ce soit ! Il se transforme en fonction des situations et des environnements, d'une simple pression sur un bouton ou automatiquement. Ainsi s'il chute dans le vide, il se transforme en parachute en appuyant sur A (pour planer), dans l'eau il devient un sous-marin, s'il veut écrabouiller ses ennemis ou ouvrir un passage au sol, une attaque-charge et houla-oup barbatruc, il prend la forme d'une enclume et s'il y a urgence et qu'il veut speeder, on appuie deux fois rapidement sur la croix, et il se change alors en voiture de course…  C’est d'ailleurs la seule transformation un peu délicate à sortir (à moins d’utiliser le stick) Sinon, un peu comme dans "Earthworm Jim", Kirby peut aussi se servir de son corps en laine comme d'un fouet pour attraper et lancer ses ennemis ou encore pour se balancer d'un point à un autre. 

Durant tout le jeu, d'autres transformations (plus ponctuelles) attendent notre boule rose… Des transformations parfois « hénaurmes » mais le mieux sera pour le joueur de les découvrir manettes en main...  Mais ce n’est pas tout car à dire vrai,  contrairement au jeu Wii, les développeurs ont un peu chamboulé le gameplay du jeu en ajoutant des coiffes spéciales nommées pelotes de Tricotalent qui, quelque part, permettent de retrouver les transformations « classiques » de Kirby.  Ces pelotes sont données à certains endroits des niveaux et permettent notamment à Kirby de se battre avec une épée, de lancer des bombes ou encore de se transformer en tornade. Comme les pouvoirs dans les jeux "Kirby classiques" Kirby ne peut prendre qu’un Tricotalent à la fois qu’il peut rejeter ou perdre au moindre contact avec un ennemi. Il a alors quelques secondes pour tenter de le rattraper avant que le Tricotalent ne disparaisse…

Contrairement à ce que l’on pouvait craindre, ces coiffes ne dénaturent finalement pas le gameplay de base du jeu et au contraire s’y intègrent plutôt bien sachant qu’avec les amiibo Kirby, il est possible d’en invoquer à tout moment (et qu'à chaque amiibo correspond son propre Tricotalent.)



Les Nerds en pelote
 

Cependant, soyons clair : à première vue, le jeu n'est franchement pas difficile et peut même sembler drôlement facile. Et c'est vrai que même un non-joueur pourra plier le jeu en moins de deux. Les développeurs ont fait le choix de quasiment bannir le "game over" au profit d'un système de point et de bonus à ramasser. Le jeu n'en est que plus agréable à jouer même si à cause de cela, certains joueurs pourront se sentir frustrés de découvrir la fin après seulement cinq heures de jeu... Ce qui est vraiment court, il faut l'avouer! 

Pourtant, comme bon nombre de jeux de plateforme Nintendo, Kirby est bien plus riche qu'il n'en a l'air au premier abord et si on peut effectivement terrasser assez vite le boss de fin (et lui mettre gentiment la pâté en moins de temps qu’il n’en faut pour écrire califourchon) en réalité, le joueur n'aura découvert à ce moment-là que 50% du jeu ! C'est à dire qu'il lui restera encore des tas de niveaux à découvrir et certains très, très, très originaux…


Prêt à en découdre

Le système mis en place dans Kirby au fil de la Grande Aventure est d'ailleurs très original puisque c'est la façon dont on va jouer qui va déterminer le niveau de difficulté du jeu ! Quelque part, le système n'est pas sans rappeler celui des anneaux de Sonic- en beaucoup moins agressif, Kirby étant quasiment IMMORTEL! Dans chaque niveau, Kirby doit ramasser des rubis et des perles, et plus il en amasse, plus il remplit une jauge qui à la fin détermine la couleur de la médaille qu'il reçoit (bronze, argent, or) ce qui lui permet d'accéder à de nouvelles zones. Le problème c'est qu'au moindre faux pas ou contact avec un ennemi, tout le butin amassé dans le niveau s'éparpille sur le sol et le joueur n'a que quelques secondes pour tout ramasser... Il faut donc éviter de se faire toucher et c'est là que ça se corse notamment face aux boss (qui possèdent la clé secrète des niveaux "bonus") car si on peut les battre assez facilement (bien qu'ils soient tous très originaux et délirants) il est souvent très difficile d'éviter ne serait-ce qu'un seul contact... Ainsi, les gamers auront à cœur d’essayer de ne pas se faire toucher une seule fois tout en recherchant les trois bonus cachés dans chaque niveau  tandis que les joueurs moins chevronnés apprécieront simplement l’aventure quitte à finir les niveaux les poches vides.

