La Rédac' se Lâche - L'absence de Nintendo à l'E3

La Rédac' se Lâche, c'est l'occasion pour plusieurs membres de l'équipe de Nintendo-Master de faire part de ses impressions sur l'actualité de la semaine, d'une anecdote ou bien tout simplement d'un sujet lui tenant à cœur​. Nous vous donnons donc rendez-vous chaque semaine pour retrouver les pensées de la rédaction !

Avis de Speedwagon, Rédacteur

Je pense que le fait que Nintendo se retire, en quelques sortes de l'E3 est une bonne chose.

Tout d'abord, il faut relativiser: Nintendo ne quitte pas l'E3. Nintendo change seulement ses méthodes de communications concernant l'E3. Certes, ils ne feront pas une conférence comme on avait l'habitude d'en voir. Cependant, ils mettront encore à disposition à l'occasion d'un événement presse, des bornes pour essayer les jeux qu'ils vont présenter. Aussi, ils vont tenir un événement pour les revendeurs et les stratégies marketing.

Alors quid du joueur ? De notre côté, on est gagnant. Pourquoi ? Parce que si Nintendo ne fera pas de conférence, ils communiqueront pas le biais d'un Nintendo Direct. Par conséquent, on sera ainsi épargné de chiffres et autres données destinées aux investisseurs ou autre. Pour le joueur, il n'y aura que du jeu, et rien que du jeu. Autre avantage tout aussi important: les conférences seront préparés à l'avance. Fini le hasard, fini les "fails", fini les longueurs. Il s'agira cette fois-ci de fournir un condensé d'information, et ce efficacement.

Alors oui, on risque de perdre en terme d'ambiance. On va perdre ce côté surréaliste, cette tension, ce côté show à l'américaine. Mais au final, on gagnera en terme d'efficacité. Au final, n'est-ce pas le contenu des annonces qui compte ?

Avis de Shadowdeath, Rédacteur

C'est la crise chez Nintendo, des remaniements s'effectuent, des « global directors » s'octroient également le statut de « directors of America » pour une meilleure flexibilité de gestion, de grandes conférences à l'E3 s'annulent... Ce dernier point est précisément celui qui fera l'objet de ma réaction, marquant et inaugurant la réouverture de cette rubrique « La Rédac' se lâche » que j'aurai l'honneur d'effectuer.

L'universellement connue Electronic Entertainment Expo sera cette année, comme à son habitude, un événement retentissant dans le monde de l'industrie vidéoludique. Mais cette annonce faite par l'actuellement omniprésent et l'omnipotent Satoru Iwata, qui fait état d'une absence de grande conférence de Nintendo à l'occasion du salon, fut parfaitement inattendue et insoupçonnée. Pourquoi suis-je contre cette absence ? Tout simplement parce que de nombreux aspects de la situation actuelle de la Firme de Kyoto me poussent à dire qu'il s'agit d'une mauvaise opération de la part de celle-ci.

Premièrement, il est à noter le grand nombre de sorties importantes qui doivent avoir lieu dans les mois qui viennent et tout le monde, éditeurs compris, sait parfaitement qu'une conférence de l'E3 à grosse ampleur est une étape incontournable dans le processus de lancement d'un nouveau titre dans l'optique d'un succès mondial et fructueux financièrement. La raison officielle de cette non-organisation de conférence est que cette dernière serait inutile puisqu'un Nintendo Direct bien organisé aurait le même impact et coûterait moins cher.

En revanche, la raison officieuse de cette non-organisation de conférence est qu'il s'agit du reflet de la politique économique actuelle de Nintendo, bien décidée à ne prendre aucun risque qui pourraient nuire potentiellement aux fonds monétaires de la société et donc lui permettre de conserver un train de vie aisé. Or, Nintendo fait partie des sociétés du jeu vidéo dotées des plus grands capitaux du monde et par conséquent, chaque action, chaque acte et chaque mouvement influe hautement sur le cours des actions de cette dernière, qui fut au cours de ces derniers mois au dessous de l'axe rouge.

Cette volonté de vouloir « la jouer safe » peut-être aussi favorable à la firme que défavorable. Cependant, le principe originel du mode de fonctionnement d'une entreprise basée sur un système capitaliste libéral, jouant de la mondialisation, c'est d'investir dans un premier temps (et donc perdre de l'argent dans ce temps), pour pouvoir récupérer ce capital investi avec les intérêts. Autrement dit, c'est semer les graines pour en récolter les fruits. Cependant, la tendance actuelle des firmes du jeu vidéo est dictée par la crise, de ce fait, les initiatives se font de plus en plus rares, par craintes qu'elles soient fatales. Cependant, tout n'est pas théorique dans le monde de la finance et ce que Nintendo semble oublier, c'est qu'on ne fait pas d'omelette sans casser les oeufs, on n'incite pas les consommateurs à acheter si on ne les galvanise pas à l'avance, leur vantant concrètement les mérites de leurs produits. Et bien que la réputation de la qualité des jeux de Nintendo n'est plus à faire, se reposer sur ses lauriers comporte des risques tout aussi conséquents que celui qui consiste à investir de l'argent pour une conférence promotionnelle.

Alors Iwata-san, si je puis vous conseiller quelque chose, c'est de ne pas omettre que l'attente des joueurs est aussi incertaine que le cours d'une action, et si l'on ne rappelle pas de temps à autre au public que l'on est le meilleur dans son domaine au travers, s'il le faut, d'événement spectaculaire qui valent des sous, ce public perd confiance et passe vite à autre chose.

Au final, il faut longtemps travailler la terre pour en obtenir le meilleurs rendement possible. La passion des gamers, c'est également quelque chose qui se cultive. Il lui faut du trailer émouvant, de la présentation sur scène avec du « people » et s'il le faut, payer le voyage à Shigeru Miyamoto pour l'occasion! C'est à ça que sert ce genre de conférence.