Le Personnage du Mois : Ganondorf

Chaque mois, cette rubrique dépeindra le portrait d'une figure vidéoludique, c'est à dire un personnage de chez Nintendo ayant sans doute marqué l'esprit du joueur passionné que je suis. Je tenterai d'imprégner mon écriture d'une touche de subjectivité dans laquelle vous vous retrouverez certainement, en donnant les différentes caractéristiques du personnage en question ayant fait de lui un symbole unique à mes yeux. Cette rubrique sera donc parfois dotée d'une teinte nostalgique et aura pour but de souligner le caractère remarquable et inoubliable des personnages ayant marqué indéniablement mon expérience du jeu vidéo à la façon Nintendo, me permettant ainsi de vous faire partager mon ressenti, mes souvenirs agréables ou âpres, etc...

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Ce mois-ci, la rubrique du « Personnage du Mois » se focalise sur l'antagoniste le plus charismatique de tous les temps, de tous les âges, de toutes les époques du Royaume d'Hyrule. Ce mage obscur aux formes multiples possède la divine Triforce portant l'attribut de la « Force » qui fait de lui un « monstre sacré » aux pouvoirs incommensurable. De génération en génération, cette entité intemporelle revient pour combattre Link et Zelda, et, poussé par sa convoitise absolue pour les autres morceaux de la Triforce, il fera tout pour constamment plonger l'univers de la série The Legend of Zelda dans des ténèbres brumeuses, jusqu'au jour où il parviendra à ses fins. J'ai la joie, chers internautes, de vous présenter le personnage qui est pour moi une incarnation de la quasi-perfection du chara-design propre à Nintendo : le Seigneur du Malin, Ganondorf.

Artiste : Ace Tea

Vous me direz peut-être que c'est beaucoup d'éloges pour pas grand chose. Pour certains, Ganondorf est le grand méchant de The Legend of Zelda, sans complexité particulière. Mais permettez-moi de dire à ceux qui pensent cela que dans The Legend of Zelda, compte tenu de l'immensité de cet univers qui s'étoffe d'opus en opus depuis maintenant près de 25 ans, rien n'est sans complexité particulière, tout a un intérêt. Chaque lieu, chaque objet, chaque personnage a une valeur et une saveur propre et possède des aspects bien distincts. Pour ceux comme moi dont l'esprit fut frappé par la créativité de cette série, qui souligne véritablement l'importance du jeu vidéo en tant qu'ouverture d'esprit et source d'épanouissement, dans chaque épisode, le moindre détail crée un certain impact.

En tant qu'antagoniste principal, complètement ancré dans l'historique de la série, Ganondorf représente l'ensemble de ce qui est « Mauvais » dans The Legend of Zelda. Tout laisse à penser que chaque malédiction, chaque maléfice infligé à un quelconque lieu dans lequel viendrait s'aventurer Link est issu des pouvoirs incommensurables de ce personnage. Lorsque j'étais petit, le premier Ganondorf que je vis (celui d'Ocarina of Time) me parut détestable. Son allure impétueuse de voyou, de voleur, qui provient de ses origines Gerudos, autant dire « Gitanes », faisait qu'il ne me semblait pas bien respectable pour un vilain de sa trempe. Cependant, quand The Wind Waker fit son apparition sur Gamecube, le personnage adopta un air plus assagi. Son gabarit de bon vivant, son visage de vieillard à la barbe rousse et sa majestueuse robe de cérémonie me laissait à penser qu'il avait mûri, que désormais, il s'agissait d'un imposant sorcier à la puissance considérable, mais contrôlée à juste mesure. A l'inverse de l'opus précédent, il ne s'agissait plus seulement d'un jeune être avide de pouvoir apparaissant subitement dans l'intrigue du jeu pour semer chaos et destruction, mais d'un Sage Maléfique, enclin à la réflexion. Il faisait partie d'un Monde Englouti possédant une histoire et était lié à tout un contexte passé qui faisait que je pus, avec davantage d'aisance, redécouvrir un antagoniste passionnant, dont je connaissais les origines à partir d'Ocarina of Time et dont la fascination pour lui, encore aujourd'hui, reste intacte.

