A l'image de la Wii proposant près de 25 ans de gros classiques des générations passées, la 3DS démarre lentement sa propre rétrospective grâce à l'eShop. En plus de proposer des jeux qui ont marqué les joueurs de l'époque, Nintendo se permet d'appliquer un léger lifting 3D à quelques élus tels Excitebike ou encore Kirby's Adventure. Alors quand on sait que le prochain hit à paraître sur la console se nomme Kid Icarus : Uprising, Nintendo n'a d'autres choix que de proposer la genèse de la licence légèrement remanié pour l'occasion, histoire de préparer le terrain à la descendance.
Alors que tout allait pour le mieux dans le Royaume des Anges, la vile Médusa se mit en tête de faire tomber la Déesse de la Lumière, Palutena, et de s'approprier ses terres (ou plutôt ses airs). Tous les anges se firent transformer en pierre par la damnée et un jeune ange nommé Pit fut emprisonné dans les Enfers. De ses dernières forces, Palutena envoya au pauvre rescapé un arc lui permettant de pourfendre l'ennemi. Ainsi débute la longue fresque du petit ange, du plus profond des abîmes jusqu'aux cieux dorés, en récupérant sur son passage l'aile de Pégase, le bouclier miroir et la flèche de lumière qui lui permettront de mettre un terme à l'existence de son ennemi juré. Tel est l'aventure que Nintendo nous a fait découvrir il y a déjà 25 ans, et aujourd'hui la firme aimerait nous la faire redécouvrir dans une version légèrement modifiée. Faisant partie de la fameuse gamme 3D Classics, Kid Icarus se permet non seulement l'ajout du fameux effet 3D mais également des arrières plans aux décors dignes de ce nom, alors que la version d'origine nous offrait un ciel monochrome peu aguicheur. Ce petit plus permet à cette nouvelle édition un réel gain au niveau de son ambiance et de son univers mais également de mieux comprendre où en est Pit dans son aventure. Pour le reste, rien n'a été modifié et les sprites 8-bits de la NES nous accompagneront gaiement à travers le jeu. Pour en revenir au fameux effet 3D, celui-ci est vraiment anecdotique et les effets de profondeurs sont bien trop rares et peu prononcés pour s'attirer la faveur des joueurs. La bande originale ne sera, contrairement à son nom, pas non plus originale puisque nous retrouverons les bonnes sonorités d'antan qui feront vibrer le coeur des nostalgiques et casseront les oreilles des plus jeunes. Quoiqu'il en soit, les compositions du jeu restent de qualité, notamment pour le thème principal que l'on a pu entendre plus récemment dans Super Smash bros. Brawl et que l'on entendra très certainement dans le futur épisode de la série. Côté bruitages, c'est mignon et peu dérangeant.
Maintenant il serait temps de s'attaquer au gros du jeu, son gameplay. Kid Icarus, contrairement à d'autres grandes licences de la firme, n'a pas été apprécié de toute la presse à l'époque de sa sortie. Il est vrai que si le jeune Pit pioche allègrement dans le tiroir de ses frères, Mario pour le côté plateforme, Link pour l'évolution du personnage et enfin Samus pour toute la partie shoot, le jeu ne propose que rarement des idées qui lui sont propres et encore moins de moments d'anthologie, il n'essaye même pas de magnifier les idées reprises. On s'en tiendra à avancer dans les niveaux (qui ont quand même la particularité d'être horizontaux mais également verticaux), étant assez retorses au départ pour s'adoucir étrangement par la suite (la logique de la difficulté inversée). Le shoot d'ennemis est bien fait et exigeant, chacun ayant ses propres caractéristiques pour plus de surprises (souvent mauvaises pour le joueur). Notons également que des donjons viendront diversifier l'aventure (Zelda, m'entends-tu ?) mais ces derniers sont loin d'être aussi agréables à parcourir que ceux de la princesse. Labyrinthiques à souhait, sans ligne directrice et enchaînant les salles bourrées de monstres juste pour empêcher le joueur de le terminer trop rapidement, ils finiront vite en calvaire à chaque fois que l'on aura à en traverser un. Petite note intéressante néanmoins, des anges figés se trouvent dans ces fameux endroits . Ces derniers pourront être délivrés de leurs enveloppes de pierre grâce à des marteaux que vous trouverez plus ou moins facilement tout au long de votre aventure. Ces compagnons auront la particularité de vous venir en aide contre les boss qui concluent chaque donjon et qui peuvent également devenir retorses, la faute à une résistance trop importante. Une fois le monstre défait, la barre de vie de notre petit ange s'allongera pour le plus grand plaisir des joueurs. Heureusement, pour plus de facilité, l'univers de Kid Icarus regorge de portes vous emmenant soit vers des marchands qui vous vendront (ou vous arnaqueront) des objets plus ou moins utiles, soit vers des entraînements avec upgrade à la clé (meilleures flèches, arc plus puissant etc.), vers des salles remplies de monstres (utiles car chaque monstre tué lâche un coeur, monnaie du jeu) ou un jeu de hasard où Pit devra casser des pots en espérant n'obtenir que du bonus.
Kid Icarus, plutôt décrié à son époque malgré son statut de jeu culte aujourd'hui, a-t-il assez d'intérêt de nos jours pour donner à Nintendo la coquette somme de 6 euros ? Difficile de répondre à cette question mais avec une durée de vie d'à peine plus de 2 heures, des niveaux sans réelle créativité (on ne s'attardera pas sur l'ultime stage en shoot'em, dénué d'adrénaline et mal calibré) et des donjons prises de têtes, il est difficile de se jeter aveuglément dessus. Et malgré tout, un charme mystérieux s'empare de nous durant notre aventure aux côtés de Pit, la magie Nintendo semble opérer et nous fait garder un bon souvenir malgré les aspects un peu mitigés du titre. A réserver à l'élite donc, ou aux joueurs avides de connaître toute la richesse culturelle du Nintendo d'antan.