Nintendo Switch

Travis Strikes Again : No More Heroes

Test Switch

Travis Strikes Again : No More Heroes

Par rifraff - Le 16/01/2019 à 15:24

Travis Strikes Again : No More Heroes est l'un des premiers "gros" titres de la Nintendo Switch en 2019. Réalisé par Suda 51, le jeu nous permet de retrouver Travis Touchdown, le tueur à gages au sabre laser, cool et nonchalant, qui a fait le bonheur et la fierté des possesseurs de Wii avec les deux premiers No More Heroes. Il se présente comme une petite friandise en attendant No More Heroes 3... Alors le jeu est-il aussi déglingué que les titres précédents et faut-il l'acheter- sachant que Suda 51, son papa, a prévenu que No More Heroes 3 était conditionné à son succès !? Réponse dans notre test express ci-dessous.

Travis dans le rétro

 Prenant suite sept ans après les événements se déroulant dans le premier opus,  Travis Strikes Again : No More Heroes, qui est en fait un spin-off, commence par un combat opposant Travis à Bad Man, un "méchant" qui veut venger la mort de sa fille (dégommée par Travis précédemment)... Au cours de leur affrontement, un événement inattendu survient et les deux hommes se retrouvent aspirés dans une console maudite où pour survivre,  il vont devoir triompher des pièges, des ennemis et des boss de jeux, plus ou moins inspirés ouvertement de classiques de l'arcade- voir plus de détails sur l'histoire ICI ! A partir de là,  le joueur est censé découvrir (au moins) six"petits" jeux au style, aux règles et aux gameplay différents... Malheureusement à l'arrivée, autant être direct, malgré des références à foison à la culture jeux vidéo et des répliques totalement barrées, bien dans l'esprit des productions de Suda 51, on ne peut qu'être déçu  par le résultat final totalement foutraque, répétitif et traînant en longueur.

Il y a six jeux mais aucun des six ne parvient réellement à se distinguer. Ils sont parfois très longs, parfois très courts et surtout ils se ressemblent tous énormément malgré quelques bonnes idées (et des références amusantes.) Et quand l'un des jeux tentent de sortir des chemins balisés,dans le fond on retrouve les mêmes mécanismes. Avec un tel concept, on pensait retrouver Travis dans des univers et des environnements totalement différents d'un "mini jeu" à l'autre mais finalement, même quand l'emballage change un peu, on se retrouve immanquablement à faire la même chose.. Et ce qui nous avait paru prometteur dans notre preview se ratatine totalement dans le jeu final tant il  ne se renouvelle jamais, se contentant  de décliner son concept de base et surtout de dupliquer les séquences d'action,  les ennemis et les boss à l'infini. 

Un gameplay simple mais efficace

Si seulement le jeu cultivait une identité visuelle intéressante. Malheureusement, graphiquement c'est très pauvre et bien loin du premier No More Heroes sorti sur Wii. Le style graphique est certes là mais les décors sont tellement pauvres que tout devient moche. On nous dira sûrement que c'est fait exprès- et on fera gentiment semblant de le croire mais le jeu manque clairement de panache.  Heureusement qu'il est emballé par un second degré ravageur et surtout par l'amour sincère de Suda 51 pour les jeux rétro ce qui lui sauve la mise et nous incite à jouer jusqu'à la fin pour découvrir tous les délires du jeu. C'est ce côté là qui pourra d'ailleurs plaire à certains et même leur faire adorer le jeu ! Travis Strikes Again cache d'ailleurs des cinématiques très diverses (à commencer par la première, magnifique)  qui sont, sûrement, ce qu'il y a de mieux dans le jeu : dessin animés des années 80, intro façon Ps One ou encore film d'horreur direct-to-vidéo des années 90. On voit bien où est parti une partie du budget du jeu ! Parmi les bons points à retenir, il faut noter aussi une bande son façon chiptune qui à l'image du jeu, est certes inégale,mais comporte malgré tout quelques bons moments épiques et savoureux. Du côté du gameplay, il n'y a pas grand chose à dire ni à redire. Dans les séquences d'action pure, on dirige Travis (et/ou Bad man) au stick et on jongle entre deux boutons d'attaques (normale et forte), un bouton de saut (que l'on peut combiner avec les deux autres pour des attaques encore plus fortes) et un autre pour faire une roulade. Il y a sinon quatre attaques spéciales plus ou moins faciles à placer  que l'on déclenche en gardant appuyé une gâchette, sachant que ces attaques doivent se régénérer après chaque utilisation. Le jeu est simple à prendre en main et ça fonctionne plutôt bien. Comme à l'époque de la Wii, Suda 51 a résisté aux charmes du motion-gaming, préférant un gameplay "classique". 

