Dans le monde du jeu vidéo, certains softs font évoluer cet univers de manière plus significative que certains. On notera par exemple Resident Evil. Surtout connus par le grand public, les trois premiers épisodes, à savoir Resident Evil, Resident Evil 2 et Resident Evil : Nemesis, sont des titres de qualité, ayant tous marqué le jeu vidéo d’une manière ou d’une autre. Cependant, on voyait bien que la formule s’essoufflait et les nombreux spin-off, comme Gaiden ou Survivor, n’était pas vraiment des exemples de qualité. Lors de l’arrivée du Game Cube, Capcom et Nintendo ont signé un accord afin que la console cubique ait plusieurs épisodes exclusifs. Un bon prétexte pour reprendre de bonnes bases et donc de lancer le plus grand des épisodes : Resident Evil Rebirth. Jeu totalement reconstruit de A à Z, ce remake du premier volet n’ayant plus rien à voir avec l’original reste le Resident Evil le plus abouti encore inégalé à ce jour pour beaucoup. Pourquoi je vous parle de Resident Evil alors que vous vous attendiez à apprendre des informations sur Silent Hill Shattered Memories ? Tout simplement car il s’agit de la même situation dans laquelle se trouve Konami : refaire un nouvel épisode de Silent Hill afin de remettre la série au goût du jour après le décevant HomeComing sur consoles HD. Ce remake voit donc enfin le jour sur nos consoles, et c’est sur Wii que ça se passe !
Intitulé Silent Hill : Shattered Memories, Konami a demandé aux studios Climax de produire un remake du volet original. Nous retrouvons donc l’histoire originale du premier volet. En effet, vous contrôlez Harry Mason, habitant de Silent Hill. Cependant, cette paisible petite ville se trouve actuellement sous une tempête de neige obligeant les habitants à se réfugier dans leur domicile. Au bord de son véhicule, Harry subit les dégâts du temps et sa voiture se retrouve encastrée dans un grillage. A son réveil, notre héros remarque que sa fille initialement assise sur la banquette arrière, a disparu. Equipé d’une lampe torche et d’un téléphone drôlement High Tech, le voici parti pour une aventure qui ne vous laissera pas indemne.
Un jeu psychologique ?
Lors de la communication autour de son jeu, Konami a vraiment insisté sur l’aspect psychologique du soft. En effet, l’aventure ne prend pas vraiment place lors de l’incident de Silent Hill mais lors d’une séance thérapeutique. Vous subissez un interrogatoire venant de la part d’un psychologue... De plus, le bel écran lors du démarrage du jeu vous annonce clairement que Silent Hill s’amuse avec vous autant que vous avec lui et que l’aventure risque d’être différente selon votre profil psychologique. En effet, en fonction de vos réponses et de vos choix, le parcours de Harry s’en retrouvera modifié. On pourra donc trouver des chemins alternatifs, mais aussi des différences vestimentaires. Bien qu’exceptionnel, le final ne s’en retrouvera quant à lui pas modifier. Le jeu offre cependant une excellente rejouabilité pour le joueur souhaitant découvrir toute l’horreur de Silent Hill. Pour les autres, le voyage risque donc d’être court mais intense, mais nous y reviendrons plus tard.
Un gameplay… cauchemardesque
Avec un titre pareil, il est certain que vous vous imaginez que le gameplay est catastrophique. Mais il n’en est rien. Vous contrôlez votre personnage avec le joystick, ce dernier étant placé de la même manière que Resident Evil 4. Vous pouvez courir en maintenant Z. Le bouton A sert à ouvrir les portes et interagir avec le décor pour souvent analyser un objet ou lancer un mini-jeux. Le bouton + sert a éteindre la lampe torche, lampe torche que vous pouvez contrôler très intuitivement en pointant l’écran. D’ailleurs, pointer les côtés de l’écran fera tourner l’écran, de la même manière qu’un FPS classique sur Wii. Le bouton – est utilisé pour sortir votre téléphone qui nous intéressera un peu plus bas. Quant à la croix directionnelle, chaque direction est assignée à une fonction bien spécifique. Le bas sert par exemple à regarder derrière vous tandis que les autres directions représentent des raccourcis pour votre téléphone, à savoir le GPS, l’appareil photo et l’appel téléphonique.
