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Games Stories : L'Histoire Secrète du Jeu Vidéo

Par didou - Le 13/12/2011 à 08:00

Le magazine Trois Couleurs, c’est le mensuel gratuit édité par MK2 Multimédia que vous avez peut-être déjà croisé au cinéma ou à la FNAC. Son cœur de métier ? L’actualité de toutes les cultures. Mais pourquoi parle-t-on de culture sur Nintendo-Master ? Et bien parce qu’il existe bien, au-delà du simple coffret d’un jeu, une culture du Jeu Vidéo et ces jeunes journalistes, pour leur 7ème hors-série ont décidé d’en faire leur sujet dans "Games Stories : L’Histoire Secrète du Jeu Vidéo". Ce magazine est un pass pour tout un chacun, pour le grand public comme on le nommerait ici, pour accéder à l’esprit du Jeu Vidéo, parce que oui, le Jeu Vidéo est un art. 


Ici, les auteurs ne se targuent pas de nous expliquer le Jeu Vidéo mais il faut bien 50 pages, sur les 130 que compte le magazine, pour en poser ses bases historiques et vulgariser ce qui en a fait son essence. Chaque décennie à droit à son propre sous-titre et à ses quelques anecdotes. Ainsi, les années 50 sont celles pendant lesquelles un radar de l’armée devient la première console de jeu et de farfelus ingénieurs tentent ou inventent des jeux de morpions, de dames, de ping-pong ou de labyrinthe sur ordinateur. Les années 60, 70 sont celles où le Jeu Vidéo arrive dans les foyers avec la Magnavox Odyssey, le scrolling fait son apparition, les premières cartouches de jeu sont vendues et la compagnie Taito commercialise sur arcade, Soccer, Speed Race puis surtout Space Invaders qui reste une référence intemporelle du Jeu Vidéo malgré ses 33 ans. Les années 80, lorque le jeu passe du salon à la console portable. C’est à cette époque-là qu’apparait le premier jeu qui permet de sauter (Donkey Kong) mais aussi Mario, Link, Metal Gear, Metroid, Prince of Persia… Que de noms de légende qui auront permis à l’industrie du Jeu Vidéo de se sortir de sa première crise et à Nintendo de nous amener la (ou le) Game Boy. La majorité d’entre nous aura surtout connu les années 90 et ses nombreuses évolutions avec entre autres Sonic ou Pokemon pour de grandes licences ; la Playstation, la Saturn, la Neo-Geo, la Nintendo 64 pour les consoles et le jeu de rôle vidéo, la stratégie en temps réel et la nouvelle ère du FPS pour les styles de jeu. Les années 2000 ne sont pas en reste et 2001 est une année charnière pour le Jeu Vidéo avec la fin des consoles SEGA et l’arrivée, aux côtés de Nintendo et Sony, de Microsoft. Les franchises japonaises perdent le monopole des sagas populaires avec par exemple Halo 3 qui bat tous les records à sa sortie. La course au photoréalisme est définitivement lancée et Duke Nukem Forever se fait toujours attendre. Pendant ce temps-là, Nintendo renoue avec son passé et rend le fun aux jeux vidéo avec la Wii. Nos chères années 2010, quant à elles, accompagnées de Minecraft, l’Iphone et la 3DS, tentent de pousser encore plus loin les technologies employées dans le Jeu Vidéo avec le cloud-gaming qui n’arrive pas à faire ses preuves et fait face à la résistance de nombreux puristes mais également l’utilisation du corps humain grâce à la détection de mouvements et au tactile.

Ce n’est qu’après ce long mais nécessaire historique, les anecdotes et les péripéties du Jeu Vidéo, que Games Stories s’intéresse à l’image que celui-ci peut donner avec une digression sur RockStar et ses jeux qui rendent violent et malpoli (ironie inside). Le Jeu Vidéo c’est aussi une influence artistique et Trois Couleurs nous en donne des exemples avec une fenêtre sur l’exposition photos de Robbie Cooper, qui capte au travers des écrans le regard des enfants en train de jouer ; avec Franck Russo et ses Minimal Videogame Posters, des infographies minimalistes sur les jeux vidéo ; ou un sujet sur les cinématiques qui entremêlent le 7ème et le peut-être 10ème art. Le Jeu Vidéo influence également nos vies et dans ce sens, il est rendu hommage au berceau du jeu en réseau, le quartier latin ou aux différentes techniques employées pour tricher. On pourra également retrouver pêle-mêle un sujet sur des jeux indépendants critiquant notre société, une analyse de la guerre des consoles ou des serious games et une parenthèse sur le retrogaming. Des médias sont également présents avec un regard sur les métiers du Jeu Vidéo, ses chiffres, sa généalogie et son petit lexique.

