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Zoom Japon - Les Game Centers

Par didou - Le 21/02/2012 à 21:34

Tous les mois sur Nintendo-Master, nous ferons la part belle au Japon. Pourquoi nous direz-vous ? Et bien tout simplement parce que le pays du Soleil Levant est considéré comme la Terre Promise du jeu vidéo. Nombreux d’entre nous sont ceux qui à ce titre, entre autres, veulent avoir la joie de fouler les terres nippones. La rédaction vous permettra donc tous les mois d’en découvrir un petit bout à travers divers sujets et ce mois-ci, place aux game centers japonais.


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Les japonais et les jeux

Les jeux vidéo au Japon sont une culture à part entière à n’en pas douter et les Game Centers à presque tous les coins de rue sont là pour nous le rappeler. Contrairement à la France où les salles d’arcade sont en voie de disparition, les salles japonaises ne désemplissent pas et ce n’est pas nouveau ! En 1978, lors de l’arrivée de la borne d’arcade Space Invaders, le Japon a même dû faire face à une rupture temporaire de pièces de 100 yens utilisées pour la machine.

Pour expliquer en partie le succès durable de l’arcade au Japon, mis à part le fait que les japonais ont une forte inclinaison pour les jeux vidéo, on peut noter que les machines acceptent directement les pièces et qu’il n’est donc pas nécessaire de les échanger contre des jetons comme ici. Ainsi, si vous avez quelques pièces qui traînent au fin fond de votre poche, rien ne vous empêche, en rentrant du travail, de l’école ou parce que vous êtes un peu en avance à votre rendez-vous, de vous arrêter, ne serait-ce que quelques minutes, dans un de ces game centers ayant pignon sur rue et que vous venez de croiser. Vous aurez aussi la chance d’y trouver une très grande variété de jeux, souvent originaux et sans cesse renouvelés. Vous tomberez autant sur une dixième évolution d’un jeu très prisé que sur de nouveaux concepts originaux. Ces game centers proposent une très grande diversité de jeux et chacun peut donc y trouver son bonheur, quel que soit son âge ou sa situation.

Pour comprendre cet engouement japonais pour les salles de jeux vidéo, il faut également connaître la position du Japon face aux autres jeux et plus précisément face aux jeux d’argent. Le Japon a l’une des législations les plus protectrices d'Asie à ce sujet pour protéger sa population contre l’ensemble des dérives associées à cette activité. Ainsi, les jeux d’argent sont interdits par le chapitre 23 du code pénal japonais. En réalité, tous les jeux d’argent ne sont pas interdits, ce sont surtout les jeux de casino (roulette, blackjack, poker…) qui le sont alors que certains paris et loteries sont autorisés. Ainsi les japonais peuvent parier sur les courses hippiques, de vélos, de voitures et de bateaux. Ils peuvent aussi parier sur les équipes de football mais c’est tout de même le hasard qui décidera au final des gagnants. Des loteries sont aussi organisées par les préfectures ou les grandes villes.

Entre ces deux catégories, les game centers et les jeux d’argent, on trouve au Japon le Pachinko. Cette prospère industrie compte quelques 17 millions de joueurs invétérés et il existe environ 5,5 millions de machines de Pachinko sur l’archipel. Si vous avez un jour la chance d’aller au Japon, osez franchir les portes d’un Pachinko, et bouchez-vous les oreilles ! Le vacarme y est assourdissant et très franchement, je n’ai rien compris à ce jeu ! Cela ressemble en quelque sorte à un flipper dans lequel on propulse des petites billes de métal pour viser des cases de valeurs différentes qui permettent de rétribuer le joueur avec un nombre plus ou moins important de billes. Le joueur pourra ensuite rejouer ou échanger ses billes contre des lots comme des peluches, petits appareil ménagers, confiseries ou même cigarettes. Officiellement, le Pachinko n’est donc pas un jeu d’argent mais le système est aisément contourné puisque certaines boutiques situées à l’extérieur des salles rachètent les lots gagnés.

