Nintendo Wii U

Nintendo Wii U : le software en peine

Par everred - Le 17/01/2013 à 10:40

Si les chiffres de ventes de la Wii U sont loin d'être catastrophiques, ils n'en demeurent pas moins un peu ternes pour Nintendo qui en attendait sûrement plus. Pas nécessairement inquiétants pour autant, le véritable souci de Nintendo semble être ailleurs : les gens achètent la console oui, et pourtant, personne n'achète de jeux. Derrière ce constat un peu paradoxal, les chiffres tombent.

Le 7 janvier dernier, pendant que Nintendo commençait à discuter des chiffres de ventes durant la période de Noël, plusieurs analystes dont on citera parmi les plus célèbres Michael Pachter et Arvind Bhatia, exprimaient quelques remarques sur ce sujet épineux : le nombre de jeux que les consommateurs achètent lorsqu'ils s'offrent une nouvelle console. En l'occurence pour Bhatia, ce nombre est "faible" concernant la Wii U. Qu'est-ce que les professionnels entendent par "faible" ? Doug Creutz, un autre analyste, détaille mieux cette expression un peu alarmante.

Sur Wii U, les ventes de jeux sont bien derrière les chiffres qu'on avait pu observer au lancement de la GameCube et de la Wii. Sur les deux mois qui ont suivi le lancement de la console, les ventes de jeux sont en recul de 43% par rapport à la Wii et de 50% par rapport à la Gamecube.

Comment expliquer ce phénomène ? Plusieurs raisons sans doute, et on évoquera la crise en premier lieu, même si elle n'explique que partiellement l'intriguant ratio jeux / consoles vendus. Ce qui saute aux yeux, et malgré la mise en avant sans équivoque de Nintendo Land, notamment à l'E3, c'est surtout l'absence d'un véritable system-seller, d'une killer-app, en somme d'une grosse licence au lancement de la console. Surtout quand le titre en question est bien souvent fourni avec le hardware. Sur GameCube, les gamers retiendront Wave Race : Blue Storm, Star Wars Rogue Leader : Rogue Squadron II, bien sûr Super Smash Bros. Melee (sorti plus tard, mais le même mois) et dans une moindre mesure Luigi's Mansion. Sur Wii, c'est encore plus simple : un The Legend of Zelda : Twilight Princess est disponible dès la sortie de la console et vend plus d'un million et demi de galettes en un mois (ventes cumulées avec celles de la NGC). A titre de comparaison, New Super Mario Bros. U, dernier né d'une saga très lucrative, ne s'est écoulé "qu'à 580 000" exemplaires.

Des chiffres qui laissent penser que Nintendo Land et New Super Mario Bros. U ne sont pas forcément les titres phares attendus par les joueurs. Cependant, on rappelera qu'ils ne tiennent pas compte des ventes en version dématérialisée. Or, elles  ne sont pas à négliger et peuvent se montrer (d)étonnantes dans certains cas de figure : 500 000 copies d'Animal Crossing : New Leaf téléchargées sur l'eShop de la 3DS depuis la sortie du jeu. Impressionnant mais finalement pas décisif par rapport aux deux millions de versions physiques qui ont trouvé preneur. De là à parler d'un désintérêt du public pour certaines licences, il y a un fossé qu'on ne franchira pas : New Super Mario Bros. 2 en atteste. Mais en France, il faut aussi signaler que son petit frère sur Wii U n'a fait qu'une brève apparition à la dernière place du top 5 des softs les plus vendus en semaine 48 de l'année 2012 et du 3 au 10 janvier dernier. C'est bien peu.

Il y a des titres qui semblent avoir été oubliés depuis leurs sorties, ceux des éditeurs tiers. Quid de ZombiU ? Les mauvaises critiques de la presse américaine pourraient-elles avoir découragé le public outre-atlantique ? En France, en tous cas, sans atteindre des chiffres astronomiques, le titre s'est maintenu réguièrement dans le top 3 des jeux Wii U les plus vendus depuis sa sortie. Mais malgré l'incursion récente de Sonic & All-Stars Racing Transformed dans les charts de la console, la situation d'un tiers semble au bas mot morose. Les portages tels que Batman : Arkham City ou Mass Effect 3 sont aussi tôt sortis, aussi tôt tombés dans l'oubli le plus indifférent. Pas très encourageant ? Surprenant en tous cas, quand on connait la côte de popularité de ces titres auprès des gamers ; un public avec lequel Nintendo s'est pourtant juré de renouer ses liens. L'année 2012, maussade en terme de sorties sur Wii (qu'on peut résumer à Pandora's Tower, The Last Story et Beat the Beat : Rhythm Paradise) pourrait également avoir conforté les joueurs dans l'idée que si on achète du Nintendo, c'est seulement pour jouer à des exclusivités. Et de fait, Darksiders II et consorts se trouveront plus facilement en occasion sur d'autres supports et souvent pour moins cher.

Heureusement pour la firme de Kyoto, il suffit d'un seul jeu vendu pour que la console soit rentable. On imagine donc que la situation est loin d'être aussi désastreuse que certains veulent le croire. On peut toujours se demander si de telles anomalies ne pourraient pas éroder la confiance des éditeurs tiers... Une crainte qui pointe du doigt un certain planning de Nintendo à la vacuité saisissante. Le temps répondra à ces questions mais pour l'instant, gardons en tête que rien n'est joué : le constructeur peut se montrer capable de remontées remarquables, comme le prouvent les ventes actuelles de 3DS dans le monde.