Un patchwork d'idées et d'invention

Kirby au fil de la grande aventure est donc un jeu qui célèbre l’école Nintendo dans toute sa splendeur, en permettant à tous les joueurs de s’amuser quel que soit leur niveau. Pour autant, un mode diabolique a été ajouté à cette version portable pour corser un peu cette « grande aventure ». Dans ce mode, Kirby traverse les mêmes niveaux et doit toujours amasser des rubis et des perles mais il doit subir les attaques permanentes de « diables »… De plus Kirby dispose d’une barre de vie et peut donc trépasser… Pour le coup, ce n'est plus l'école Nintendo et c'est un mode un peu agaçant qu'on réservera aux masos qui aiment toujours râler que les jeux Nintendo sont trop faciles et qui de toute façon n'y jouent pas (oui, il y a une contradiction, là dedans.)


Sur Wii, le jeu ne proposait que peu d’a-côtés si ce n’est la possibilité de décorer sa maison mais aussi celles de ses voisins en achetant ou en récupérant ici et là différents objets.  Un petit jeu dans le jeu (cachant d’autres mini-jeux) qui est toujours présent avec, désormais, la possibilité de partager ses œuvres via StreetPass. Comme en 2011, c'est un mode qui pourra toujours amuser certains même s’il est très éloigné du jeu de base et qu’il ne plaira donc pas à tous les joueurs qui n'y verront pas une motivation débordante pour continuer à jouer encore et encore...

Heureusement la version 3DS innove en ajoutant deux nouveaux mini-jeux qui permettent de diriger le Roi DaDiDou et Meta-Knight en version fil de laine. Dans DaDiDou Déboule, on dirige le roi à toute vitesse dans différents niveaux, le but étant d’atteindre l’arrivée avec un maximum de pièces. Tandis que dans Meta Knight Taillade, on dirige le chevalier et le but est de terminer les niveaux en ayant éliminé un maximum d’ennemis… Des petits ajouts très sympathiques même si on aurait préféré découvrir de nouveaux mondes et que, là encore,  il ne faut pas s’attendre à passer des heures dessus surtout qu'ils se jouent seuls… C’est d‘ailleurs l’un des points noirs de cette nouvelle édition de Kirby au Fil de l’aventure. Contrairement au jeu Wii, le jeu 3DS ne propose pas de mode deux joueurs. Il est donc impossible de faire l’aventure à deux (avec deux consoles) ce qui est fort dommage… Là encore, on ne peut que regretter le choix de n'avoir pas aussi porté le titre sur Nintendo Switch...


De fil en aiguille


En résumé, Kirby est un jeu renversant de beauté et adorable sur tous les points même si le choix de la 3DS/2DS comme nouvelle plateforme n'est pas forcément le plus pertinent alors que la Nintendo Switch cartonne désormais partout dans le monde- surtout pour mettre de côté l'effet 3D. C'est d'autant plus regrettable qu'outre l'impact visuel, le jeu perd aussi son mode deux joueurs en coopération. En contrepartie, le jeu gagne quelques mini jeux sympathiques mais c'est clair que le jeu se retrouve un peu à l'étroit sur la petite console portable. Cependant, si vous avez une âme d’enfant (ou que vous en êtes un) vous ne pourrez que fondre devant tant d'originalité et de fraîcheur. Le jeu renferme en effet une quantité phénoménale d'idées et d'inventions délirantes et c'est un pur bonheur de découvrir comment chaque univers et chaque niveau ont été "confectionnés"... 

Alors certes, certains reprocheront à coup sûr au jeu sa trop grande facilité même si les développeurs ont fait le choix de rendre le jeu agréable à jouer pour tous et que comme d’habitude avec Nintendo, pour les gamers purs et durs, une fois arrivés à la fin (une première fois), le jeu sortira ses griffes (limées et vernies en rose cependant) sachant qu'il leur restera autant de niveaux à découvrir que de niveaux déjà parcourus- même si ce sont tous des niveaux "spécial transformation", un peu différents des niveaux "normaux" (sans même parler de la présence d'un mode "diabolique".) 

8
Adorable et bourré de trouvailles, agrémenté d'un gameplay tiré à quatre épingles et de quelques nouveautés, Kirby : Au Fil de la Grande Aventure est un jeu qui a été tricoté avec amour et il tiendra chaud au cœur de tous les joueurs.

  • Univers adorable 
  • Magnifique réalisation
  • Gameplay solide
  • Une idée toutes les trois secondes 
  • L’ajout des Tricotalents
  • Les Boss délirants 
  • Visuels amoindris sur 3DS
  • Surtout sans 3D auto-stéréoscopique
  • Très court en ligne droite... 
  • Une impression de grande facilité...
  • Pourquoi pas sur Switch ? 
  • Plus de mode deux joueurs
  • Faut aimer le rose et les pulls en mohair