Katsuya Eguchi : l'homme derrière la Nintendo Wii U

Loin de l’aura que peut avoir un Shigeru Miyamoto ou d’autres grands noms, Katsuya Eguchi est aujourd’hui une pièce maîtresse de la firme de Kyoto. Entré chez Nintendo en 1986 en tant que simple designer, il a travaillé sur de nombreux projets tels que Super Mario World, StarFox, Yoshi’s Story ou encore la série Wii Sports. Mais le travail d’Eguchi-san ne se limite pas à ces quelques titres puisque nous lui devons également la saga Animal Crossing ainsi que les mythiques niveaux du Super Mario Bros. 3.

Il se souvient d’ailleurs de ce tout premier travail sur SMB 3 et avoue même ne pas savoir qu’il travaillait sur un jeu aussi important.

Il a fini par devenir un très grand jeu mais ce n’est pas vraiment ce que j’avais à l’esprit quand j’ai commencé à travailler dessus. Mon travail consistait à dessiner les cartes des niveaux à la main. J’étais tellement concentré sur la création du jeu et trouver la manière de rendre ses mondes amusants que je ne savais pas encore que le jeu allait devenir si important. Je faisais ça plus par plaisir !

Aujourd’hui Manager de la branche EAD, Katsuya Eguchi s’est vu offrir d’énormes responsabilités ces dernières années puisque c’est en grande partie grâce à lui qu’est née une certaine Nintendo Wii U. Si la machine reste encore bien mystérieuse à nos yeux, il nous explique le pourquoi du comment elle a vu le jour. Aujourd’hui encore, beaucoup de joueurs estiment que la Wii première du nom était une console ratée, faible techniquement et donc a fortiori peu supporté par les tiers.

Katsuya Eguchi tente quant à lui de nous offrir une autre version de l’histoire.

Lorsque nous avons imaginé la Wii, nous nous sommes concentrés sur ce qui la rendrait vraiment différente aux yeux des joueurs. Notamment sur ces jeux qui apportaient une nouvelle façon de jouer sans forcement être trop compliqués car c'était un tout nouveau concept. Au même moment, les autres plates-formes se sont tournées vers la HD. C’était quelque chose de nouveau pour l’industrie et les développeurs se sont pris de passion pour cette nouvelle technologie. Du coup, il était difficile pour nous d’attirer de nombreux créateurs et leur demander de mettre toute leur énergie sur des jeux destinés à notre plate-forme alors qu’ils étaient déjà focalisés sur autre chose.

Depuis l’E3 2012, les choses ont changé. Nintendo ne souhaite plus faire cavalier seul et le constructeur a bien compris qu’il avait également besoin des gamers pour exister et imposer sa vision pixellisée. Nintendo a décidé de se connecter au monde online, rattraper son retard technologique et proposera même un pad spécial destiné aux amateurs de titres multi plates-formes.

Calqué sur la manette de Microsoft, le Wii U Pro Controller arrivera-t-il à reconquérir le cœur des éditeurs tiers ?

En proposant le Wii U Pro Controller, il sera plus facile d’attirer les jeux multi plates-formes sur notre système. La Wiimote ne proposait pas par exemple des sticks analogiques. Afin de rendre tout ça plus facile et histoire de profiter de certaines expériences multijoueur, il était important d’avoir le Pro Controller. Nous sommes tous des joueurs et nous nous intéressons également à ces « gamers ». Nous ne voulons pas qu’ils se sentent lésés et c’est pour cela que nous avons fait de grands progrès dans ce domaine.

Mais cela veut-il dire que Nintendo fait machine arrière ? Ce changement de politique est-il synonyme d’échec pour le géant nippon ? Pour Katsuya Eguchi il n’en est rien et Nintendo reste doit dans ses bottes, fidèle à ce qui a toujours fait son succès.

Depuis longtemps, Nintendo a toujours voulu créer du divertissement tout en surprenant les joueurs. La seule chose qui a changé est la taille de l’entreprise et la portée de ce que nous créons. Ce que nous souhaitons faire en tant que société reste inchangé : faire des produits de la vie quotidienne simples et agréables pour tous.

Cette année 2012 sera un tournant dans la carrière de Katsuya Eguchi. Si Nintendo rencontre le succès escompté, il ne fait aucun doute qu’il sera élevé au rang de divinité au sein de l’entreprise mais la prise de risques est bien réelle et ce n’est pas son dernier et déjà très critiqué bébé, l'énigmatique Nintendo Land, qui lui donnera des bases sereines.

Je suis un grand fan des petits parcs d’attractions, voire même les carnavals, ces parcs à thèmes à l’ancienne. Il y a dans Nintendo Land un peu de ces mondes miniatures dans lesquels on peut se plonger un court instant, se perdre dans le style et l’atmosphère de ce monde si particulier.