Cependant, comme dans les deux titres Wii, si Travis attaque avec son sabre laser en appuyant sur les boutons X et Y,  pour le recharger, il faut secouer comme un dingue son... Joy-Con (ce qui est normal pour un bran***r comme Travis !) Quant aux sauvegardes, on ne change pas les bonnes habitudes : Travis prend rendez-vous avec lui même ou pour être plus précis, il va chi... aux toilettes.  Le jeu inclut sinon un système de progression classique et la possibilité de personnaliser son schéma d'attaques spéciales (en fonction de celles que l'on a obtenu dans le jeu.) Malgré cela, il y a peu de marges de manœuvre et l'on se retrouve assez vite à marteler son bouton d'attaque tout en vidant ses attaques spéciales dès qu'on le peut.

Une difficulté mal calibrée

Le jeu propose différents degrés de difficulté afin de convenir à tous les joueurs. Cependant, même les plus aguerris pourront être tentés de choisir le niveau de difficulté le plus bas tant le titre a tendance à en rajouter sur les nuées d'ennemis se succédant sans fin. En effet, passer trois heures pour dégommer le plus petit ennemi en mode "salé" (c'est à dire en mode de base) peut vite lasser et devenir pénible, surtout quant il y en a des dizaines et des dizaines qui se succèdent. Alors qu'en mode sucré (mode facile), on peut d'un ou de quelques coups de sabre par ennemi, facilement abréger si ce n'est leurs souffrances tout du moins les nôtres, - et on est pas venu là pour souffrir, ok ?  D'ailleurs si vous voulez vraiment donner une chance au jeu, c'est vraiment notre conseil : jouez en sucré plutôt qu'en salé ! Il est vrai aussi que parfois (en fonction des jeux) les points de sauvegarde sont assez espacés et que même après avoir battu un mini boss, il faut parfois enchaîner avec de nombreuses séquences d'action avant de pouvoir sauvegarder. Devoir recommencer plusieurs fois d'affilé de très longues séquences d'action répétitive est assez décourageant à la longue...

A deux, c'est toujours mieux

On conseillera aussi aux téméraires de jouer au titre à deux ce qui le rend plus agréable et évite des game over obligeant de recommencer un long niveau depuis le début. A deux, c'est vraiment mieux ! L'un dirige alors Travis, l'autre Bad Man, chacun jouant soit avec un Joy-Con ou chacun avec deux Joy-Con ou encore avec une ou deux manettes Switch pro. 

Evidemment, le jeu se joue en mode télé mais aussi en mode portable et sur table. Seulement, le titre ne semble pas avoir été pensé pour cela tant certains jeux mettent en scène des sprites minuscules difficiles à voir sur  un petit écran (surtout avec un écran de jeu en 4/3 comme à la grande époque !)

