Nintendo Switch

Final Fantasy X/X-2 HD Remaster

Test Switch

Final Fantasy X/X-2 HD Remaster

Par Mimir - Le 14/12/2024 à 15:00

Mieux vaut tard que jamais. Un proverbe bien utile dans le cas de Final Fantasy X HD Remaster. Sorti sur Nintendo Switch le 16 avril 2019, ce J-RPG qui a su marquer en 2002 les joueurs PlayStation 2 a eu droit à un petit lifting entrepris depuis déjà plusieurs années. Car si la Switch est la dernière console, pour l’heure, à recevoir ce titre d’envergure, il a su s’illustrer en passant par à peu près toutes les autres machines concurrentes. Ainsi, pas de jaloux, tout le monde est servi et peut profiter d’un chef d’œuvre intemporel… Mais n’est-ce pas là le propre d’un chef d’œuvre, que de ne pas vieillir malgré le temps qui passe ?

*Note : Final Fantasy X-2 HD, inclus (en téléchargement) avec X premier du nom, n’a pas été testé et ne sera donc pas abordé dans ces lignes.

Otherworld

Vous êtes un joueur de Blitzball, un sport en milieu aquatique qui n’a rien à envier au water-polo, et accessoirement le joueur vedette des Zanarkand Abes. Alors que vous disputez votre match après une petite tournée d’autographes et vous apprêtez à rapporter quelques points à votre équipe, le malheur frappe avant vous : Sin, une immense créature sortie de nulle part, entreprend de pulvériser le stade et avec lui une bonne partie de la ville. Pour ne rien arranger, elle n’est pas venue seule et ne se prive pas de disperser ici ou là quelques vilaines bêtes qui ne vous laisseront pas fuir facilement.

Car oui, miracle, vous êtes en vie ! Vous avez survécu sans trop savoir comment (et sans égratignures) à une chute qui aurait été fatale pour le commun des mortels. Second coup de chance, vous ne serez pas seul pour vous faire la belle parmi les monstres. Vous serez immédiatement rejoint par Auron, une connaissance de votre père disparu qui, depuis ce jour, veille sur vous. Troisième coup de chance (car ne dit-on pas jamais deux sans trois ?), le monsieur se promène non pas avec une, mais deux épées, l’occasion pour Tidus de prendre les armes et tracer sa voie à travers le désastre.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin et vous finissez « aspiré » par Sin. Vous ne vous réveillerez pas comme Link tranquillement au fond de votre lit, mais perdu au sein d’un lieu ancien cerné par des eaux chargées de créatures peu amicales. Auron a disparu. Vous êtes seul et ne pourrez plus compter que sur vous pour échapper à un sort funeste.

Toutefois, l’histoire étant faite de rencontres, elle vous amènera très tôt là où commence véritablement celle de Tidus, à Besaid, un petit village perdu au milieu d’une île exotique. Débute alors pour le joueur de Blitzball l’apprentissage d’un tout nouveau monde débordant de richesses, qui le propulsera dans une aventure de rêve, mais aussi de cauchemars.

To Zanarkand

Spira, tel est le nom du monde désolé, mais non moins extraordinaire, dans lequel vous lutterez pour la survie de tous. Un monde où la magie et les monstres, bien loin de votre ville machine originelle, occupent une place centrale. Un monde dominé par Sin, semant aveuglément (ou presque) la mort et le chaos. Un monde aussi dominé par la puissante religion Yevonite qui n’a ni plus ni moins qu’endoctriné l’ensemble des habitants de Spira, ou presque, en quête d’une rédemption qui tarde à venir.

Si Sin est un mal incurable, il n’en demeure pas moins possible de le mettre hors d’état de nuire, pour un temps seulement. Cette tâche pénible revient aux Invokeurs qui se doivent d’acquérir lors d’un long et fastidieux pèlerinage les différentes chimères (invocations) auprès des temples de Yevon,  à force de prière, jusqu’à l’obtention de l’Ultime Chimère, la seule capable de défaire Sin.

Tidus, perdu dans ce monde dont il ignore tout (ce qui est retranscrit avec une grande justesse), se joindra donc à Yuna, jeune Invokeur, forcément promise à un destin hors du commun étant donné qu’elle voyagera en compagnie du héros. Elle, ainsi que l’ensemble de ses Gardiens qui l’accompagneront dans la rudesse de sa mission.

