Cyberpunk 2077, développé par CD Projekt Red, est l’un des jeux les plus attendus et controversés de la décennie. Sorti initialement en décembre 2020, le jeu a connu des débuts chaotiques, marqués par des bugs, des performances décevantes sur consoles et une vague de critiques. Cependant, grâce à de nombreuses mises à jour, dont la version 2.0 et l’extension Phantom Liberty (2023), le jeu a été largement réhabilité. Et c’est bien ce jeu qui débarque au lancement de la Nintendo Switch 2, tout en proposant l’intégralité du contenu sur sa cartouche ! Exploit ou pas ?
Test réalisé à partir d'une version fournie par l'éditeur.
Bienvenue à Night City !
Cyberpunk 2077 se déroule dans Night City, une mégalopole futuriste où règnent les corporations, les gangs et la technologie. Vous incarnez V, un mercenaire personnalisable (genre, apparence, passé), qui se retrouve impliqué dans une intrigue complexe après un braquage qui tourne mal. L’histoire principale tourne autour d’une puce contenant l’engramme de Johnny Silverhand, une figure légendaire interprétée par Keanu Reeves (qui, rappelons-le, avait fait une entrée en scène lors d’un show). Le scénario aborde des thèmes profonds comme l’identité, la mortalité et le capitalisme débridé. Les dialogues, bien écrits, offrent des choix significatifs qui influencent l’histoire.
Night City est un monde ouvert d’une richesse inégalée. Chaque quartier (des bas-fonds de Pacifica aux gratte-ciel de City Center) possède une identité visuelle et narrative unique. Le titre regorge de personnages mémorables tels que Johnny Silverhand, Panam Palmer ou Judy Alvarez, qui sont ni plus ni moins que des compagnons marquants, avec des arcs narratifs soignés. Phantom Liberty ajoute une nouvelle zone (Dogtown) et une intrigue d’espionnage captivante, avec des choix moraux complexes et une fin mémorable. Et à dire vrai, on s’attache à cet univers assez rapidement. Tout y est captivant et terriblement cohérent. Certains sujets abordés posent clairement question…
Liberté et diversité
Cyberpunk 2077 est un RPG en vue à la première personne, avec des éléments de shooter et d’infiltration. La version 2.0 a repensé de nombreux systèmes, rendant le gameplay plus fluide et varié. Ce que l’on notera, c’est la personnalisation poussée de votre avatar – et nous entendons par là, autre que physique. Les arbres de compétences (Corps, Réflexes, Intelligence, Technique, Sang-froid) permettent de créer des builds uniques (samouraï high-tech, hacker furtif, tireur d’élite, etc.). Ainsi, le style de jeu change radicalement suivant vos choix de compétences. Il est même parfois étonnant de se demander régulièrement : “Mais si j’avais fait autrement ?”
Côté gameplay, les gunfights sont nerveux, avec des armes variées (pistolets intelligents, katanas, fusils à impulsion). L’infiltration et le piratage (via le système de quickhacks) offrent des approches alternatives. Tout a été pensé pour aborder chaque situation de différentes manières. Même le corps-à-corps (couteau, katana, batte…) fonctionne très bien et apporte de très bonnes sensations. En revanche, la conduite des véhicules, bien qu’améliorée, manque encore de précision, et certains véhicules se comportent comme de vraies savonnettes. En revanche, on peut dire que côté design, le travail est complètement dingue, tant en vue intérieure qu’extérieure.
Le titre fait aussi la part belle à l’exploration, la rendant au passage gratifiante. Night City regorge de quêtes secondaires, de gigs (missions courtes) et de secrets à découvrir. Les quêtes annexes, souvent aussi soignées que l’histoire principale, enrichissent l’expérience. Phantom Liberty introduit de nouveaux gadgets (comme le bras cybernétique multifonction) et des combats de boss spectaculaires. L’IA des ennemis et des PNJ reste perfectible, même après les mises à jour. Les passants réagissent parfois de manière étonnante. Certaines mécaniques, comme le crafting, restent sous-exploitées et complexes pour peu de bénéfices.
Cette version Switch 2 vaut-elle polémique ?
Avant toute autre chose, il convient d’aborder la direction artistique absolument sublime : Night City est un chef-d’œuvre visuel, avec des néons vibrants, des reflets réalistes et une attention aux détails hallucinante. Et ça ne s’arrête pas à ce que vous voyez : la bande-son est elle aussi magistrale. La musique, mélange de synthwave, rock et hip-hop, colle parfaitement à l’ambiance. Les stations de radio et les doublages sont excellents, même en français. Tout est fait pour donner l’illusion d’appartenir à Night City, une ville que j’oserais presque comparer à Gotham tant elle a une âme. Enfin, la durée de vie est très bonne, bien que l’histoire principale ne soit pas très longue de son côté (comptez 20–25 heures en ligne droite et entre 60 à 100 heures pour faire toutes les autres activités).
Venons-en donc à cette version Switch 2, qui peut recevoir des critiques ici et là, et tout particulièrement sur les réseaux sociaux. Je n’aborde jamais ce type de sujet, mais cette fois, je vais légèrement m’y pencher. J’ai lu que, par exemple, plus rien n’apparaît lorsque l’on roule à grande vitesse : ni PNJ, ni voiture. Au risque de décevoir, c’est faux. En revanche, on peut s’accorder sur le fait que la circulation est moins dense, mais elle n’est pas vide pour autant. Il fallait bien faire des concessions sur une machine qui, physiquement – il est bon de le rappeler – est à peu près six fois plus petite que ses concurrentes (écran compris). La ville serait déserte ? Là aussi, c’est faux. Il y a pas mal de PNJ, et certains endroits sont clairement très fréquentés. Encore une fois, c’est à moindre échelle, mais ça reste très convenable et n’entache pas l’expérience.
Le titre est souvent accusé de ne pas être stable. Alors oui, vous n’aurez pas du 60 FPS, mais le 30 FPS reste solide. De plus, les reflets sont assez bluffants pour une console portable de cet acabit. On notera en revanche quelques ombres disgracieuses de votre personnage quand celles-ci se projettent sur des murs (ça ne m’est arrivé que 3 ou 4 fois sur les dizaines d’heures de jeu que j’ai faites). C’est aussi l'occasion de valoriser une partie du hardware de la console qui m’a agréablement surpris : le son ! Autant sur d’autres jeux je n’ai pas forcément senti un gap, autant sur Cyberpunk, on ressent clairement une forme de son spatial avec les haut-parleurs de la console, et tout particulièrement lors des dialogues. Bref, ce ne sera pas la version parfaite, comme certains veulent l’entendre, mais ça reste une prouesse de faire tourner un jeu pareil avec cette qualité.