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L'importance des distributeurs indépendants dans le monde du Jeu Vidéo

Par ggvanrom - Le 28/11/2020 à 11:00

Nouveau secteur en plein boum depuis maintenant quelques années, les distributeurs de jeux vidéo indépendants sont une méthode alternative pour les petits développeurs et éditeurs de pouvoir commercialiser divers titres en version physique. Là où les gros distributeurs visent généralement des quantités toujours plus grosses de cartouches et de disque à produire, les distributeurs indépendant comme Super Rare Games, Limited Run Games ou autres First Press Games pour ne citer qu'eux visent quant à eux des quantités beaucoup plus restreintes allant de quelques centaines à quelques milliers d'exemplaires, agrémentés souvent par des petits bonus comme des notice en papier, ou encore des cartes ou pin's à collectionner.

Quelques exemples de réalisations de distributeurs de jeux vidéo indépendants

Là où les choses commencent à se compliquer en revanche, c'est sur la méthode de distribution qu'adoptent chaque distributeur. Limited Run Games par exemple ne fixe plus de limite sur le nombre d'exemplaires de ses jeux, et bloque tout simplement les précommandes au bout d'un certains temps. En revanche les temps de créations des jeu prend énormément de temps. Pour le collector de Shantae and the Seven Sirens par exemple, les précommandes se sont terminées le 14 juin 2020, et les exemplaires ont commencés à être expédié à la mi-novembre 2020, soit 5 mois plus tard.

Super Rare Games de son côté adopte une autre approche, proposant une quantité limitée négociée avec les développeurs et les éditeurs, mais lors de l'annonce des jeux sur leur site officiel, ils sont pour la plupart tous prêts à être expédiés dans la semaine. Quant à First Press Games, ils ont su se démarquer en proposant dans leur formule la création d'OST physique, des packaging hauts en couleurs et garnis de petits bonus, et proposent même des goodies supplémentaires comme la conception de peluches.


Afin d'en apprendre un peu plus sur le métier de distributeur indépendant de jeux vidéo, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec Ryan Brown, chef de rédaction chez Super Rare Games. Voici les réponses apportées aux quelques questions que j'ai pu lui poser : 

Comment se passe la première prise de contact pour la création d'un jeu ? Est-ce Super Rare Games qui part au contact des éditeurs et développeurs indépendants, ou est-ce plutôt l'inverse ?

Ryan : Honnêtement, cela varie au cas par cas ! Beaucoup de développeurs et d'éditeurs nous contactent pour nous proposer des pitchs, qui peuvent déboucher sur un produit final. Tout aussi souvent, nous choisissons des jeux qui nous intéressent personnellement ou qui nous semblent correspondre à notre bibliothèque et nous nous adressons nous-mêmes aux éditeurs. 

Dans des circonstances normales, combien de temps s'écoule entre la signature d'un contrat et la vente d'un jeu physique ?

Ryan : Je suppose que cela peut aussi varier au cas par cas, pour être honnête ! Fin 2020, la plupart de nos jeux de 2021 sont déjà prêts, mais tous les titres ne sont pas encore gravés dans le marbre. Les plans peuvent changer, certains jeux ne se réalisent pas pour une multitude de raisons, et nous sommes connus pour remplir un espace avec juste assez de temps pour terminer le processus de conception et d'impression. Nos jeux sont généralement en main et prêts à être expédiés au moment où nous révélons un titre, ce qui nous laisse très peu de marge de manœuvre pour les titres de dernière minute - mais cela peut arriver !

Avez-vous une raison particulière pour vous être concentré uniquement sur la Nintendo Switch ?

Ryan : Avant tout, nous sommes de grands fans du Switch et nous avons principalement grandi avec des consoles Nintendo, donc nous aimons travailler sur le Switch. Le fait de nous concentrer sur une seule console nous donne aussi plus de direction, ce qui nous permet, à nous et à notre public, de mettre tous nos efforts dans une bibliothèque géniale et variée. Cela ne veut pas dire que nous ne nous étendrons jamais à d'autres consoles, mais nous sommes heureux de ce que nous avons à l'horizon avec Switch.

Quel serait LE JEU que vous voudriez absolument distribuer sous votre label ?

Ryan : Pour des raisons commerciales, ce serait Scott Pilgrim vs the World. Nous n'avons pas l'intention de le publier pour le moment, même si nous en serions ravis ! C'est certainement le titre le plus demandé que nous ayons eu au fil des ans. Personnellement, en mettant de côté la logique, mes choix personnels seraient PixelJunk Shooter Ultimate, NOBY NOBY BOY, Pan-Pan et Derrick the Deathfin.

Un petit indice sur le premier titre de la Super Rare Games qui sortira en 2021 ?