Les petits jeux de Travis Strikes Again : No More Heroes sont donc assez décevants car trop identiques ou trop abstraits- la course de moto par exemple est affreusement feignante. Heureusement le titre se rattrape avec quelques séquences bien déjantées (dont quelques combats de boss) et surtout l'univers et l'humour totalement foutraque de Suda 51. Certains dialogues sont d'ailleurs tout simplement à mourir de rire. On voit que Suda 51 s'est fait plaisir et le jeu est rempli de références aussi bien à Zelda qu'à Terminator qu'à des centaines de titres indépendants dont certains inconnus du grand public. Le jeu propose d'ailleurs de collectionner des dizaines de T-Shirt siglés The Messenger, Hollow Knight,  SteamWorld Dig 2 et tout un tas de titres indies qui feront le bonheur des aficionados. Étonnamment, le jeu fait aussi des dizaines d'appel du pied, ou plutôt de références à l'Unreal Engine dont on retrouve le logo partout et dont même les personnages vantent les mérites !

Un mode aventure old school

Sinon, en plus des "mini" jeux, le titre inclut un mode Aventure... Un vrai plus sauf que, attention ! Ne croyez pas retrouver la magie des deux No More Heroes car, en fait, il s'agit d'une sorte de... vaste blague ! Une longue séquence ou il n'y a quasi rien à faire et qui est, encore une fois, un délire de Suda 51 et un hommage aux jeux d'aventure textuels des années 80... C'est d'ailleurs plutôt marrant sauf que la blague dure parfois des plombes (même si le jeu s'en amuse !) C'est regrettable car, encore une fois ces petites séquences cachent des moments et des dialogues furieusement drôles (mais encore faut-il prendre la peine de les lire et ne pas piquer du nez devant !)

Vous aimerez... Ou vous détesterez  !

Travis Strikes Again : No More Heroes n'est pas un mauvais jeu, loin de là, et si tant est que vous soyez sensible à toutes les références et à l'humour potache de Suda 51, vous pourriez même passer un très bon moment- surtout en y jouant à deux. Il est juste dommage que le titre soit si inégal, répétitif et mal équilibré dans son gameplay comme dans sa difficulté. On tourne parfois en rond et il arrive qu'on se retrouve parfois coincé (dans un trou par exemple) sans pouvoir s'échapper autrement qu'en relançant la console- sans parler des bugs... Il faut tout de même noter, à son crédit, que le jeu est vendu à "petit prix" (29,99€) qui monte un peu si on ajoute son season pass puisque le jeu aura droit à deux packs DLC le 28 février et le 30 avril 2019.  (Pour plus de détails, rendez-vous ICI.n C'est un prix raisonnable pour ce "petit jeu" façon série B qui a au moins le mérite de nous donner furieusement envie de jouer à No More Heroes 3...

5.5
A l'arrivée, Travis Strikes Again : No More Heroes est un OVNI (un objet Vidéoluduque Non Identifié), un beat them all déjanté et paresseux jouable seul ou à deux qui comme un zapping propose de nombreuses séquences inégales parfois délirantes, souvent répétitives. Le jeu n'est pas très beau ni très passionnant mais réserve quelques moments bien barrés, bien dans l'esprit de son créateur Suda 51... Néanmoins, avec un tel concept, on aurait pu espérer beaucoup mieux de la part de Suda 51 qui se contente de se faire plaisir en espérant faire plaisir à quelques-uns d'entre nous. Reste un titre bourré d'humour et de références diverses qui rend hommage à la culture bis et aux titres indépendants avec beaucoup d'enthousiasme et de sincérité. Ainsi, Travis Strikes Again : No More Heroes est un titre à réservé aux fans de Travis et aux gamers acharnés et curieux. Travis Strikes Again : No More Heroes n'est pas un mauvais jeu, il a juste été développé comme ça.

  • Travis
  • Les cinématiques façon années 80/90
  • L'humour de dingue
  • Les nombreuses références à la culture bis
  • Meilleur à deux
  • Quelques bons passages bien délirants
  • Une bande son rétro réussie
  • Suda 51 est fou
  • Très répétitif
  • Brouillon
  • Par moment, franchement moche
  • Les phases de dialogue parfois interminables
  • En mode portable, l'action est parfois illisible
  • Des bugs obligeant de relancer le jeu
  • On veut No More Heroes 3