Si l’industrie du jeu de hasard ne bénéficie pas d’une très bonne réputation au pays du soleil levant, le réalisme économique évolue. Même taxée d’être entre les mains de la mafia et d’être addictive, la manne financière qu’elle pourrait apporter à l’Etat est non négligeable. Les autorités ont donc décidé de se pencher sur cette législation et il y a fort à parier qu’une évolution sera prochainement visible. Les retombées touristiques pourraient être importantes (les Chinois sont aussi interdits de jeux d’argent) et une nouvelle législation permettrait certainement de mettre un terme aux casinos clandestins.

Les Game Centers

Les Japonais sont donc fans des game centers puisqu'on y joue surtout pour le fun et aussi pour le scoring. Quasiment tous les centres suivent le même style de plan et les premières machines sur lesquelles vous tomberez sont celle à pinces. Il y en a de toutes les sortes et on peut y gagner à peu près tout et n’importe quoi : des peluches, porte-clés, figurines en boite, serviettes, petit ménager… On peut aussi tomber sur des machines chargées avec des lots créés en série limitée uniquement pour cette utilisation. Des machines à cuillères sont également proposées au même endroit. Celles-ci proposent en règle générale tout simplement des bonbons. Ce sont celles qui accréditent le mieux la thèse selon laquelle les japonais jouent pour le plaisir de jouer : dépenser des centaines de yens pour obtenir des petits bonbons ou des Kit-Kats aromatisés (il en existe des dizaines de goûts au Japon) alors qu’ils sont disponibles pour bien moins cher au combini du coin. Un championnat national d’UFO Catcher existe même depuis 2006 ! UFO Catcher est souvent le nom donné à ces machines à pinces mais il est utilisé par abus puisqu’il s’agit à la base du nom des machines de la marque SEGA. Avec ces machines à pinces, même si elles n’ont en règle générale que deux branches, il est souvent plus facile de gagner qu’en France où, il faut être honnête, le réglage des pinces laisse franchement à désirer et puis, seulement 100 yens sont nécessaires pour tenter sa chance. Il est aussi parfois plus efficace de pousser, enfoncer ou racler le tas de lots pour gagner, ce qui est totalement impossible ici. Et encore mieux ! Si vous pensez avoir définitivement bloqué votre lot en le déplaçant, vous pouvez demander à un membre du staff de vous le repositionner. D’ailleurs s’il vous a déjà remarqué et trouve que vous essayez depuis bien longtemps, il placera souvent très gentiment le lot de manière à ce que vous ne puissiez pas le louper lors de votre prochain essai.

Habituellement, au rez-de-chaussée ou au premier étage, vous trouverez aussi les machines de Medal Game, thématisées selon des licences de jeux ou de cinéma par exemple. Celles-ci ne permettent absolument pas de gagner quoique ce soit. Leur attrait réside dans quelque chose d’assez indescriptible. Vous pourrez y rester assis des heures dans le seul but de faire tomber un maximum de jetons du plateau ou gagner le jackpot que vous pourrez décrocher en battant d’autres participants autour de la machine à des mini-jeux. Le comble, c’est que vous ne pourrez rien faire de ces médailles ; elles ne sont pas échangeables. Vous n’aurez donc pas d’autres choix que de rester jusqu’à ce que mort s’en suive ou de les déposer dans une sorte de Medal Bank grâce à une carte d’accès ou à votre empreinte. Souvent, des machines de pari sont placées à côté de ces medal games puisqu’elles fonctionnent avec ces mêmes jetons. On retrouve surtout des machines bandit-manchot, de vidéo-poker, solitaire, blackjack ou roulette. Répétons que comme dit précédemment, ces jeux ne permettent pas de remporter de l’argent. 

