Nintendo Wii U

LEGO City : Undercover

Test Wii U

LEGO City : Undercover

Par rifraff - Le 23/05/2013 à 18:02

On le sait, depuis sa sortie, la Wii U a accumulé pas mal de déconvenues. Entre les histoires de mises à jour interminables, les sorties de jeux repoussées, voire annulées, le manque de soutien des éditeurs tiers, les ventes en berne ou encore les déclarations tonitruantes décriant sa puissance ou son GPU, les bonnes nouvelles ont eu tendance à se faire plutôt rares pour la nouvelle console de salon de Nintendo.

Dans ce contexte, la sortie de Lego City Undercover (LCU) apparaît comme une vraie bouffée d’oxygène. Enfin, la Wii U peut se prévaloir d’un titre original conçu à priori spécialement autour de ses capacités... Il était temps ! Reste plus qu’à voir si le jeu est finalement à la hauteur des attentes et des enjeux qui pèsent sur lui !

         

Y-a-t-il un flic pour sauver la Wii U?

Je ne vous ferai pas l’affront de vous présenter les Lego, ces fameuses petites briques colorées, créées au Danemark à la fin des années 1940 qui font quasiment partie de la mémoire collective universelle et dont l’esthétique a fini par entrer dans les plus prestigieux musées. Les Lego, tout le monde connaît et y a joué au moins une fois dans sa vie. Et c’est encore plus vrai depuis que les Lego se sont lancés dans les jeux vidéo en s’associant aux plus grandes licences cinématographiques telles que la Guerre des Etoiles, Indiana Jones, ou Le Seigneur des Anneaux...  

course pousuiteGénéralement très réussis et aussi fidèles qu’irrévérencieux envers les œuvres qu’ils pastichent les jeux vidéo Lego sont désormais des incontournables qui ont aussi grandement participé à moderniser l’image de marque des Lego tout en pérennisant leur succès. D’ailleurs, à chaque jeu vidéo estampillé Lego répond toujours son lot de boîtes de "vrais" Lego permettant de recréer à la maison les aventures décrites dans les films et dans les jeux. LCU n’échappe pas à la règle, bien au contraire même, puisque, bien qu’original et ne s’inspirant d’aucune œuvre en particulier, le jeu reprend directement l’univers de Lego City, une des séries phares de la marque, déjà déclinée en différentes boîtes aux contenus divers et variés (commissariat, hôpital, caserne de pompier..) que l’on retrouve modélisés à l’identique dans le jeu. Pour autant, contrairement aux jeux Lego précédents, LCU ne peut se reposer sur aucune structure narrative  ayant déjà fait ses preuves au cinéma et doit donc tout inventer : histoire, personnages, rebondissements, etc.

 

Une histoire originale

Chase joue au basket

LCU commence deux ans après les évènements racontés dans Lego City : The Chase Begins, sorti sur 3DS. Et si LCU est clairement la suite de ce dernier, il n’est nullement besoin d'y avoir joué pour l’apprécier et le comprendre. Et vous me direz, encore heureux, puisque The Chase Begins est sorti après LCU (mais pour tout savoir autant lire le test).

Lorsque le jeu débute, rien ne va plus à Lego City. La criminalité y a explosé au point qu’il y a une bagarre à chaque coin de rue et qu’on ne peut même plus garer sa voiture deux secondes sans risquer de se faire voler un pneu, voire les quatre ! De plus, Rex Fury, le plus redoutable des criminels de la ville, s’est échappé de prison et  nargue les forces de l’ordre en restant introuvable... Pour remédier à ce chaos et retrouver le malotru, la maire de la ville décide de faire appel à la seule personne ayant déjà réussi à capturer Rex Fury, Chase Mc Cain, un officier de police qui a toujours la frite ! Bon OK, la frite Mc Cain, c’est nul mais comme ça, c’est fait.

Autant être clair, si avant de commencer à jouer, on pouvait légitimement avoir un doute sur la capacité des développeurs et scénaristes du jeu à recréer un univers cohérent et  attachant,  aussi riche et intéressant que ceux choisis pour les jeux précédents, il est atomisé dès la cinématique d’intro qui présente les personnages principaux, pose les bases de l’histoire et surtout impose un ton, gentiment loufoque et nonsensique. Ceux qui s‘attendaient à une histoire générique, mièvre et sans personnalité (comme le sont parfois les pubs pour la gamme "Lego City") en seront pour leurs frais.

 

Quand GTA rencontre les "Zaz"...

Chase suit des traces suspectes...

