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La Rédac' se Lâche - Les jeux de filles, pour quoi faire ?

Par arnould_le_mou - Le 26/11/2012 à 13:59

La Rédac' se Lâche, c'est l'occasion pour un membre de l'équipe de Nintendo-Master de faire part de ses impressions sur l'actualité de la semaine, d'une anecdote ou bien tout simplement d'un sujet lui tenant à coeur. Nous vous donnons donc rendez-vous chaque semaine pour retrouver les pensées de la rédaction !


Le monde des jeux vidéos, au-delà même de Nintendo, est depuis longtemps orienté vers un public masculin, surtout. Avec l’amélioration de la technologie, les consoles ont pu rapidement donner un caractère sexué à ses personnages, ses décors, ses bandes-son etc.. Les éditeurs-trices et développeurs-euses pouvaient créer et afficher des ambiances dites genrées, (plutôt fifille, plutôt garçon) clairement identifiables par les joueurs-euses... mais aussi par les parents.

                                              

Comme pour les dessins-animés et les autres jouets, il s’est opéré une différenciation fille/garçon qu’il fallait à tout prix marquer, identifier pour permettre à la famille de s’y retrouver. Et cette différenciation nous la vivons pleinement depuis que les joueuses ont été identifiées comme une nouvelle cible de vente par les éditeurs-trices (c’est vrai, pourquoi se priver de 50% de la population). La classification des rayons de jeux vidéos dans les magasins se fait quasiment tout le temps par type de console, chose qui nous parait logique à nous les gamers-euses. On ne peut donc envisager un bon vieux et traditionnel rayon rose bonbon et un autre bleu marine comme il est de mise pour le reste du monde des jouets. 

Au défaut de calquer sur le modèle classique des rayonnages genrés, il n’y a qu’une toute petite marge de manoeuvre pour les éditeurs-trices de jeux dit pour filles : la jaquette. Il faut donc mettre le paquet pour faire sortir du «rayon» et attirer le regard des parents et surtout des joueuses sur ces jeux vidéos conçus rien que pour elles. Evoluant dans un monde des jouets où l’on sait directement où Paulette et Paul trouveront les jouets fait pour eux, chacun de leur coté, quoi de plus impensable qu’un seul et même rayonnage ! On a donc vu fleurir un panel de jeux vidéos, toutes consoles confondues, où les stéréotypes et clichés sur «c’est-quoi-que-les-filles-aiment» sont légions. Il y a eu les jeux barbies, que le Joueur Du Grenier a pu tester et où il a souligné, à sa manière, les nombreux stéréotypes sexistes. Plus récemment, on citera la pléiade des Léa Passion... sorties sur DS. Ce qu’on voit tout de suite avec ce type jeu vidéo, c’est la jaquette qui sent bon la rose et nous en met plein la tronche des trucs niaisons au possible et surtout en mode unicolore :

                               

Mais pour nous autres gamers-euses relativement expérimenté-e-s, nous savons bien que les personnes du sexe féminin (heureusement) ne se cantonnent pas aux jeux faits rien que pour elles. Usul dans une de ses émissions du 3615 met bien en valeur ce fait. Les jeux vidéos pour filles ont été calqués sur un modèle de représentation de la femme dans notre société. Ce modèle associe des valeurs à l’image de la femme : telles que la douceur, la beauté, la gentillesse, la faiblesse, la fragilité, l’amour, la passion, la rêverie, etc. pendant que l’homme est, lui, courageux, fort, viril, aventurier, etc. Des clichés bien connus, mais qui inspirent certain-e-s éditeurs-trices et certain-e-s développeurs-peuses, les aidant à se fixer des repères dans le monde de jeux vidéo. Les joueuses comme les joueurs s’éclatent tout autant sur les «autres» jeux vidéos (entendez par là, les jeux qui ne sont pas dit «faits pour les filles»). Personnellement, ma soeur me mettait de nombreuses raclés à Super Smash Bros. sur N64 et elle n’a nul besoin d’une catégorie de jeu fait pour elle et qui, de fait, sous-entend que tous les autres jeux ne sont pas pour elle. Mais certain-e-s diront que la majorité des jeux vidéos présentent aussi un caractère sexiste, qu’ils mettent les femmes à la marge en leur attribuant des rôles des personnalités pleines de clichés : la Princesse Peach, toujours enlevée, toujours sauvée par Mario... pour citer que cet exemple. Elles sont aussi des objets de fantasmes mettant en valeur un physique avantageux qui repose sur une image de la femme, elle aussi orientée. Certes, la grande majorité des jeux vidéos, toute console confondue, présente des caractères sexistes plus ou moins prononcés. Mais la solution pour remettre le genre féminin sur un pied d’égalité avec le genre masculin, de casser les stéréotypes clichés, est-elle de créer une catégorie de jeu pour fille ? Est-ce vraiment le bon chemin de mettre les filles, et donc les garçons, de coté ? On ne ferait alors que les mettre dans des cases bien connues du monde des jouets.

Arnould