Voyons donc comment se découpe l’aventure. Le jeu est composé de plusieurs chapitres que l’on pourrait découper en 3 séquences. Chaque « chapitre » commence lors de l’entretien avec le psychologue. Ce dernier vous pose des questions ayant une incidence directe sur la suite du chapitre et donc de l’aventure. On appréciera parfois les différences minimes montrant bien que Climax a bien préparé son bébé. Chaque conversation a d’ailleurs un thème bien spécial qui aura un lieu direct avec le chapitre, comme les années lycée ou encore le sexe dans la vie de couple (joueurs de moins de 18 ans s’abstenir !!).
Commence ensuite une phase d’exploration où vous devez explorer des lieux bien lugubres et donc connaître peu a peu les niveaux. Vous avez l’occasion de rencontrer différents protagonistes ou en apprendre un peu plus sur les événements qui se sont déroulés plusieurs années avant à Silent Hill. Ces phases sont donc présentes pour faire avancer l’histoire et par la même occasion, la recherche de votre fille, Cheryl. Dans cette phase, Climax en a profité pour intégrer quelques « mini-jeux » et autres énigmes. Vous devez par exemple ouvrir des coffres ou tiroirs, appuyer sur les touches d’un piano dans un ordre précis… Bien entendu, malgré leur faible nombre, certaines énigmes sont vraiment tordues et nécessiteront aussi bien l’utilisation des fonctions du téléphone que celles de la lampe torche.
Vient ensuite la phase baptisée « Cauchemar » où la structure ainsi que le design du monde changent radicalement. En effet, tous les éléments se glacent ce qui bloque de nombreux passages. A ce moment là, vous êtes seul face à des monstres essayant de vous tuer. Ne portant sur lui aucune arme, les combattre ne sera pas possible et la fuite sera le seul échappatoire. Cependant, il faut savoir que la lampe torche ainsi que le fait de courir vont alerter ces êtres étranges. Un grésillement du téléphone par le biais du haut parleur de la WiiMote symbolisera quant à lui la présence proche des monstres ou de tout autre fait paranormal. Si l’une des créatures vous agrippe, il faut bouger la WiiMote et le Nunchuk dans les directions montrées à l’écran. Il est toutefois possible de recharger son énergie en se cachant dans des armoires ou sous des tables, tout en sachant que cela ne vous accordera que quelques secondes de répit. Un autre élément permettant de souffler quelques secondes : la fusée de détresse. Vous pouvez laisser cette dernière à un emplacement bien précis ou bien la prendre avec vous pour vous éloigner des créatures. Ces phases sont vraiment plaisantes mais perdent en vitesse au fil du jeu et se font donc sans surprise. Pire, étant donné que la structure du niveau change totalement, le GPS ne peut quant à lui pas afficher les couloirs bloqués ou disparus. Il est même impossible de consulter son GPS en étant caché dans une armoire ou sous une table. On se retrouve souvent vers la fin à déambuler dans les couloirs en espérant rapidement trouver la sortie. Heureusement, ces phases ne sont pas très nombreuses et certaines d’entre elles ne suivent pas cette structure de fuite dans un dédale labyrinthique, mais nous vous laissons voir cela de votre côté.