Pour créer l’architecture de leur jeu, les développeurs ont fait un mix entre les jeux GTA et la série télé Police Squad (qui a donné au cinéma la série The Naked Gun, en français Y-a-t-il un flic pour...). Aux premiers, ils ont repris le concept de la ville ouverte servant d’immense terrain de jeu, à la seconde, son goût pour la parodie frappadingue. Dans LCU,  les personnages et les situations ne sont que des stéréotypes croisés dans maintes séries policières et traités de façon plus ou moins "sérieuse" afin de mieux contraster avec l’avalanche constante de gags "hénaurmes" et de parodies  délirantes. Chaque cinématique n’est d’ailleurs qu’un prétexte à (au moins) un gag ou à un détournement de film célèbre, allant de Titanic aux Affranchis en passant par Aliens, le retour, Moonraker et Les vacances de Barbapapa - juste pour voir si vous suivez. Evidemment, il vaut mieux être sensible à l’humour des "Zaz" (les auteurs de Police Squad) du National Lampoon ou de la revue Mad sous peine de friser l’overdose et de trouver certains gags lourds, très lourds. Cependant, le jeu va tellement vite que le joueur n’a jamais vraiment le temps de (trop) s’appesantir. Et puis, le doublage est vraiment excellent tant en anglais qu’en français, ce qui aide grandement.

 

Une bande son qui dépote!

Chase fait du basketLà encore, on aurait pu craindre un manque flagrant de personnalité ou des dialogues parlés vite faits, mal faits. Les jeux Lego ont été longtemps adeptes de l’école du mime et ne "parlent" en définitive que depuis Lego Batman 2, sorti en 2012, dans lequel il y avait encore pas mal de problèmes de synchroni-sation labiale, de répétitions de phrases inappropriées et surtout de casting, avec des voix ridicules et peu inspirées... LCU règle quasiment tous ces problèmes et frise le sans faute. Des premiers rôles jusqu’aux silhouettes, le casting est impeccable et les acteurs déclament leurs répliques avec un sens de l’à-propos qui fait plaisir à entendre, et pas simplement dans les cinématiques. Que ce soit Chase qui balance une petite phrase après avoir créé un accident ou les passants qui réagissent à une bousculade, c'est un vrai travail d'orfèvre. D’une manière générale, la bande-son est très réussie avec des sonorités très seventies et un score renvoyant à des séries comme Starsky et Hutch ou Shaft.

 

C'est beau, une ville en briques

course poursuite 2Lego City est un mix de plusieurs villes américaines (Miami, New York, San Francisco) dont on reconnaît certains quartiers, certaines rues et certains monuments. La ville a été parfaitement pensée et modélisée dans ses moindres détails. C’est vraiment un pur plaisir de se balader dans Lego City et d’en découvrir chaque recoin tant l’architecture de la ville se confond avec le game design du jeu. On apprécie vraiment le travail effectué qui mélange des bâtiments construits en Lego avec d’autres plus classiques, comme la diversité des lieux qui fait qu’on passe d’un quartier sordide à une forêt ensoleillée et d’un  quartier d’affaire à une grande avenue bordée de cerisiers en fleurs... L’ambiance sonore est idoine avec des sirènes qui hurlent dans le lointain, des chiens qui aboient, des trains qui traînent et des marteaux-piqueurs qui marteau-piquent... Evidemment, il y a encore de nombreux bâtiments vides qui ne sont que des façades et le jour où l’on pourra visiter chaque pièce de chaque appartement de chaque immeuble de chaque rue pour y rencontrer à chaque fois des locataires différents ayant chacun une vie avec leurs impératifs et leurs soucis paraît encore bien loin (Dieu peut dormir sur ses deux  oreilles - à supposer que Dieu ait des oreilles, qu’il en ait deux et, évidemment, qu’il existe) Mais globalement, Lego City est une belle réussite tant dans la forme que dans le fond. Il faut d’ailleurs souligner la finesse et la grande beauté des graphismes qui offrent, qui plus est, une bonne distance d’affichage et de très jolis effets de lumière et de reflets. Là encore le souci du détail force le respect, comme les voitures qui perdent des briques à chaque collision. Dommage alors que le jeu souffre par moment d’un abominable clipping qui bouffe la moitié de l’image... C’est incompréhensible et, lorsque ça arrive, très gênant et énervant. On a juste envie d’ouvrir la fenêtre et d’hurler à la face du monde "POURQUOI?" en secouant sa tête et ses joues comme un chien secouerait ses babines pleine de bave. Sinon, LCU est clairement le jeu Lego le plus abouti visuellement, et carrément même, le plus beau. Le jeu se place sans contestation possible au-dessus de Lego Batman 2 ou encore de Lego Le Seigneur des Anneaux.

