Divers

Interview de Shigeru Miyamoto

Par thesayen77 - Le 08/05/2007 à 14:33
Le magazine américain Entertainment Weekly a eu l'honneur d'interviewer le grand et l'unique Shigeru Miyamoto, sans plus attendre, je vous laisse découvrir la franchise de cet homme.

Entertainment Weekly : Il est clair que vous en savez énormément sur les jeux vidéos. Mais regardez-vous d'autres formes de divertissements ? Des films ?

Shigeru Miyamoto : Je viens juste de voir Lettres d'Iwo Jima et Mémoires de nos Pères (deux films réalisés par Clint Eastwood sur la bataille d'Iwo Jima qui opposa Américains et les Japonais, NDLR)). Ils étaient tous les deux très bons et très polémiques. Même si j'ai eu envie de surperposer les deux images pour voir ce qui se passait dans les deux films en même temps !

EW : Ces films parlent de thèmes sérieux : la guerre, le sacrifice et la notion d'héroïsme. Vos jeux sont souvent joyeux et ensoleillés. Est-ce qu'il vous arrive parfois de penser à vous défier vous-même en créant un jeu qui véhicule un profond message social ou un sujet relatif au monde réel ?

Shigeru Miyamoto : Peut-être que si je rencontrais un problème dans ma vie qui m'affecterai, ça me ferait réfléchir. Un jeu comme ça serait très intéressant à faire. Au Independent Games Festival à la dernière GDC, j'ai vu un jeu, Defcon, qui parle d'une guerre thermonucléaire - le monde entier a été détruit. Ca c'est un message très fort à mettre dans un jeu.

EW : Y'a t-il des problèmes du monde réel que vous aimeriez mettre dans un jeu ?

Shigeru Miyamoto : J'ai quelques idées. Une idée est qu'au Japon, il y a beaucoup de trains avec une partie réservée aux personnes âgées ou les femmes enceintes. Les jeunes japonais parfois s'assoient à ces places, mais si les gens en ont besoin, vous êtes supposés vous lever. Mais la plupart des enfants ne le font pas ! Ca me met vraiment en colère ! Si je pouvais faire un jeu qui arrivait à faire que les jeunes respectent les plus âgés... Et il y a un autre problème qui me taraude. Au Japon, il y a beaucoup de gens qui travaillent en freelance ou qui se font payer sous la table - des gens qui ne payent donc pas de taxes. Je regarde aux endroits dans le monde où les gens comprennent que payer des taxes au gouvernement aide la société. Au Japon, il n'y a pas cette compréhension. Donc [la responsabilité sociale] est un autre problème important dont j'aimerai parler dans un jeu. Mais j'ai probablement l'air d'un vieil homme quand je parle de ça.

EW : Vous sentez-vous comme un vieil homme ?

Shigeru Miyamoto : Hé bien... Je deviens de plus en plus vieux et je fais aussi plus attention à mon poids maintenant. [Il se frotte le ventre] Donc c'est devenu une sorte de hobby. J'essaie d'aller nager au moins deux fois par semaine. Les gens me disent que je devrais jouer à la Wii pour faire de l'exercice mais qu'importe ce que je fais, j'ai l'impression d'être au boulot !

EW : Vous avez mentionné les problèmes sociaux au Japon. Mais les jeux vidéos sont un business mondial - et la jeunesse d'Amérique a aussi des problèmes bien à elle. La raison pour laquelle je mentionne ça est qu'une des critiques faite aux jeux de Nintendo est qu'ils sont très centrés sur le Japon. Les joueurs américains ont acheté plus de copies de Halo que de Metroid, par exemple. Avez-vous peur de perdre le contact avec ce que les jeunes américains veulent ?

Shigeru Miyamoto : J'aurais pu faire Halo. Ce n'est pas que je ne pouvais pas créer le jeu. C'est juste que j'ai choisi de ne pas le faire. Une chose au sujet de ma création de jeux c'est que je ne cherche pas à faire le jeu que les gens veulent. J'essaie toujours de créer de nouvelles expériences qui sont amusantes à jouer.

EW : Certaines compagnies aux USA ne pensent pas comme ça. Ils sont plutôt contre les jeux risqués, ne produisent que des suites et des extensions de franchise, plutôt que d'explorer de nouvelles idées. Il y a beaucoup de recherche de marché et de groupes de test. Est-ce que cela fait du mal au marché du jeu ?

Shigeru Miyamoto : Avec les budgets qui augmentent sans cesse, je comprends pourquoi les compagnies ont de gros problèmes s'ils ne créent pas un jeu de cette manière. Mais nous devons aussi créer ce que l'on veut créer ! J'aimerais vraiment voir des gens développer des jeux comme je le fais. Quand je montre un jeu à des gens, je ne leur demande pas leur avis ou je ne leur donne pas un questionnaire à remplir. Je regarde juste leurs yeux et leurs visages pendant qu'ils jouent. Est-ce qu'ils sourient ? Ont-ils l'air frustrés ? Donc je pense que je teste mes jeux - mais pas de façon scientifique

EW : Votre capacité à prédire ce que les joueurs vont trouver amusants est un succès évident. Y'a t-il des jeux que vous pensiez funs et qui se sont révélés ratés ?

Shigeru Miyamoto : Oui, c'est déjà arrivé. Dans le passé, nous avons travaillé avec quelques studios externes sur des titres comme F-Zero ou StarFox (ici, Miyamoto parle sans aucun doute de l'épisode GC réalisé par Namco, NDLR) - et laissez moi vous dire que nous étions très déçus des résultats. Les consommateurs étaient très excités à l'idée de ces jeux, mais ces jeux n'étaient pas à la hauteur. Et, pour être honnête avec vous, Zelda : Twilight Princess n'a pas très bien marché au Japon. C'était très décevant. Mais il a bien marché aux USA.

EW : Pourquoi pensez-vous que Zelda n'a pas bien fonctionné au Japon ?

Shigeru Miyamoto : Et bien, je pense que la plupart des gens qui ont acheté une Wi ne sont pas des gens intéressés par ce genre de jeu. Et ceux qui veulent qui y jouer ne pouvaient pas trouver une Wii [à cause des problèmes de stocks]. Mais de façon générale, je pense qu'il y a de moins en moins de personnes intéressées pour jouer à un gros RPG comme Zelda.


On apprend que le papa de Mario aurait pu se charger de Halo, il préfère les jeux innovants, pas des suites qui garantissent le succès.
Il veut arranger les problèmes sociaux au travers d'un jeu. On voit également que Zelda n'a pas eu le succès attendu au Japon.
On n'apprend rien, quoi.



Source : P-Nintendo