Un équipement qui tient dans la main
Parlons désormais des objets pouvant être utiles à Harry… et on peut vraiment dire que le pauvre est vraiment démuni. En effet, la lampe torche permet d’éclairer les endroits sombres et vous pouvez, grâce à la Wiimote, la pointer dans n’importe quelle direction souhaitée. Faite cependant attention lorsque vous utilisez cette dernière dans le Cauchemar ! L’autre appareil indispensable est le téléphone. Ce permet vous permet de passer (heureusement) des coups de téléphone, de prendre des photos, de consulter la carte via le GPS ou des actions bien utiles au joueur comme la sauvegarde ou le réglage des options. Le téléphone contribue d’ailleurs vraiment à l’ambiance horrifique du jeu. Vous recevez fréquemment des messages lorsque ce dernier se met à grésiller (signe du paranormal), messages qui prendront tout leur intérêt une fois le jeu terminé. Toujours dans la quête d’améliorer l’immersion, Silent Hill emprunte à No More Heroes les conversations téléphoniques par le biais du haut parleur de la WiiMote. Un véritable plus bien stressant, il faut l’avouer. On appréciera la possibilité d’appeler n’importe quel numéro comme l’un des contacts ou simplement les numéros que l’on peut trouver sur les diverses affiches. Un petit plus permettant au joueur d’apprécier les différentes situations dans lesquels Harry se retrouvera face à ses interlocuteurs.
Cependant, immerger le joueur n’est pas chose aisée avec des graphismes dérisoires. Comme on le sait, bon nombre de jeux ayant suivi la voie du « photoréalisme » sur Wii se sont lamentablement mangés le mur. Hé bien, on peut vraiment dire que ce Silent hill s’en sort avec les honneurs et même plus encore. Des visages criants de réalisme, des décors vraiment très beaux, des effets de particules de fou comme la neige ou la glace ainsi qu’un aliasing très minime en 480p. Mais, le plus hallucinant reste la gestion des lumières. C’est la première fois que la Wii nous offre le plaisir d’afficher des effets de lumière de ce niveau et cela force le respect. Les ombres, les reflets, l’éclairage dynamique sous l’effet de la lampe torche rendent ce survival horror encore plus immersif qu’aucun autre survival sur Wii. Toujours dans la catégorie de « reprise d’idées d’autres jeux », on retrouve dans ce Silent Hill le voile recouvrant l’écran que nous avions eu le plaisir de trouver dans le très bon « House of the Dead Overkill ». Celui–ci s’applique plus particulièrement dans les cinématiques tandis que le in-game préfère servir des effets de lumières de fou. Du grand art. Saupoudrez le tout avec une ambiance et une mise en scène du tonnerre et vous obtenez le plus beau survival de la Wii, rien que ça ! Malheureusement, le jeu se paye le luxe d’un petit chargement entre chaque porte. Rien de bien méchant, seulement une demi-seconde de lag ce qui n’est vraiment pas perceptible. Cependant, cela devient plus gênant lors du cauchemar dans lesquels il faut fuir les créatures. La Wii n’est pas la console la plus puissante de cette génération, on le sait, et lors du passage d’une porte, cela peut tout de même devenir un brin agaçant. Mais devant tant de beauté, on ne peut que saluer Climax qui a fait un excellent travail, montrant que ce studio n’est pas comme d’autres qui prennent les joueurs Wii pour des poires.
Bien entendu, il y a d’autres points pouvant ternir le constat final de ce véritable Silent Hill nouvelle génération. La durée de vie reste très faible. En effet, comptez environs 5 heures pour terminer le jeu d’une traite. Bien entendu, certains événements varient en fonction de votre conversation avec le psychologue, ce qui offre un éventail de situations plutôt intéressant. Harry pourra en effet rencontrer au début du jeu la patronne d’un bar ou bien un agent de police. Ce même agent pourra d’ailleurs être habillé bien chaudement pour se réchauffer face à la neige ou avec un décolleté qui offrirait de la concurrence à Sylvia Christel. Le joueur souhaitant découvrir toutes les subtilités trouvées par les développeurs passera de nombreuses heures dans la petite ville de Silent Hill tandis que les autres y repasseront sûrement plus tard. Dans tous les cas, aucun joueur ne sera indifférent face à ce jeu. La présence d’un mode multijoueurs aurait pu être envisagée par les développeurs mais ce dernier n’est pas du tout présent dans la galette. Peut-être dans un deuxième opus ?