Contrairement à GTALCU donne le beau rôle à un officier de police et non à un truand. Il n’est donc pas question de voler les voitures mais de les réquisitionner, nuance. Pas question non plus de tuer ni même de tirer sur les passants, il n’y a pas d’armes à feu à Lego City... Ou presque, Chase disposant notamment d’un pistolet... à peinture, pour repeindre Lego City et ses habitants ! Une alternative bien vue et amusante (et il y en a beaucoup d'autres...). On peut péter les plombs, et s’en prendre à tout ce qu’on veut, la police n’intervient jamais dans LCU ! Bon c'est vrai aussi qu’on est censé incarner la loi et que le principe même des jeux Lego est de tout casser pour tout reconstruire. Mais c’est aussi que le statut de "personnage en Lego" apporte suffisamment de distance avec la réalité pour que les développeurs ne se soient pas sentis contraints d’instaurer des règles strictes pour éviter les carnages déplaisants et malsains - comme dans un GTA.

Une aventure en solitaire

Hélicoptère

Depuis le premier jeu vidéo Lego (LEGO Island, sur PC, en 1997 - d’ailleurs pas franchement réussi) les mécanismes de jeu n’ont que peu évolué même s’ils se sont affinés et améliorés avec le temps.  Il s'agit très souvent de  jongler entres différents personnages pour utiliser leurs capacités distinctes. LCU reprend ce principe sauf qu'au lieu de passer d'un personnage à un autre, Chase se contente de changer de costume. Pour retrouver Rex Fury, Chase se voit dès le départ contraint de se déguiser et d’enquêter "sous couverture" (d’où le titre du jeu) en se faisant passer tour à tour pour un cambrioleur, un paysan, un ouvrier, un pompier, etc. A chaque panoplie, ses atouts : en cambrioleur, Chase peut forcer les portes, en ouvrier, il peut percer les murs et en pompier, éteindre les incendies... Ainsi au fur et à mesure, la panoplie de mouvements du héros s’étoffe, lui permettant d’atteindre un tas de nouveaux endroits et d’élargir le champ des possibles. Finalement ce petit changement (dans la continuité) n’apporte pas grand-chose de nouveau par apport aux opus précédents puisque c’est grosso modo la même chose (au lieu de changer de personnages, on change de costumes) mais il en cache un autre, beaucoup plus grand, puisque LCU ne dispose pas de mode coopération, ce qui, à ma connaissance est une première dans un jeu Lego sur console de salon. Dans LCU, il n’y a qu’un seul héros donc il n’y a qu’un seul joueur.  

 

Un GamePad dans la poche

Chase et son Gamepad

Evidemment, Wii U oblige, le gamepad est à l’honneur dans LCU. Les développeurs ont même fait le choix d’en faire un élément de jeu à part entière en  l’intégrant à l’histoire, au point de le rendre indispensable pour jouer. Dès le début de l’aventure, Chase reçoit une copie du gamepad qu'il glisse dans sa poche, ce qui n'est pas l'idéal pour faire du vélo, mais va s'avérer très utile durant l’aventure. En pratique, cela se traduit par la carte de Lego City  qui s’affiche en permanence sur l’écran du gamepad avec différents objectifs en surbrillance et la possibilité de créer ses itinéraires. Il y a aussi un scanner que l’on peut utiliser n’importe où pour  mettre en évidence différents items cachés dans le décor et qui utilise les fonctions gyroscopiques du gamepad (comme dans Batman Arkham City : Armored Edition par exemple) ainsi que différents menus interactifs et des interventions vidéo "live" des supérieurs de Chase. Là encore, il n’y a rien à redire, les développeurs ont fait du beau boulot et l’on apprécie une nouvelle fois le sens du détail. Par exemple, lorsque Chase reçoit un appel, la voix de son interlocuteur sort par les haut-parleurs du gamepad, ce qui paraît logique, mais si on baisse le son de la manette, ce sont les enceintes de la télé qui prennent automatiquement le relais !  

Finalement, ces "features" au gamepad ne sont peut-être pas vraiment indispensables et il faut prendre l'habitude de regarder deux écrans en même temps, mais mine de rien, elles lui apportent beaucoup de fluidité et de dynamisme puisque presque tout se fait en temps réel sans passer par des menus en pause.

 

Quelques fausses notes...

Brubaker style!