Si l’avenir de Spira est incertain, une chose ne laisse pas de place au doute : Final Fantasy X nous offre un univers fantastique qui parvient à allier de la plus élégante des manières l’originalité à la cohérence. C’est un monde onirique à plus d’un titre mais qui n’est jamais pris en défaut. Et c’est finalement là l’un de ses plus grands atouts : proposer aux joueurs une expérience (inédite ?) dont ils se souviendront longtemps. La bande-son de haute volée, comportant son lot de morceaux emblématiques, n’est évidemment pas étrangère à ce succès, elle qui a su graver dans la mémoire des joueurs des mélodies qu’ils ont conservées intactes durant deux décennies et qui éveillent souvenirs et émotions.

Par la force des choses, la mort occupe une place prépondérante dans cette aventure, de par les nombreuses victimes de Sin, mais aussi le cycle même de la vie sur Spira. Il est aussi question de deuil, d’espoir, de fatalité, mais également de sentiments tus par le devoir, qui éveilleront peut-être ceux du joueur. Rappelons-le, Final Fantasy X a vu le jour sur PlayStation 2 qui, à défaut d’envoyer des missiles, a permis d’offrir le premier Final Fantasy intégralement 3D et des mises en scène, sans doute un peu désuètes aujourd’hui (encore que...), qualitatives à l’époque. Et, Final Fantasy oblige, inutile de préciser que les cinématiques, qui en mettaient plein les mirettes jadis, n’ont à rougir de personne, quand bien même les années commencent inéluctablement à se faire sentir.

The Place of Trial

À ces franches réussites viennent s’en ajouter d’autres, mais quelques bémols sont aussi à signaler. Si l’histoire, de notre avis, est prenante et vivante, les personnages ne présentent pas tous le même intérêt, et il faut bien admettre que certains sont en retrait, le cœur de l’intrigue tournant autour de Tidus (après tout, c’est SON histoire), et Yuna. Pour autant, ce n’est pas une lacune spécifique à ce Final Fantasy (ni à cette licence) et bien d’autres FF ont aussi leur lot de personnages… singuliers. L’essentiel du problème vient d’un manque de développement de quelques-uns, même s’ils ont tous leur propre récit qui sera découvert au fil du jeu, et d’un temps d’antenne réduit, pour braquer l’objectif sur le couple en devenir (ou pas).

Sur le papier, Final Fantasy X adopte pourtant une structure plus linéaire que ses ancêtres et donc plus propice à ce genre de développements, mais cela n’aura pas été porteur en la matière. Beaucoup d’ailleurs ont reproché à ce Final Fantasy la « couloirisation » de la licence, et évidemment les déçus de la première heure ne seront pas davantage satisfaits avec cette copie quasi conforme à l’original. La carte du monde des FF plus anciens a disparu au profit de zones cloisonnées où l’exploration est proche de l’inexistant. Toutefois, à l’arrivée, le jeu n’apparaît pas plus fermé que les autres, si ce n’est visuellement où le joueur ne peut s’y tromper. Un long chemin entrecoupé de plusieurs (brefs) écrans de chargement fera difficilement illusion… Là où une carte du monde la donnait. Car au demeurant, l’ouverture des précédents épisodes tenait davantage du trompe-l’œil que de la réalité.

Hymn of the Fayth

La réalité de ce titre en revanche, c’est un système de combat à la fois classique et « innovant ». Les jauges ATB sont portées disparues au profit d’un tour par tour pur et dur, pour le meilleur et pour le pire. Les adeptes de ce système y trouveront leur compte, les autres, c’est moins sûr, mais pas impossible. Le fait est que le tour par tour, assez rigide de manière générale (à l’époque en tout cas), se trouve un peu chahuté par la possibilité de changer de personnages en plein combat. Vos trois Gardiens sur le front peuvent donc se faire remplacer par ceux qui regardent les mouches volées pendant que vous affrontez le plus grand des fléaux, et ce, sans perdre votre tour d’action. Et ça, c’est bienvenu. Cela vous permettra de mettre au point des stratégies, chaque personnage étant plus ou moins spécialisé de par les armes qu’il manie, mais aussi ses magies. Toutefois, pas de quoi s’arracher les cheveux : Final Fantasy X est un titre relativement accessible.