Bref, Games Stories a ratissé large autour du Jeu Vidéo et passe à côté de très peu de choses. Vous pouvez retrouver cet ouvrage pour 6.9 € en librairie et en kiosque depuis le 2 novembre et directement à l’exposition Game Story


Place maintenant à quelques mots d'Etienne Rouillon, rédacteur en chef, à qui l'on doit cette superbe citation :

Les jeux vidéo, c'est comme les petits écoliers : au fond, ce n'est pas que pour les enfants.

* Pourquoi avoir choisi le jeu vidéo comme sujet pour un magazine de culture ?

Trois Couleurs, dans sa version classique, est un magazine premièrement tourné vers le cinéma mais qui est ouvert à toutes les cultures. Son rédacteur en chef Auréliano Tonet avait depuis longtemps l’idée de faire quelque chose de conséquent sur le jeu vidéo (comme on a pu le faire en musique avec les Doors ou la BD avec Dupuy et Berbérian). Pour chaque numéro spécial festival de Cannes, on a par exemple fait des dossiers sur des jeux comme les productions Rockstar (Red Dead Redemption, GTA 4, L.A. Noire, etc.). L’année dernière j’ai réalisé un documentaire sur le piratage informatique avec Sylvain Bergère (Pirat@ge, sur France 4). Les hackers ont souvent croisé la grande histoire du jeu vidéo, on a donc rencontré les types géniaux de l’association MO5 qui préparait cette exposition Game Story au Grand Palais de Paris. On s’est dit qu’on trouverait là une bonne occasion de raconter les petites histoires du jeu vidéo dans un hors série, une sorte de directdownload prolongeant l’expérience de l’expo.

* Mis à part les guests accueillis pontuellement, comment se composait l'équipe qui a réalise ce numéro ? Y avait-il des gamers ? Des Néophytes ? Une anecdotes à ce sujet peut-être ? Et vous, où vous placez-vous ?

Effectivement on a eu la crème des journalistes jeux vidéo dans les pages de ce numéro, des gens moins intéressés par le jeu que par ceux qui les font et qui y jouent, ce qui était pour nous le point d’entrée que nous voulions. Pour faire clair : ma grand-mère ne comprendra pas que le cell-shading puisse fâcher certains des fans de Zelda. Ça ne lui parle pas. Par contre elle peut lire avec plaisir une anecdote sur un jeu où tout le monde appelle le héros par le prénom de la princesse qu’il doit sauver. Et les fans s’y retrouvent aussi avec cette drôle de madeleine de pixel. Pour le reste, la rédaction est loin, très loin d’avoir en permanence un pad dans les mains. La plupart d’entre nous a lâché les manettes en sortant de l’adolescence. Pareil de mon côté. Ma dernière console c’était une GameCube. Et puis j’ai du m’y remettre il ya cinq ans pour le boulot, en reprenant les pages jeu vidéo quand j’étais stagiaire à Trois Couleurs. Bon maintenant, allez d’accord, on peut dire que je suis un gamer. On est entrés dans ce hors série en purs néophytes, ce qui nous a permis d’avoir un recul, de ne garder que les histoires qui mises bout à bout éclairent la grande, sans la diminuer ou la restreindre. Cette sélection des récits et légendes les plus marquants a bien sûr été un vivier d’anecdotes pendant la rédaction de l’ouvrage : réentendre les horribles bruits de « sprotch » de Carmageddon, se rendre compte qu’on ne touche plus une bille à Super Mario devant les caméras de France Télévision, redessiner à la main 83 consoles pour faire un poster… Le pire ça a surement été l’avant dernier jour de relectures où j’ai eu en permanence la musique de Tétris dans le crâne : ti-lala-ti lalala, lala ti lala…

* Le Jeu Vidéo pourrait être le 10ème art. A votre sens, qu'est ce qui fait de lui le premier prétendant à cette place ?

Ben c’est déjà le cas non ? Plus sérieusement, et franchement ce n’est que mon avis : le jeu vidéo en soi n’est  pas un art, mais c’est un média qui produit des œuvres divertissantes et souvent des œuvres artistiques. Le jeu de société n’est pas un art mais on peut être un véritable artiste du Twister ou du Monopoly.  Au même titre que la télévision. Certains programmes sont réalisés dans le but unique de vous divertir, ce n’est donc pas artistique, d’autres au contraire ont pour but de solliciter chez vous une réaction construite. Le jeu vidéo est aujourd’hui le premier média culturel, devant le ciné et la musique réunis. Il n’a pas besoin de reconnaissance tardive. Il est déjà reconnu. Par contre il ne cracherait pas sur un musée permanent.

* Aviez-vous en tête quelque chose que vous n'avez pas pu inclure à ce magazine ?

Un vrai drame. Il y a un type après qui on a couru et qui ne nous a jamais répondu pour une interview.  Si vous avez été collégien ou lycéen, que vous faisiez semblant de suivre en cours et que tout ça se passait dans les années 1990, alors tapez Taneli Armanto dans Google…