Bien entendu, vous vous tournerez très rapidement vers les machines de baston. Vous pourrez y jouer seul ou, lorsque les bornes sont connectées entre elles, n’importe qui pourra se placer sur la machine en face de vous pour vous défier et vous ne verrez même pas celui qui certainement vous mettra la pâtée. La règle veut d’ailleurs que vous n’essayiez pas de le savoir. Vous pouvez aussi refuser le combat si vous souhaitez garder un peu d’amour propre. Toutes les grandes licences sont bien évidemment représentées comme Tekken, Street Fighter, Virtua Fighter, King of Fighter, Dead or Alive. Vous pourrez d’ailleurs autant retrouver la dernière version de celles-ci que les premières. Il y en a pour tous les goûts !

Les bornes de Versus Fighting, malgré leur succès durable, ne sont plus les plus prisées des joueurs. Aujourd’hui, ce sont les rythm games qui attirent un maximum de monde et on peut dire que le choix est large, plus que large. De nouvelles manières de jouer et licences voient le jour tous les ans mais certaines sont indétrônables, accessibles aux débutants ou non. Pour les néophytes, vous pourrez facilement vous atteler à Taiko no Tatsujin ou Pop’n Music par exemple. Il faudra bien sur vous contenter des niveaux faciles mais avec le premier, vous pourrez taper sur des tambours en rythme ou sur de gros boutons colorés dans le second. D’autres licences sont aussi très connues, citons quelques-unes d’entre elles que vous retrouverez dans toutes les bonnes salles d’arcade japonaises : Dance Dance Revolution, le célèbre jeu de danse avec ses quatre flèches au sol à activer avec les pieds et en rythme,  Drummania sur lequel vous pourrez jouer de la batterie ou  Guitar Freaks, l’ancêtre de Guitar Hero. Et Beatmania bien sûr, certainement l’un des jeux les plus compliqués à prendre en main et sur lequel il s’agit de faire le DJ grâce à des boutons et mouvements de platine. Sur chacune de ces bornes, vous pourrez admirer, et le mot n’est pas trop fort, des spécialistes qui vous feront même vous demander comment c’est possible. Tout ça bien entendu souvent accompagné par de la musique J-Pop hurlante.

Un secteur (ou un étage entier pour les plus grosses salles) est également réservé aux bornes dédiées. Celles-ci vous permettront la plupart du temps de vous adonner à des jeux de tirs ou de courses. On peut relever par exemple Outrun, Battle Gear ou Mario Kart mais si vous préférez tâter de l’arme à feu, vous pourrez vous éclater sur House of the Dead, Virtua Cop, Jurassic Park ou Time Crisis. Certaines de ces bornes vous accueilleront même dans des cabines avec sièges pivotants. Pas loin de celles-ci, on retrouve régulièrement des jeux de pari sur les courses hippiques. Vous pourrez soit jouer sur une course de petits chevaux en plastique sur l’aire centrale soit carrément prendre part à la vie d’une écurie et assister aux courses sur écran géant en prenant place dans l’un des nombreux sièges de coach.

Vous croiserez aussi des jeux totalement incompréhensibles pour ceux qui ne parlent pas japonais et vous ne pourrez que froncer les sourcils devant ceux-ci. Ces jeux sont souvent très passifs, il suffit d’attaquer, défendre ou utiliser tel sort, et se jouent avec des cartes virtuelles stockées sur une carte de sauvegarde ou avec de trading cards  directement sur le plateau. Ces jeux sont en règle générale assez chers puisqu’il faut déjà acheter des cartes puis payer pour chaque partie. Ils sont donc réservés à des joueurs assidus qui peuvent ainsi jouer au mah-jong, à des combats de magie, de dragons, de catch, à des matchs de foot et même à avoir une petite amie ou avancer dans un RPG.


Vous pourrez aussi jouer en réseau sur certaines machines reliées entre elles et un terminal permet parfois même aux spectateurs de suivre l’action. Vous pourrez par exemple croiser les machines de Gundam : d’énormes œufs géants dans lesquels vous pourrez profiter d’une très large vision à 180° et d’un casque pour parler à votre équipe.