Quel dommage alors que des temps de chargements insupportablement longs viennent parfois casser le rythme du jeu. Heureusement qu’ils sont peu nombreux et ne surviennent qu’à certains moments précis, lorsqu’on entre ou sort du commissariat central par exemple, ou encore en début de partie. Mais c’est sûrement le prix à payer pour pouvoir ensuite traverser la ville de long en large sans coupure ni temps de chargement... Par contre, le jeu ne supporte pas l’option "off tv" qui en quelques mois à peine s’est pourtant imposée comme une option indispensable sur Wii U.  C’est dommage mais en même temps cela aurait quelque peu modifié l’expérience de jeu qui veut que le joueur ait accès en permanence à deux écrans... On verra bien si dans quelques semaines le jeu est finalement annoncé sur d’autres supports (ce qui ne serait pas étonnant) et que finalement, il s’en passe très bien... On note aussid 'autres petits soucis ici ou là. Si Chase se dirige toujours sans problème (au stick ou à la croix) les combats sont un peu brouillons et le système aurait gagné à être plus précis... Idem pour certains véhicules dont l’inertie étrange rend la conduite parfois délicate, notamment avec les camions semi-remorques qui, sur les routes,  zigzaguent à n’en plus finir. Et que dire de la vitesse qui est bien trop limitée, au point de donner parfois  l’impression de participer à des courses de momies d’escargots paraplégiques (et je n’abuse jamais). Heureusement que le jeu propose un nombre conséquent de véhicules différents (près de 200) incluant des motos,  des trains, des autobus et même des hélicoptères, ce qui permet de varier les sensations. Comme les autres jeux Lego, LCU n’est pas franchement difficile et on ne se retrouve que très rarement bloqué à devoir refaire une mission plusieurs fois - même si ça arrive... Tout a été fait pour que le joueur ne ressente aucune frustration, et il n’y a d’ailleurs pas de game over. LCU est un jeu grand public et son challenge ne se trouve pas dans la difficulté, mais dans la multitude de défis à débloquer et de choses à faire.

 

Conclusion

LCU est un titre excellent et très original qui vient combler un manque dans le paysage vidéoludique, où il y a étonnement peu de GTA-like grand public. Son mode histoire est riche en péripéties variées et s’accorde sans fausse note avec son côté bac à sable qui promet des heures et des heures d’amusement, sachant que la trame principale se boucle en une quinzaine d’heures et qu’elle correspond à plus ou moins 20% du contenu total du jeu. Et même si ce genre de pourcentage ne veut souvent rien dire (car s’il  faut ramasser douze millions de briques pour arriver à 100% c’est un peu ridicule) dans LCU, cela donne quand même une indication de la masse d’actions qui restent à faire. D’ailleurs, une fois l’aventure terminée, c’est presque un nouveau jeu qui commence avec des tas de nouveaux endroits à découvrir et de pièges à déjouer ainsi que des dizaines de costumes, de voitures et d’objets à collecter.

Par ailleurs, le jeu étonne vraiment par sa finesse d’écriture et la qualité de son interprétation. C’est le jeu Lego le plus drôle jamais conçu, voire peut-être tout simplement le jeu le plus drôle jamais paru. On est loin, très loin du jeu pour enfants, un peu bébête auquel on pouvait s’attendre. Les gags et les parodies s’enchaînent à une vitesse assez folle et sont dignes de ceux de la série Police Squad. Le plus fort, c’est qu’ils sont parfaitement intégrés à la trame et ne dénotent jamais avec le reste du jeu sur lequel souffle un véritable vent de folie ! Quant à la fin, c'est un grand moment digne d'un James Bond (légerement sous acide!).

Pour autant, le jeu n’est pas exempt de défauts. On regrettera notamment un clipping  parfois gênant ainsi qu’une conduite et des combats qui auraient gagné à avoir plus de répondant. On pestera aussi contre des temps de chargement parfois indécents mais heureusement peu nombreux. Dommage aussi que les développeurs n’aient pas trouvé une compensation à l’absence de mode coopération ni de solution pour que le jeu soit jouable sans télé... Cependant, à moins d’être Legophobe, difficile de passer à côté de LCU lorsqu’on possède une Wii U. C’est à ce jour, à n’en point douter, son meilleur jeu.

9
Lego City Undercover est un titre excellent et très original qui vient combler un manque dans le paysage vidéoludique et s'impose sur Wii U comme un indispensable, tout simplement!

  • Univers délirant
  • Lego City, sublime
  • Grande qualité d’écriture
  • Des gags hilarants
  • Monde ouvert réussi
  • Missions variées
  • Final digne d'un James Bond!
  • Aire de jeu dense...
  • ... Mais finalement restreinte
  • Combats brouillons
  • Conduite à améliorer
  • Bonsoir le clippin
  • Pas de mode coop
  • Pas d’option OffTV
  • Temps de chargement mortels
  • Pour 100 briques, t’as plus rien!