Philippe Bozoin #9

Résumé de l'épisode précédent : Philippe s'est fait cambrioler.

Il n'en revenait pas, c'était à peine croyable. Son cœur était comme arrêté. En réalité, il l'était vraiment. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il tomba dans les pommes.
Quand il se réveilla enfin, il se rendormit.
Quand il se re-réveilla, il aperçut un autre corps. Un autre corps allongé tout près de lui...

" Oh, déjà debout? On peut-dire que vous-avez vraiment de la chance !
- Vraiment?
- Vraiment ! D'habitude, la plupart des patients ne s'en sortent jamais ! Alors que vous, vous vous êtes tout de suite réveillé.
- Comment ça, je suis tombé dans le coma?
- Non non, vous n'y êtes pas ! Vous êtes tombé dans les pommes. Une fois j'avais un oncle, il était agriculteur. Un jour qu'il récoltait des pommes, il est tombé dedans, et il s'est étouffé. Paix à son âme.
- Oh c'est terrible ! Et c'est qui ce monsieur à côté?
- Et bien c'est lui, c'est mon oncle !
- Ah d'accord. Il a plutôt bonne mine, ne perdez pas espoir.
- Oui c'est vrai, ma femme a fait du bon boulot !
- Votre femme? Je comprends pas...
- Et oui, depuis toute petite déjà elle aimait à empailler ses animaux domestiques avant qu'ils ne meurent. Elle disait qu'ils seraient vivant pour toujours comme cela. Mais j'ai bien remarqué moi qu'ils mourraient avant qu'elle ait totalement fini de leur enlever la peau... Pauvres bêtes vas !
- Oh, c'est vrai que c'est triste, mais au moins il n'a pas du souffrir.
- Oui, pas comme mon père.
- Oh oui?
- Oh oui ! Il souffrait d'un cancer, et ma femme tenait absolument à garder papa en vie.
- Ah d'accord. Et qu'est-ce que je fais là au juste?
- Hein? Oh tiens, bonne question.
- ...
- ...
- Bon ben au revoir.
- Oui c'est ça, au revoir. "

Décidément, ce monde était bien fou pensa ce pauvre Philippe. Bon, première chose à faire, se rendre au commissariat et porter plainte. Philippe entreprit de prendre un taxi pour parvenir à destination plus rapidement. 20 minutes plus tard, le voila arrivé.

" Très bien, ça fera 68€.
- Oh dites donc, on peut pas dire que vous demandez pas beaucoup hein?
- Non.
- Et oui, je viens de dire que c'était cher !
- Oui j'ai compris.
- Oh... vous pouvez pas me faire de prix d'ami?
- Assurément non.
- Bon très bien. Philippe fouilla dans ses poches avant de comprendre qu'il n'était pas muni de son portefeuille. Ahah, vous allez rire, j'ai oublié mon argent !
- Ahahah ! "

5 Minutes plus tard, Philippe rentrait dans le commissariat, à demi-nu.

" Bonjour monsieur, que puis-je faire pour vous?
- Oh et bien, je voudrais porter plainte.
- Oui très bien. Vol d'habits je présume? Salle N°7118, sur votre gauche.
- Non non, vol de sardine.
- A l'huile ou au vinaigre?
- De compagnie.
- Oh. Ok. Attendez quelques instants je vous prie. Hum... ahah... oh? non. hé?! bof. quoi?? Voila, salle N°14 692, sur votre droite.
- Merci, au revoir.
- Ah et au fait, n'oubliez pas de frapper un nombre impair de fois et aussi, surtout de bien... "

Mais il était trop tard, Philippe était déjà bien trop avancé dans le couloir pour entendre quoi que ce soit. Quelques heures plus tard (7 pour être exact, mais Philippe ne pouvait pas le deviner, démuni de sa montre qu'il avait gagné dans le numéro HS de Destination Sardine), il se trouva enfin devant une porte marquée 14 692. Philippe frappa deux fois. La porte ne s'ouvrit pas. Il frappa deux autres fois. Toujours rien. Une autre fois : rien. Ayant attrapé froid dans ce couloir non chauffé, Philippe ne put laisser échapper un éternuement tonitruent. La porte s'ouvrit enfin. Une fois à l'intérieur, Philippe eut bien du mal à s'imaginer dans un commissariat. On se serait plutôt cru dans une sorte de gendarmerie. D'ailleurs, un autochtone l'interpella :

