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L'Histoire de Nintendo : Episode 3 : Jusqu'au sommet du monde : 1981-1989

Par Amano - Le 04/04/2020 à 17:00

Bonjour à tous et bienvenue dans ce 3ème épisode de L'Histoire de Nintendo ! Cela fait désormais un mois que nous retraçons ensemble l'histoire de notre constructeur favori ! Et aujourd'hui, on s'attaque à un gros morceau : les années 80 !

On s'était arrêté au lancement de Donkey Kong, qui faisait suite à l'échec de Radar Scope, et à l'importation des bornes en Amérique. Je vous propose donc de reprendre à ce moment-là. Donkey Kong est alors un immense succès en Amérique, à tel point que Minoru Arakawa, directeur de Nintendo of America, doit alors lancer la fabrication de composants pour les bornes à Redmond, car les bornes n'arrivent pas assez vite et Nintendo of America se retrouve submergé pas la demande. Le succès de Donkey Kong est tel qu'en juin 1982, un total de 60 000 exemplaires ont été vendus, soit une recette d'environ 180 millions de dollars. Nintendo a enfin réussi à s'imposer sur le marché américain, avec un hit qui à l'époque, était l'un des plus gros succès de la courte histoire du jeu vidéo.

Cependant, Nintendo le sait, la licence Donkey Kong doit s'imposer dans le temps, et pour ça, il faut avant tout passer par les produits dérivés. C'est ainsi qu'on retrouve la licence Donkey Kong sur des pyjamas, des céréales, des jouets.... Mais aussi en dessin animé. Ainsi en 1983, le studio Ruby-Spears réalise le premier dessin animé Donkey Kong, qui fera 2 saisons et qui sera diffusé sur CBS. C'est la première apparition de Mario dans un dessin animé, 6 ans avant la diffusion du célèbre dessin animé Super Mario Bros.. La survie de la licence passera également par des adaptations du jeu d'arcade sur les console de l'époque. Donkey Kong ayant été un immense succès, les fabricants, en ce temps là, étaient tous très intéressés par une adaptation du jeu sur leur plateforme.

Ce sera finalement Coleco qui obtiendra les droits pour adapter Donkey Kong en jeu sur console de salon et en jeu de cartes, au détriment de Taito et d'Atari. Coleco sortira donc une version console de Donkey Kong fournie avec sa console, jeu qui sera d'ailleurs le plus vendu de la machine. Coleco sortira par la suite des versions pour l'Atari 2600 et l'Intellivision également en 1982, tandis qu'au Japon, Shigeru Miyamoto, l'un des pères de Donkey Kong, sortira une version Game&Watch de son titre. Au final, en à peine 2 ans, le titre sera sorti sur 5 supports (Arcade, ColecoVision, Atari 2600, Intellivision et Game&Watch). Cependant les portages de Donkey Kong ne s'arrêtent pas là, puisque Miyamoto prépare également une version pour le prochain gros projet de Nintendo, une certaine Famicom...

Suite au succès de Donkey Kong, Nintendo commence à travailler sur une console de jeux vidéo aux cartouches interchangeables, ce qui, pour rappel, n'était pas le cas pour les Color TV Games où un nombre prédéfini de jeu était installé dès le départ. Le projet est lancé dès 1981 sous le nom de Young Computer. Hiroshi Yamauchi voulait à tout prix que cette console devienne un grand succès. Ainsi, il demanda à ses équipes de faire en sorte que la console domine le marché d'un point de vue technique pendant au moins 3 ans, mais aussi que la machine soit vendue à moins de 10 000 yens (environ 85 euros). Cependant, associer les deux demandes de Yamauchi a été impossible et si la console est à sa sortie la plus puissante du marché, elle sera vendue au prix de 14 800 yens (environ 126 euros), bien qu'elle soit tout de même bien moins chère que ses concurrentes.

La console doit d'ailleurs son design avec ses bandes rouges au simple fait que le plastique rouge était le moins cher à l'époque. La console, qui aura pris le nom de "Famicom" (abréviation de Family Computer, ordinateur familial dans la langue de Molière) sort donc 15 juillet 1983 au Japon, et contrairement à ce qu'on pourrait croire, elle n'a pas directement été un succès, certains acheteurs s'étant plains de problèmes de ralentissements. Nintendo rééditera alors rapidement la machine avec une nouvelle carte mère, et le succès sera cette fois-là au rendez-vous... 500 000 exemplaires de la Famicom seront vendus en deux mois, elle deviendra même la console la mieux vendue au Japon fin 1984. À la fin des années 80, un foyer japonais sur trois possède une Famicom, c'est dire à quel point la console a bien marché... Devant un tel succès, Nintendo commence à réfléchir à l'exportation de sa machine aux USA, mais ce sera plus compliqué que prévu...

Aux Etats-Unis, le marché du jeu vidéo était dans un très mauvais état. Je ne vais pas rentrer dans les détails, ça reste une chronique dédiée à Nintendo avant tout, mais au début des années 80, Atari dominait le marché avec son Atari 2600. Cependant, de plus en plus de jeux faits à la va-vite sortaient sur la plateforme afin de produire un maximum d'argent. S'en suivit naturellement un ras-le-bol des consommateurs, et une chute des ventes de tout ce qui touchait au jeu vidéo, jeux, consoles, aucune société n'a été épargnée. Et forcément, ce krach du jeu vidéo allait surtout causer du tort à Nintendo s'ils décidaient d'exporter la machine aux USA. La firme a tout d'abord essayé de s'associer avec Atari pour distribuer la console en dehors du Japon. Si cette dernière était au départ intéressé, elle finira par refuser car le développement de leur nouvelle console, l'Atari 7800 avait commencé.

