What Comes After est un jeu développé par Fahmitsu (à ne pas confondre avec le célèbre magazine japonais), l'une des personnes derrière le jeu Coffee Talk, et le studio indonésien Rolling Glory Jam à qui nous devons le jeu d'aventure Rage in Peace. What Comes After est prévu pour le 1er avril 2021 sur Nintendo Switch.

Pas du tout une blague

Le jeu ne sort à cette fameuse date que par hasard, en effet, ce petit jeu indépendant coloré et mignon à souhait, traite de thématiques assez difficiles, il aborde notamment le sujet de la dépression, de la mort, du deuil, des regrets ou encore du suicide... un programme en apparence très morbide. Mais seulement en apparence, le jeu tire sa force de sa manière de traiter de ces problématiques, il le fait de manière légère mais juste, sans jamais tomber dans la déprime ou dans le pathos. La narration et l'histoire se situent toujours dans le juste milieu et permettent d'aborder ces sujets difficiles et personnels de la meilleure manière qui soit, en étant à la fois ludique, bien écrit et jamais trop grave.

Vous incarnerez donc Vivi, une jeune femme qui, à la fin de sa journée, s'endort dans un train. Après son réveil dans ce même train quelques heures plus tard, tout autour d'elle est différent. Celui-ci fait désormais route vers l'au-delà et il est rempli de fantômes. Dans ce walking simulator, vous allez pouvoir contrôler Vivi et marcher dans le train à la rencontre de ces fantômes afin de dialoguer avec eux. Ils vous raconteront leurs morts, leurs anecdotes de vie, leurs regrets, leurs craintes et leurs appréhensions en délivrant constamment de très belles leçons de vie. Marcher vers les fantômes et écouter leurs histoires est l'unique but du jeu. Le jeu ne vous demandera véritablement que de marcher, généralement vers la droite de l'écran, et d’interagir avec tous les fantômes. Si vous étiez là pour du gameplay, vous pouvez repasser.
"On n'apprécie jamais pleinement ce que l'on possède jusqu'à ce qu'on le perde"

Un vrai conte pour enfants

Au gré de vos rencontres vous allez passer par tous les stades émotifs possibles. En quelques instants le jeu vous fera passer du rire aux larmes grâce à ses dialogues très bien écrits et les petites maximes que les fantômes vous déclareront. Si Vivi semble très effacée au début du jeu c'est à la fois pour laisser plus de places dans les dialogues aux fantômes mais c'est aussi pour une raison scénaristique. Discrète et réservée Vivi passera l'intégralité du jeu à marcher sans aucune assurance, traînant des pieds et cherchant à se faire le moins remarquer possible, que ce soit dans le monde des vivants ou dans celui des morts. Malgré cela, elle fera preuve d'une immense empathie avec les différents personnages que vous allez rencontrer à ses côtés, personnes de tout âge, animaux ou même végétaux. Cette grande bienveillance de la part de Vivi se transmet au joueur avec une justesse incroyable et permet au jeu de véritablement briller dans toutes ses petites scénettes. Certaines rencontres sont incroyablement marquantes comme celle avec un nourrisson mort-né, oui ce n'est pas très réjouissant, qui nous donnera une belle leçon de vie. Le passage avec les animaux, domestiques et sauvages, est aussi très touchant et fait parti d'un des moments les plus émouvants de tout le jeu. En plus, les développeurs ont eu le très bon goût de coder une animation unique pour que l'on puisse caresser chacun des animaux domestiques rencontrés.

Que l'on s'identifie aux situations et aux histoires racontées ou non, que l'on ressente de la peine ou de la joie en lisant les dialogues, il est indéniable que le jeu possède une excellente écriture et des dialogues très profonds. Tout le jeu fait penser à un véritable conte philosophique pour petits et grands à l'image du Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry. Il aborde des sujets compliqués ludiquement en gardant toujours le juste ton, jamais trop triste, jamais trop comique, l'écriture est maîtrisée de bout en bout. Le jeu en a d'ailleurs conscience puisqu'il permet à tout moment de relire tous ses dialogues grâce à un carnet dans lequel sera inscrit l'intégralité des échanges. C'est une fonctionnalité à la fois très bienvenue et qui fonctionne bien. Vers la fin du jeu, un petit twist scénaristique sous la forme d'une révélation est présent et amène une belle conclusion à l'histoire. La morale et les jolies phrases distillées au fil du voyage de Vivi valent à elles seules le coup. What Comes After est un jeu qui fait du bien, on en ressort à la fois grandi et soulagé. Certains passages peuvent être assez difficiles moralement mais le jeu et l'aventure en valent la chandelle. En cette triste période c'est un jeu vraiment thérapeutique, d'ailleurs What Comes After est un vrai jeu de son époque. Développé durant la crise sanitaire, Vivi porte un masque durant toute l'aventure, c'est un petit détail mais c'est à noter et c'est une façon d'ancrer ce jeu dans notre réalité.

Cependant, nous nous devons de vous prévenir du plus gros point noir du jeu. La traduction française de celui-ci n'est tout simplement ni faite ni à faire, tous les textes ont été passé à la traduction automatique de type google traduction et l'écriture en pâtit terriblement. En français les personnages vont constamment switcher entre le vouvoiement et le tutoiement dans leurs dialogues et les expressions anglaises sont traduits de manière littérale, amenant bon nombre d'incohérences. C'est vraiment dérangeant et ça casse terriblement l'immersion. Si le jeu ne demande pas un niveau très élevé en anglais pour être fait, il est regrettable de devoir passer le jeu en anglais pour en profiter alors même qu'une traduction est présente.
"Je suis sûr que tu vas beaucoup apprendre dans ce train"

Un plaisir textuel, visuel et auditif.

En plus de son fond, What Comes After brille aussi par sa forme puisque visuellement le jeu est tout à fait charmant. Les graphismes et la direction artistique sont à la fois réussis et bien choisis. Les animations sont irréprochables et permettent au monde du jeu de sembler à la fois très vivants (pour une représentation de l'au-delà) et très dynamique. Chaque wagon du jeu possède sa propre identité, si bien que nous nous sommes surpris à nous attarder devant le jeu afin d'observer tous les petits détails et ainsi s'enivrer de l'ambiance générale du titre. Le jeu donne lieu à certains moments de contemplations qui permettent de souffler entre deux histoires touchantes et dispose aussi de quelques moments superbement mis en scène comme la scène de la balançoire ou encore toute la conclusion du jeu.

Si le jeu ne dispose pas de doublage ce n'est en aucun cas un problème puisque l'ambiance sonore est suffisamment travaillée pour être immersive, évidemment il ne faudra pas être allergique à la lecture pour profiter de l'expérience. Les quelques bruitages et onomatopée viennent compléter l'ambiance calme et reposante du jeu, même si les petits sons de dialogues finissent par être assez redondant vers la fin du jeu. Musicalement c'est un sans-faute, même s'il ne possède seulement quelques musiques elles sont parfaitement appropriées et la chanson du dernier acte reste longtemps en tête. 

Au niveau technique, c'est un petit jeu mais il tourne parfaitement sur la Nintendo Switch, sans concessions et sans ralentissements. Aussi joli en mode portable qu'en mode docké, le jeu est parfaitement adapté à la console hybride. Bien que très court, comptez moins de 2 heures pour voir la fin, le jeu reste frais du début à la fin et malgré un prix de vente assez élevé (il vous coûtera 6,99 euros sur l'eShop) il demeure un très beau jeu que nous vous recommandons.
"J'ai vécu une belle vie, que pourrais-je souhaiter de plus ?"