" Quelque chose qui ne va pas?
- Non rien, j'ai cru que je m'étais trompé d'endroit.
- Vous êtes bien venu déclarer le vol d'une sardine de compagnie?
- Oui tout à fait, je suis Philippe.
- Alors vous êtes bien au bon endroit. On va procéder de cette façon : je vais vous poser une question, vous allez y répondre, puis je vous en poserai une autre, et vous devrez à nouveau me répondre, et ainsi desuite... Est-ce bien clair.
- Ouais, un interrogatoire quoi.
- Non pas du tout, cela n'a rien à voir. Un interrogatoire sous-entendrait que vous soyez un accusé, hors vous êtes bien la victime, je me trompe?
- Non.
- Donc il s'agit d'un question-réponse. Bien, je commence. Quelle heure est-il?
- Ah ça, je n'en ai pas la moindre idée, je me suis fait voler ma montre, que j'avais d'ailleurs gagnée dans un concours du numéro HS de Destination Sardine ! C'était un modèle collector à écran cristaux solides. Mais de toute façon, elle était détraquée, elle revenait à zéro toutes les 24 heures...
- Voyez vous-ça ! Je viens justement de voler une montre du même type à un client -je suis aussi chauffeur de taxi à mes heures perdues, voyez vous, on peut dire que je ne croule pas sous les plaintes de vol de sardines domestiques- qui n'avait pas de quoi payer sa course. C'est un monde tout de même.
- A qui le dites vous...
- A vous.
- Ah d'accord.
- Bien, je continue. Selon vous, vaut-il mieux tromper sa femme ou violer son chat?
- Mais...
- Slip ou caleçon?
- Je...
- Pepsi ou Coca?
- ne
- Blanc ou noir?
- vois
- Bien ou mal?
- pas
- Café ou thé?
- où
- Tongs ou claquettes?
- vous
- Mayonnaise ou ketchup?
- voulez
- Dentifrice ou margarine?
- en
- Pile ou face?
- venir !
- Je réalise juste un portrait psychologique de votre personne pour savoir à qui j'ai réellement à faire. Vous savez, on n'est jamais sûr de savoir à qui on a à faire de nos jours.
- Oh je comprends. Violer son chat, slip, pepsi, blanc, bien, café, tongs, dentifrice et face.
- Vous avez oublié mayonnaise ou ketchup.
- Mayonnaise.
- Bon très bien. Le temps que je traite les les informations, je vous demande de repasser dans une semaine pour porter votre plainte.
- Oh très bien, je peux attendre dans le couloir?
- C'est entendu, un waggon restaurant passera toutes les 6 heures. A dans une semaine Philippe.
- Mais comment connaissez vous mon nom?
- Vous me l'avez dit tout à l'heure. "

Une semaine plus tard, Philippe retourna à la salle 14 692 déposer sa plainte.

" Ah, rebonjour.
- Rebonjour.
- J'ai vos résultats, et devinez quoi?
- Je suis accepté à l'ENA??
- Non, vous êtes un zoophile mal dans son slip qui boit bien son pepsi dans son café blanc en tongs avant de nettoyer votre face avec du dentifrice.
- Oui c'est exact.
- Bien, venons en donc aux faits.
- Alors c'était il y a huit jour.
- Hun hun.
- Tout d'abord, une femme est venu m'accoster, elle voulait m'épouser, et j'ai refusé.
- Hun hun.
- Heu ensuite, je suis rentré chez moi, et ma sardine n'était plus là.
- Hun hun.
- Et c'est tout. Oh, mon pauvre Philipe... J'espère qu'elle ne t'a pas fait de mal !
- Oh tiens c'est marrant ça !
- QUOI?
- Votre sardine, elle s'appelle comme vous.
- Ah bon?
- Vous vous appelez bien Philippe?
- Ah ben oui, que j'suis bête !
- Bon, rendons nous sur les lieux du crimes. "

*vue d'hélicoptère où on voit une voiture noire qui roule à toute allure sur une route à travers champs, comme dans les films américains*

Bruit de portières qui s'ouvrent. Bruit de gars qui tombe par terre. Bruit de gars qui se relève. Bruit de rire idiot. Bruit de portière qui se referme. Bruits de pas. Bruit de porte qui s'ouvre. Bruit d'étonnement.

" Philipe !! Mais tu es toujours là ! "

Philippe se précipite sur sa sardine pour l'embrasser avant de se rendre compte que sa tête était trop grosse pour passer dans le bocal. Ou que le bocal était trop petit pour que sa tête puisse passer, ça revient au même. Mais cela lui suffit pour se rendre compte que ce n'était pas Philipe. Philipe n'avait pas de cures-dents qui traversaient son corps.

" Et bien monsieur, on dirait que tout est rentré dans l'ordre !
- Mais non, vous ne comprenez pas, ce n'est pas Philipe !
- Et bien de toutes évidence, vous ne le retrouverez jamais votre Philipe ! En 30 ans de carrière, je n'ai jamais retrouvé une seule sardine bon sang de bois ! Alors plutôt que de vivre dans le fantôme du passé, trouvez vous un nouvel ami ! Mes honoraires seront automatiquement débités sur votre compte. Adieu ! "

Et voila, retour à la case départ... Philippe venait de perdre un temps précieux, à l'heure qu'il était, Philipe s'était peut-être déjà noyé dans son bocal ! Ah non, les sardines respirent sous l'eau, mais qui sait... qui sait?