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L'Histoire de Nintendo : Episode 4 : Epoque légendaire (1989-1995)

Par Amano - Le 19/04/2020 à 10:00

Bonjour à tous et bienvenue dans le 4ème épisode de L'Histoire de Nintendo, dédié à deux des consoles Nintendo les plus connues de tout les temps : la Game Boy et la Super Nintendo !

On s'était arrêté en 1989. La NES commence à être rattrapée par les années, la (le) Game Boy vient de sortir. Cette console s'annonce comme étant la relève des Game&Watch, qui continuaient à exister malgré l'apparition de la NES. Crée par l'illustre Gunpei Yokoi, il s'agit d'une console possédant un écran monochrome, comme ce qu'on avait vu il y a deux semaines.

Malgré ce qu'on pourrait croire, la bécane est légèrement plus puissante que la NES. Certes elle possède un écran monochrome et non rétro-éclairé, mais son processeur graphique est plus récent. La NES possède un Zilog Z80, là où la (le) Game Boy possède un Sharp Z80. La console possède donc un processeur graphique assez puissant pour l'époque, surtout pour une console portable.

Cependant, Yokoi voulait concevoir une machine qui pouvait se vendre à un prix relativement bas, stratégie qui avait plus que fait ses preuves avec la Famicom/NES 6 ans auparavant. Ainsi, la console a un processeur puissant pour l'époque et elle possède une puissance de calcul sonore équivalente à celle de la NES. Mais c'est surtout son écran monochrome de 23 040 pixels qui va faire en sorte que le prix soit assez bas. Résultat, la (le) Game Boy est vendu(e) en France au prix initial de 590 francs (soit 90 euros), dans un pack qui contient :

  • La console
  • un "Câble Link", qui permet de relier 2 consoles pour jouer à 2 (par exemple, s'affronter dans Pokémon)

  • Des écouteurs stéréo

  • 4 piles R6, afin d'éviter les mauvaises surprises

  • Le jeu Tetris

C'est ce prix très bas et sa petite taille qui vont permettre à la machine de devenir leader du marché des consoles portables. Malgré des concurrentes bien plus puissantes qu'elle, comme la Lynx d'Atari ou la Game Gear de SEGA, la (le) Game Boy s'impose comme la leader du marché des consoles portables.

La portable deviendra la première console de l'histoire a dépasser les 100 millions d'exemplaires (118 millions aujourd'hui). Elle a été un tel succès qu'elle sera produite pendant 14 ans, jusqu'en 2003... Par exemple, il s'est écoulé près d'1,4 million de Game Boy en France lors de sa première année de commercialisation.

Comme dit plus haut, le pack original de la console était fourni avec le jeu Tetris, qui deviendra très vite un gros hit de la machine. Comme vous le savez peut-être, Tetris est un jeu sorti originellement en 1984 sur ordinateur, développé par Alekseï Pajitnov. Au CES de 1988, Henk Rogers remarque le jeu et sachant que la (le) Game Boy était en développement, il appelle Minoru Arakawa, directeur de Nintendo of America, afin de lui proposer Tetris en tant que jeu de lancement de la portable. Arakawa accepte et Tetris sortit avec la (le) Game Boy. Le titre fut un succès tel qu'en 2004, Alekseï Pajitnov, créateur de Tetris, déclara que la version Game Boy était sa préférée.

Revenons un peu en arrière, en 1987. La Famicom a alors 4 ans et Nintendo sait qu'il faut préparer la suite. Si leur première console de salon a su écraser l'ensemble de ses concurrentes, rien ne dit que le futur sera aussi doré. Surtout que l'année 1987 marque le début de l'ère des consoles 16-bit, des consoles de 4ème génération.

NEC lance ainsi sa PC-Engine, console certes considérée comme une 8-bit, mais qui était tout de même bien plus puissante que la Famicom. Sega, numéro 2 du marché, suivra l'année suivante avec sa Mega Drive, première véritable console 16-bit sur le marché. Sega avait réussi à freiner le succès de la NES en Europe en sortant sa Master System quelques temps avant, l'entreprise décide donc de réitérer cet exploit en l'étendant à l'intégralité du globe.