Et bien entendu, dans la majorité des salles, Japon oblige, vous retrouverez bon nombre d’anciennes licences comme Puzzle Bobble, Dodonpachi, Bishi Bashi ou même Tetris, disséminées par-ci par-là ou directement regroupées dans un secteur dédié au retrogaming.

Très souvent placées au dernier étage ou parfois dès l’entrée de la salle, vous retrouverez les Purikura. Ces cabines sont un peu l’équivalent de nos photomatons mais bien plus évoluées. Jugées plutôt kitsch par les occidentaux, les Japonais les qualifieront plutôt de kawaii. En effet, ces clichés rendent bien plus joli qu’en vrai, certains vous donnant même des yeux de biche (les yeux des japonaises sont souvent l’objet de complexes). Les machines sont bien plus grandes que nos cabines, permettant ainsi aux jeunes filles, mais pas que, de faire des photos de groupe de leurs soirées puis de les partager, de nombreuses options sont également offertes. Vous pourrez choisir le nombre et la taille des images à imprimer et même les obtenir en autocollants mais ce n’est pas tout, vous pourrez y ajouter le fond de votre choix, une bordure, du texte et une quantité de petits tampons virtuels. Attention tout de même car il vous faudra être accompagné d'une demoiselle pour y accéder dans certains game centers.

En entrant dans un game center, vous serez forcément étonné d’y voir une quantité de membres du staff vous saluant lors de votre entrée, sans cesse replaçant les lots et vous proposant même des petits sacs plastiques s’ils vous sentent débordés par tous les lots remportés. Quasiment toutes les fois où vous passerez devant eux, ils vous salueront de nouveau ! Vous remarquerez aussi que l’ambiance est très différente selon les étages. Effectivement, les joueurs ne seront pas les mêmes que vous soyez à l’étage des UFO Catcher ou à celui des Versus Fighting. D’ailleurs, quasiment toutes les salles sont fumeurs (à part les game centers SEGA) mais pas les étages où beaucoup d’enfants se trouvent, soit celles des UFO Catcher. Celles-ci sont d’ailleurs en général bien plus lumineuses que toutes les autres qui sont même plutôt sombres. Et bien entendu, vous croiserez à tous les étages des distributeurs de boissons mais aussi des petites machines à serviettes chaudes ou des lingettes nettoyantes individuelles. Conclusion : le jour où vous rentrerez dans l’un de ces game centers, vous ne rêverez plus que d’une chose, y retourner !

Les salles d'arcade en France

Les salles d’arcade sont en voie de disparition en France mais il reste quelques endroits qui tentent de faire revivre cette ambiance si particulière aux game centers japonais. Nous en avons relevé trois en France, avec des tarifs abordables, que vous pourrez visiter mais peut-être en connaissez-vous d’autres que vous pourriez partager avec nous ? Voici donc les petites présentations que vous pouvez trouver sur leurs sites : 

NEO ARCADIA à Toulouse : "Déçu par le manque d’ambition des rares salles de jeux d’arcade encore existante en France et le fossé entre ce qu’attendent les joueurs et ce que proposent les salles (prix des parties très élevées, jeux mal choisis, bornes mal entretenues…), nous avons décidé d’ouvrir notre propre salle d’arcade, en important directement du Japon le modèle des gamecenters nippons. Enfin une salle d’arcade aux mains des joueurs, pour les joueurs !"

Arcade Street à Paris : "La salle dispose de 380m2 et exploite actuellement une surface de 210m2, consacrée à l’arcade japonaise, allant des bornes génériques aux bornes dédiées. L’éventail des bornes sera régulièrement renouvelé."

Laku Laku à Montpellier : "Le Japon débarque à Montpellier ! Le billet pour Tokyo est trop cher ? A présent ce n’est plus un souci, Laku Laku est là pour vous offrir un maximum d’expérience de jeu jamais vu auparavant !"