L’autre grande nouveauté appréciable de ce Final Fantasy, qui reprend pour l’essentiel les codes de la licence (attaque, magie, overdrive…) avec leur petit lot de nouveautés, ce sont les invocations, alias les Chimères. À l’inverse des précédents opus où une invocation consistait en un passage éclair (ou parfois longuet) de la créature, cette fois-ci votre Chimère est traitée comme un personnage à part entière. Invoquées exclusivement par Yuna, elles disposent de leurs propres points de vie, statistiques et aptitudes, et surtout, vous en avez le contrôle total. C’est, de notre point de vue, une intégration franchement réussie de ces créatures qui, en plus d’être étroitement liées au scénario et d’avoir un design efficace, apporte une vraie valeur ajoutée aux combats.

Autre grand succès de ce jeu, le système d’évolution des personnages, le Sphérier. En soi, pas de grands bouleversements : pour progresser, il faut obtenir des points de compétence, et donc de l’expérience, et donc combattre. Ces points de compétences permettent de débloquer des magies, techniques ou d’accroitre les caractéristiques de vos personnages en parcourant une immense grille composée de cases à valider. C’est moche dit comme ça, et ça n’envoie pas du rêve, et pourtant c’est tout le contraire. Vous pouvez soit vous laisser guider par le chemin naturel du personnage, pour ne pas trop vous y perdre, et avoir quelque chose d’équilibrer, ou bien choisir le Sphérier expert qui vous laissera totalement libre de vos choix… et de vos erreurs. Le Sphérier est un système ingénieux et intuitif et permet, en un coup d’œil, de suivre l’évolution du personnage et de l'amener là où vous le souhaitez.

Someday the Dream Will End

Final Fantasy X n’est pas le premier ni le dernier FF à revenir sur les machines récentes. Toutefois, contrairement aux autres titres de la licence, n’attendez rien de plus qu’un lifting HD (et dites heureusement adieu au 50 Hz). Aucune option de confort (combat moindre, accéléré...) ne nous permet d’ajuster à la carte notre expérience de jeu. Les combats aléatoires seront donc toujours de la partie. C’est à prendre ou à laisser, mais fort heureusement, ce n’est pas le FF le plus surchargé en la matière, et il ne nécessite pas non plus de farm intensif, à quelques rares exceptions, pour progresser sans craindre de se prendre une rouste.

De manière générale, Final Fantasy X est un titre qui a bien vieilli. Le passage à la HD lui fait donc grand bien. Le jeu ne piquera pas les yeux grâce à une technique heureusement dans les clous, mais le reste demeure dans son jus : les animations, certaines modélisations (de personnages notamment), des textures assez pauvres, mais rien qui ne soit rédhibitoire si on le prend pour ce qu’il est.

Pas d’option de confort, et pas de contenu supplémentaire non plus. Nous sommes sur un remaster des plus basiques. Le post game, tout de même plutôt conséquent, reste donc inchangé. Et n’oubliez pas que dans Final Fantasy X, il y a un jeu dans un jeu : le Blitzball. Pas particulièrement passionnant de prime abord, à force de pratique, on peut finir par s’y laisser prendre… surtout si on souhaite gagner quelques récompenses !

8
Parler de Final Fantasy X HD Remaster, c’est parler de Final Fantasy X du début du siècle car, hormis le lifting HD, l’expérience proposée est la même. Si, à l’époque, vous n’aviez pas accroché, il y a peu de chance que votre regard sur le jeu change aujourd’hui. Pour ceux en revanche qui l’ont apprécié ou qui auraient eu l’audace de ne pas s’y intéresser un tant soit peu, vous pouvez (re)découvrir le titre dans sa meilleure version. Une chance à ne pas laisser passer : malgré les années, le propos tient la route, les panoramas offerts par certains lieux valent toujours le détour, la bande-son demeure la petite merveille qu’elle était déjà et le système de combat et d'évolution est toujours bien huilé. En clair et en bref, vous avez un Final Fantasy X qui est resté tranquillement à baigner dans son jus pendant deux décennies… sans jamais prendre une ride. La marque d’un grand jeu.

  • Final Fantasy X en HD (forcément)
  • La bande-son toujours magistrale
  • Le Sphérier
  • Le système de combat à la fois classique et innovant
  • Le monde et l’histoire de Spira
  • La cohérence de l’imaginaire
  • On ne peut pas faire plus simple remaster
  • Manque de charisme de quelques personnages