Ryan : Je ne pourrais pas le faire ! Vous entendrez parler de notre première sortie en 2021 très tôt dans la nouvelle année - vraiment très tôt.


Si vous suivez l'actualité Nintendo-Master, vous n'êtes pas sans savoir que notre ami testeur et correcteur Rubix_Man aussi connu sous le pseudo de Drazglb. a décidé de prendre un peu de recul sur ses activités au sein du site pour se concentrer pleinement sur le développement de son jeu Decline's Drops. Actuellement en pleine campagne de financement participatif sur KickstarterDecline's Drops est prévu pour paraître sur Nintendo Switch (et autres supports) courant mars 2022, et outre la version dématérialisée, il a signé un partenariat avec First Press Games pour l'édition du jeu, mais aussi la réalisation d'une édition physique. L'occasion était du coup trop belle pour lui poser quelques questions sur ce partenariat, tout en respectant les clauses de confidentialités auxquelles il est tenu.

Est-ce que le format physique reste pour toi une nécessité dans l'industrie du jeu-vidéo en 2020 ?

Drazglb : Je pense que oui, car même s'il y a un côté pratique indéniable dans le dématérialisé, je trouve qu'on y perd beaucoup car on a moins la sensation de posséder vraiment un jeu. Avec le dématérialisé, tout semble, forcément, beaucoup moins tangible, réel. Je crois qu'il y a un vrai plaisir à retrouver dans son étagère toute une série de jeux bien confortablement installés dans leurs boîtes; il suffit de les parcourir pour se remémorer tous ces nombreux voyages. La venue du dématérialisé me semble être assez représentative de notre époque, où tout est consommé à vitesse grand V.

Je m'explique. Le simple fait d'avoir à changer de cartouche, ou de CD, manuellement, cela prend un certain temps, disons, une ou deux minutes. A pouvoir changer de jeu instantanément, je me suis surpris à passer d'un jeu à un autre puis encore à un autre sans avoir pris le temps de savourer chacun d'entre eux. C'est une des raisons pour laquelle je crois que le format physique a son importance. Sa simple présence nous amène à mieux considérer chaque jeu. Vient ensuite l'évident problème de l'occasion, véritable ennemie des éditeurs qui fait la joie de nombreux joueurs. Sans format physique, pas de vente possible. Cela pose des problèmes si évidents qu'il ne me semble pas nécessaire de les évoquer. Enfin, à notre époque, puisque le nombre de développeurs indépendants se fait de plus en plus élevé, puisque le dématérialisé ne fait que prendre de plus en plus de place sur le marché vidéoludique, il y a l'aspect collection , le plaisir d'avoir chez soi une médiathèque bien remplie, chaque boîte étant un souvenir, une expérience... Cela vaut d'ailleurs pour bon nombre d'oeuvres artistiques.

Pourquoi avoir opté pour un éditeur et distributeur indépendant (First Press Games) et pas un gros éditeur pour s’occuper de la version physique de Decline's Drops ?

Drazglb : Le choix de l'éditeur n'a pas été fait selon l'importance de ce dernier, cela dépendait principalement de ce que proposaient les différents éditeurs rencontrés et de l'état d'esprit de ceux-ci. Pour ma part, tant qu'on reste sur des rapports humains, je me méfie déjà moins (car je me méfie toujours).

Est-ce que l'avis du développeur entre en compte dans la décision de faire ou non une version physique d'un jeu ?

Drazglb : Dans mon cas, la proposition m'a été faite dès le départ, le cas étant un peu particulier. First Press Games se spécialise dans l'offre de jeux indépendants au format physique, dans des éditions spéciales et limitées qui plus est. Par conséquent, je ne peux pas vraiment répondre à cette question.


Même s'il est difficile de s'y retrouver parfois entre les diverses formules proposées par les distributeurs indépendants, force est de constater que grâce à eux, les allergiques du tout dématérialisé ont une occasion d'acquérir des jeux qu'ils n'auraient normalement pas pris en temps normal. Cela garanti également aux développeurs et aux éditeurs des revenus complémentaires autres que les simples ventes dématérialisées.

Côté collectionneurs en revanche, l'aspect quantité extrêmement limité est plus difficile à gérer, surtout si ils tentent de réaliser les full set de leurs consoles favorites, à comprendre posséder l'intégralité du catalogue physique commercialisé. Et si on est simplement joueur, mais pas suffisamment informé sur l'actualité de ses jeux préférés, le seul moyen de posséder des versions boîtes d'un jeu produit à quantité très limitée une fois la vente passée, c'est de payer le prix fort sur les sites de vente en ligne, ou d'attendre que le distributeur refasse une nouvelle production. Sinon oil peut aussi croiser les doigts pour que le distributeur retrouve un carton égaré au fond de son entrepôt.