Nintendo Switch

Candleman

Test Switch

Candleman

Par Mimir - Le 18/02/2020 à 14:00

Grande chandelle deviendra petite. À force de se consumer et fondre, celle qui nous aura procuré lumière et réconfort disparaîtra dans un petit tas de cire qui nous laissera de marbre. Et après tout, pourquoi en serait-il autrement ? Elle n’aura fait qu’« accomplir son destin ». Mais ça, c’était avant de jouer à Candleman qui nous aura sensibilisé à la cause des bougies qui mérite d’être entendue et défendue. Plus question de les abandonner à leur triste sort pour notre petit confort personnel. Et après avoir lu ce test, et peut-être même joué à Candleman, vous y réfléchirez à deux fois avant d’immoler une innocente. Car ce crime ne restera pas impuni. Vous devrez en répondre devant Zodiac Interactive, défenseur des droits de la bougie et Spotlightor Interactive, porte-parole de l’association des bougies fondues.

Bougie animée

Candleman est un jeu atypique sur bien des aspects et qui, par conséquent, en charmera certains tandis qu’il en rebutera d’autres. Le premier, et pas des moindres, tient au « personnage » que vous contrôlez. S’il n’est pas rare d’interagir au travers d’animaux ou de créatures de l’imaginaire, il est plus inhabituel de mouvoir un objet, et notamment une bougie. Enfin, plus exactement, vous avez le contrôle du bougeoir doté de deux petites jambes dans lequel repose votre bougie, ce qui finalement revient au même.

Si vous êtes resté coincé au siècle dernier et pensiez encore les objets insensibles et dépourvu d’âme, alors c’est que vous n’avez pas lu la plus mauvaise partie de Bleach encore joué à Candleman. Comme toute bougie, celle-ci est sujette à quelques états d’âme et se posera des questions existentielles propres aux bougies. Satisfaite de sa flamme, elle ne l’est pas longtemps. Car de derrière son hublot, elle aperçoit au loin une lumière plus forte que toutes les autres, capables de guider n’importe qui dans la nuit : un phare. Pourquoi brille-t-il si fort au point d’éclipser toute autre lumière ? Et elle, pourrait-elle briller comme lui ?

Il n’en fallait pas plus à notre bougie bipède pour se lancer à l’aventure. Une aventure qui mêlera plateforme et « énigmes » avec de gros guillemets, agrémentées d’une traduction française quelque peu hasardeuse, mais qui aura néanmoins le mérite d’exister.

10 secondes et pas une de plus

Pour rejoindre le phare, il vous faudra d’abord quitter le vieux navire abandonné où vous croupissez, si tant est que cela puisse être le cas pour une bougie, ce qui, à l’image du reste du jeu, se révèlera relativement simple. Autant le dire d’emblée, si vous êtes en quête de défi, Candleman ne sera sans doute pas un candidat de choix.

Hormis les déplacements tout à fait classiques, vous n’aurez que deux touches d’action, ce que d’autres jeux ont déjà révélé comme redoutablement efficace : sauter et… vous enflammer. Étant une bougie, vous profiterez effectivement de votre lumière pour éclairer les lieux baignés dans l’obscurité, sous peine de tomber dans un trou ou dans l’eau et ainsi trépasser, une bougie ne sachant ni voler ni nager. C’est sur cette idée toute simple que repose le concept même du jeu.

Toutefois, vous ne pourrez tenir votre bougie allumée que 10 secondes. Un véritable défi… ou pas. En vérité, il est peu probable que votre bougie sur pattes ne fonde de la tête au pied. Il suffit d’une fraction de seconde pour éclairer les lieux et apercevoir les environs. Vous laisserez même derrière vous des gouttes de cire qui vous seront utiles si vous avez le malheur de mourir, puisqu’elles resteront au sol : vous pourrez ainsi vous en servir comme guide pour éviter d’avoir à raviver la flamme et fondre comme neige au soleil. Comme si cela ne suffisait pas, à chaque fois que votre bougie reviendra d’entre les morts elle sera pleine et entière. De quoi vous laisser de la marge d’autant plus que les niveaux ne sont pas bien longs.

Vous pourrez donc vous engager sereinement sur les tuyaux ou les poutres les plus étroits, sûr de revenir à la vie sans rien sacrifier, d’autant plus que vous débloquerez dans chaque niveau des points de contrôle qui vous éviteront la peine d’avoir à tout reprendre de zéro.