La société japonaise, désormais obligée d'exporter seule sa machine, a donc essayé de minimiser le côté "jeu-vidéo" de la machine, en lui donnant un aspect plus sérieux, et plus adapté au marché occidental, afin de ne pas voir la machine avoir de très mauvaises ventes à cause du krach de 1983. Au CES de 1984, Nintendo présente donc le "Nintendo Advanced Video System", qui sera finalement abandonné au profit de la Nintendo Entertainment System, abrégée en NES, qui elle a été révélée lors du CES de 1985. La console sortira finalement fin 1985 d'abord à New York, avec 18 jeux à son lancement.

Afin de minimiser le côté jeu vidéo, étant donné que le krach de 1983 était toujours dans les esprits, la console était livrée avec un accessoire, bien plus connu aujourd'hui à travers la série des Super Smash Bros. : R.O.B. (pour Robot Operating Buddy), qui est un petit robot en plastique qui pouvait appuyer sur les boutons de la manette grâce à un mécanisme utilisant des toupies et qui se déplace grâce à des actions qu'entre le joueur avec sa manette et que la console transmet au robot en utilisant de l'optoélectronique, que Nintendo utilisait déjà 13 ans auparavant avec les Laser Clay Shooting System ! Comme quoi, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! Si R.O.B. était là pour assurer une certaine survie sur le marché américain, en montrant aux parents que non, ce n'est pas du jeu vidéo, mais un simple système de divertissement (le titre complet de la console peut d'ailleurs être traduit par "Système de divertissement Nintendo"), c'est bien un jeu qui va propulser la NES, et ce jeu, vous le connaissez tous, peu importe votre âge et votre rapport au jeu vidéo...

Suite du jeu d'arcade Mario Bros., qui était lui-même une suite spirituelle de Donkey Kong en reprenant le personnage de Mario, Super Mario Bros. est un jeu de plateforme à scrolling horizontal qui a révolutionné le jeu vidéo et qui a donné les codes du jeu de plateforme que l'on connaît. Sans Super Mario Bros., le jeu vidéo ne ressemblerait pas à ce qu'on connaît aujourd'hui ! Super Mario Bros. a propulsé Mario au rang de mascotte de Nintendo, il est l'un des premiers jeux vidéo à posséder une musique composée par un compositeur, il est l'un des jeux les plus vendus de tous les temps et surtout, il a propulsé la NES... Car la Famicom est sortie 2 ans avant Super Mario Bros., ce qui n'a pas empêché le jeu de connaître là-bas un immense succès. S'étant écoulé à 6,8 millions de ventes au Japon, le jeu est l'un des titres de lancements de la NES occidentale que l'on connaît.

Le jeu sera le fer de lance de la machine de Nintendo, que ce soit aux Etats-Unis, où la NES est sortie en 1985, ou en Europe et en Australie, où elle sortira entre 1986 et 1987. Ce décalage s'explique par le fait que Nintendo avait scindé pour sa distribution ces territoires en deux zones, A et B, la zone A comprenant la majorité des pays européens (RFA, France, Espagne, Belgique...) a vu la NES arriver en 1986 et la zone B qui était composée du Royaume-Uni, l'Irlande, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Italie qui a vu arriver la NES en 1987. Au niveau européen, la NES est sortie à peu près en même temps que la Master System de SEGA, ce qui explique que ce soit la seule zone géographique où les 2 consoles ont à peu près fait jeu égal. Mais cela n’empêchera pas la NES de devenir un immense succès planétaire, en faisant oublier le krach de 1983 et Atari. Ainsi, on estime que la NES s'est écoulée à plus de 60 millions d'exemplaires et que Nintendo contrôlait environ 90% du marché du jeu vidéo à la fin des années 80.

Mais si la NES a réussi à autant marquer les joueurs, c'est bien grâce à ses jeux et ses licences, aujourd'hui légendaires, qui sont nées sur la machine : Super Mario Bros. sorti en 1985, The Legend of Zelda sorti en 1986, Metroid sorti en 1986 et Kid Icarus sorti en 1987 pour ne parler que des licences qui appartiennent à Nintendo, sinon je pourrais vous parler de Mega Man, de Castlevania, de Final Fantasy, de Dragon Quest, ou même des suites comme Super Mario Bros. 3 ou Mega Man II... La NES incarne le début du jeu vidéo moderne, le jeu vidéo que l'on connaît aujourd'hui, et qu'on prend plaisir à parcourir, avec ces licences nées sur cette machine, il y a de cela maintenant plus de 30 ans.

Nous voilà en 1989. Les années 80 touchent à leur terme, et la NES commence à se faire vieillissante... Les concurrents commencent à travailler sur des consoles nouvelles génération, des consoles 16-bits qui feront passer la génération des 8-bits pour des ancêtres, génération dont fait partie la NES. Nintendo s'y attellera également, et la NES pourra alors profiter d'une retraite bien méritée, pour laisser entrer dans l'arène des consoles sa petite sœur, qui livrera l'une des batailles les plus célèbres de l'histoire du jeu vidéo, mais ça, ce sera pour le prochain épisode... En parallèle, Nintendo sort une autre console, qui n'est pas dédiée au jeu salon comme la NES, mais qui est bien plus petite et transportable : il s'agit de la (ou le) Game Boy. Sorti(e) le 21 avril 1989, il s'agit d'une console de 4ème génération possédant une puissance comparable à la NES, mais qui a un prix de vente plus bas grâce à son écran monochrome (idée que Yokoi a eu après avoir vu son écran de télévision portatif se couper en plein milieu d'un match de baseball, les piles s'étant usées en 2H à cause de rétro-éclairage). Mais l'histoire de cette console, ce sera pour le prochain épisode...