Alors pourquoi suis-je subjugué par ce personnage ? Et pourquoi, sans doute, beaucoup d'entre vous le sont également de manière plus implicite ? En ce qui me concerne, j'ai toujours été intéressé et sensible à son pouvoir et son influence cachée. Car en effet, Ganondorf est un personnage dont le potentiel de puissance reste inexploité la plupart du temps. Nous sommes conscients que quelque soit la quantité des pouvoirs qu'il expose au cours d'un combat, il peut faire encore plus. Du moins, c'est l'impression qu'il nous renvoie. Plus généralement, Ganondorf reste une figure complète du combattant mage-guerrier dont raffolent tous les passionnés d'univers heroïc fantasy, dont je fais partie. Du bretteur brutal au grand invocateur, n'y a qu'un pas. Sa remarquable Épée des Sages, qu'il acquiert après s'être enfui de la Tour du Jugement dans Twilight Princess, à la suite de sa captivité, reste l'un des attributs qui, jusqu'à présent, lui est souvent assimilé. Avec cette même épée, il nargue ses adversaires dans Super Smash Bros. Brawl au cours d'un « Taunt » de la même manière qu'il la conserve fréquemment dans son fourreau de fortune, comme pour indiquer qu'il n'aura pas besoin de s'en servir. Dans ce même chemin de réflexion, je souhaiterais tout de même vous rappeler qu'à plusieurs reprises Ganondorf emploie les services d'un subalterne aux grands pouvoirs qui, pourtant, n'arrivent pas à la cheville du Seigneur du Malin, afin d'intercepter Link dans sa quête. Dans un premier temps, je me souviens de Xanto, le Prince du Crépuscule dans Twilight Princess dont l'entrée en scène est surprenante. Cet Usurpateur hystérique se voit conférer une infime parcelle de la puissance de Ganondorf, ce qui en fait un Boss redoutable qui donne du fil à retordre à nos deux protagonistes, Link et Midona. Cependant, l'on apprend au fur et à mesure de l'aventure que Xanto n'est rien comparé à celui qu'il considère comme son « Dieu », dans un fanatisme zélé. Dans un second temps, j'évoque bien entendu le cas de Ghirahim, dernier « grand Boss » en date, en provenance de Skyward Sword. Ce jeu étant un retour aux sources radical, il nous explique concrètement, au travers de sa trame, pourquoi chaque épisode de la série possède un schéma scénaristique aussi redondant. Bref, Ghirahim se révèle être l'esprit de l'épée de Ganondorf à l'instar de Fay pour Link et l'Épée Divine, faisant d'eux deux esprit antithétiques. Les prouesses de Ghirahim au combat sont telles que j'eus du mal à m'imaginer que Ganondorf pouvait être dernière tout ça. D'ailleurs, avant la sortie du jeu, les médias répétaient frénétiquement, à mon grand désarroi, que Ganondorf ne serait pas présent dans cet opus et cèderait sa place à un Boss au style raffiné, distingué et même un peu efféminé sur les bords - c'est rien de le dire. Au final il n'en est rien puisque l'essence de Ganondorf est incarné dans toute sa splendeur par un personnage au character design travaillé comme jamais auparavant : l'Avatar du Néant.

A propos de cet Avatar du Néant, (je parle bien sûr de sa forme humanoïde) je trouve que la création de cette divinité du Mal a réussi l'exploit de présenter de manière originale les racines maléfiques de Ganondorf, qui n'est en fait que sa déclinaison réincarnée au fil des âges. Le combat final de Skyward Sword nous fait véritablement ressentir la force destructrice et foudroyante du personnage à l'origine du Seigneur du Malin. Qui plus est, Nintendo m'a ébloui avec, je le répète, cet aspect esthétique à l'esprit médiéval nippon qui n'est pas sans rappeler les gabarits de démons guerriers du monde vidéoludique comme Akuma de Street Fighter ou Jinpachi de Tekken, qui reflètent ce caractère belliqueux d'ordre général qui sied tant à Ganondorf.

Mais l'apogée de la brutalité du personnage s'est exprimée, à mes yeux, lors de ses diverses transformations. Car il faut le dire, Ganondorf est un maître en métamorphose hors pair. De l'Araignée fantoche « Alter-Ganon » de The Wind Waker, qui semble être davantage une marionnette contrôlée par le mage que celui-là même, jusqu'à sa forme bestiale si bien connue, que l'on nomme de manière coutumière « Ganon ». Cette métamorphose que l'on retrouve dans de nombreux épisodes est celle qui caractérise le mieux le côté primitif de la violence de Ganondorf. A titre personnel, je garde un enthousiaste souvenir du combat opposant Link et Ganon à la fin de Twilight Princess, au sein de la Citadelle d'Hyrule. C'est sans doute celui qui m'a le plus marqué et qui m'a permis de constater que sous cette forme de sanglier démoniaque mystique, Ganondorf n'omet pas de faire usage de sa magie de par l'invocation de portails interdimensionnels qui lui permettent de se ruer sur Link dans un effet de surprise. On voit donc l'ingéniosité de Ganondorf qui mélange la force brute avec ses pouvoirs magiques afin d'amplifier son efficacité au combat.

L'argument qui transcende l'ensemble de tout ce que je viens de dire, cherchant à vous convaincre que Ganondorf est un antagoniste qui mérite que l'on prenne le temps de l'appréhender, est un argument que beaucoup d'entre vous auront en commun avec moi, et n'est rien d'autre que la nostalgie. Il s'agit du premier véritable méchant que j'ai découvert au cours de mon existence et de mon expérience vidéoludique et forcément, ça marque. The Legend of Zelda, que ce soit avec Ocarina of Time ou The Wind Waker, est un univers qui fait partie intégrante de mon enfance et la sensibilité et l'éveil à cet âge fait que l'on est davantage attentif et réceptif quant aux divers mondes fictifs qui se présentent à nous. Quoi qu'il en soit, Ganondorf est ancré dans le contexte d'un monde qui m'a fait rêvé, dans lequel j'ai véritablement l'impression d'avoir vécu et le fait qu'il incarne le Mal signifie qu'il est un élément venant s'imbriquer dans le puzzle de ce dense univers afin de le compléter et de le rendre plus complexe. Ganondorf n'est rien d'autre que le catalyseur du Mal et l'outil servant à générer l'aventure de la série. Sans lui, l'aventure The Legend of Zelda aurait une toute autre saveur, une saveur qui nous est inconnue. Il fait en sorte que la série nous soit familière.