Que la lumière soit

Vous aurez d’ailleurs quelques bougies à enflammer dans chaque niveau (dont les fameux points de contrôle). Cela constitue un petit objectif annexe à celui de simplement arriver à la fin du niveau, et vous octroie un peu de lumière supplémentaire. Les chandelles sont plus ou moins dissimulées, mais jamais impossibles à trouver, si bien que, là aussi, vous ne tournerez pas en rond bien longtemps.

Si repousser les ténèbres est la fonction première de votre flamme, elle n’est pas la seule. Allumer votre mèche est aussi l’occasion de déclencher quelques petits mécanismes bien pensés et intuitifs, car introduits intelligemment à chaque fois. En éclairant les lieux, de ce qui était alors un précipice sans fond écloront des fleurs dont les pétales chatoyants vous serviront de plateformes. Des espèces de gros fruits à coque mûriront plus vite, tomberont de leurs branches et dégringoleront sur une pente toute tracée pour vous ouvrir la voie. Même la glace fondra devant votre lumière, quand ce ne seront pas des feuilles phosphorescentes à la surface de l’eau qui répondront à votre appel.

De manière générale, chaque chapitre essaye d’apporter sa petite touche en proposant des mécaniques différentes, mais qui repose sur le même concept. Ce n’est sans doute pas inédit, mais le tout fonctionne bien. On reprochera parfois, d’un niveau à l’autre au sein d’un même chapitre, un air de déjà-vu, tout comme on regrettera la simplicité des énigmes qui n’en ont finalement que le nom et auraient mérité d’être un peu plus poussées. À l’image de l’absence de difficulté, elles satisferont néanmoins ceux qui recherchent une progression qui se veut plus contemplative, ce à quoi se prête indéniablement l’ambiance générale de Candleman.

Et la lumière fut

Ces différents mécanismes sont aussi l’occasion de constater que les environnements visités sont assez variés et inégaux d’un point de vue visuel et de l’intérêt procuré, alors même qu’ils sont tous portés par une ambiance sonore plutôt aboutie. Les premiers pas pourraient même apparaître un peu austères, la faute à des environnements plutôt ternes qui ne laissent place qu’à peu d’imagination. Peut-être de quoi rebuter des joueurs en devenir qui n’y trouveraient pas leur compte, alors même que le jeu, de par sa facilité, est parfaitement accessible au plus jeune âge. Candleman est comme prisonnier entre deux eaux, comme s’il ne s’était pas destiné à un public en particulier.

Il semble même au premier abord développé pour proposer une expérience de jeu basée sur une idée, de manière assez expérimentale. Cette première impression nous aura tenus encore un bon moment, jusqu’à ce que le titre ne se dévoile enfin, mais tardivement. Curiosité oblige, il apparaît que Candleman est un jeu initialement créé lors d’une Game Jam, dont l’objectif était de développer un titre sur le thème des « dix secondes », soit la durée de vie de notre bougie allumée. Sans doute est-ce là ce qui explique les premières heures de jeu peu convaincantes pour Candleman qui, à la base, est donc un jeu « concept » qui manque d’enrobage.

Cela est d’autant plus dommage que l’aventure se bouclera en 5 heures environ. Pourtant, il y ce que l’on pourrait appeler de grands moments, qui interviennent vers la fin du jeu initiale. Initiale, car la version Switch profite de 3 chapitres supplémentaires qui font montre de plus d’ingéniosité que les précédents, introduisant entre autres des jeux d’ombres et de lumières qui réclament plus d’attention. Mais tout cela arrive tardivement et, hormis l’obscurité et les quelques maigres pièges qu’elle recèle, vous ne rencontrez guère d’obstacles.

7
Candleman est un jeu plutôt joli qui propose différents environnements plus ou moins inspirés, mais toujours portés par une ambiance sonore qui vise juste. Toutefois, en plus d’être accessible à outrance, le titre prendra son temps pour proposer une aventure un peu plus haute en couleur, si bien que les premiers pas sont un peu traînants. Il faudra persévérer pour apercevoir quelques moments épiques, à moins de ne se laisser emporter par une aventure à la limite du contemplatif et accompagner le petit être de cire. En résumé, dommage que les vraies idées tardent à venir, mais contre toute attente Spotlightor Interactive a réussi un tour de force : vous prendre d’affection pour une bougie qui semble seule au monde.

  • Accessible au plus grand nombre…
  • Plutôt joli
  • Ambiance sonore réussie
  • Des environnements assez variés
  • Quelques moments épiques
  • Une bougie qui nous ferait fondre
  • Des mécaniques intéressantes…
  • … Vraiment très accessible
  • Quelques niveaux répétitifs
  • Un début peu convaincant
  • Traduction française hasardeuse
  • … Qui mériteraient d’être davantage exploitées