La NES est donc officiellement une console old-school, qui est dépassée par ses concurrentes. Si des jeux continuent de sortir dessus, le vent va commencer à tourner. Nintendo doit accélérer le développement de sa nouvelle machine. On retrouve donc Masayuki Uemura à la conception de la machine, Uemura qui était également le concepteur de la Famicom. La console sera donc nommé la Super Famicom. La console sort finalement le mercredi 21 novembre 1990 au Japon, avec un prix fixé à 25 000 yens (190 euros). La sortie de la Super Famicom marque d'ailleurs un tournant, puisque pour la première fois, une console Nintendo est plus chère qu'une concurrente, la Mega Drive coûtant 21 000 yens à sa sortie (176 euros).

La console connaît très vite un grand succès au pays du Soleil Levant, à tel point que des livraisons de nuit de Super Famicom ont été dépouillées par des yakuzas. Nintendo récupère donc sa place de leader du marché japonais, et décide de lancer la Super Famicom dans le reste du monde, où la Mega Drive commence à s'implanter.

C'est en août 1991, près de 1 an après la sortie japonaise, que sort la Super Famicom aux USA. Nintendo of America a choisi d'utiliser la même stratégie qu'à la sortie de la NES en 1985, soit 6 ans auparavant. Ainsi, la Super Famicom sort sous le nom de Super Nintendo Entertainment System aux USA, avec un design corrigé, pour un prix total de 199 dollars.

Pour ce qui est de l'Europe, elle sortira à l'horizon 1992. Nos versions devaient à l'origine avoir le même design que l'américaine, avant que le design japonais soit finalement préféré. Ainsi, en France, la Super Nintendo Entertainment System sort le 11 avril 1992, pour un prix de départ à 1 290 francs (196 euros), pour un pack contenant la console, deux manettes et le jeu Super Mario World. Le pack devait à l'origine coûter 1 490 francs (227 euros), mais la sortie d'un pack contenant la Mega Drive et Sonic the Hedgehog à 1 290 francs forcera Bandaï France, distributeur de la console, à s'aligner afin d'éviter un flop commercial. 4 jeux sont également lancés le 11 avril, à 449 (68 euros) francs l'unité : F-ZERO, Super Tennis, Super Soccer et Super R-Type.

Si la domination de la SNES sur le marché japonais a été totale, cela est bien plus discutable dans le reste du monde, où la Mega Drive et la SNES se livreront l'une des batailles les plus célèbres de l'histoire du jeu vidéo. Si la SNES a été au final victorieuse, avec 49 millions de ventes contre 39 pour la Mega Drive, cette guerre commerciale a marqué l'histoire du jeu vidéo. Mascottes des sociétés, spécificités techniques des 2 consoles, catalogue de jeux, tout était sujet à comparaison et les deux firmes n'hésitaient pas à remettre de l'huile sur le feu. C'est réellement à partir de 1992 que le vent va commencer à tourner en faveur de Nintendo, avec la sortie européenne de la SNES, tandis que Sega de son côté se perdra peu à peu en sortant extension sur extension.

Côté catalogue, la SNES accueillera les suites des licences Nintendo nées sur NES : Super Metroid, Super Mario World, The Legend of Zelda : A Link to the Past, Kirby Super Star... Le catalogue de la console est très varié, tout en nous faisant découvrir de nouveaux univers : l'arrivée de Yoshi avec Super Mario World, puis son ascension avec Super Mario World 2 : Yoshi's Island. Le premier F-ZERO qui utilisait le Mode 7 de la SNES, qui donnait une impression de 3D. Le premier Mario Kart, qui donnera naissance à la série et le premier Star Fox, qui était un jeu en 3D, sur une console 16-bit...

Au final, la SNES aura connu moins de succès que sa grande sœur, compte tenu de la concurrence plus féroce que dans les années 80. Si la Mega Drive a eu plusieurs extensions afin de faire en sorte qu'elle apparaisse toujours comme une console à la pointe de la technologie, la SNES n'en a pas bénéficié. Enfin, elle aurait pu avoir une extension qui aurait permis de lire les CD, extension qui aurait dû être crée par Sony et porter le nom de PlayStation.... Cependant, après plusieurs désaccords, le projet fut abandonné, et alors que d'un côté Nintendo commence petit à petit à réfléchir à une console nouvelle génération, qui porterait le nom d'Ultra 64, Sony pense, lui aussi, à sa propre console.... Enfin, ça il s'agit de la prochaine histoire que nous vous raconterons dans deux semaines...