Nintendo Wii

Sakura Wars : So Long, My Love

Test Wii

Sakura Wars : So Long, My Love

Par fisico - Le 31/05/2010 à 21:22

 

 

Sorti il y a près de 5 ans au Japon, Sakura Taisen V ~ Saraba, Itoshiki Ito Yo ~  était à l'origine un jeu développé uniquement pour la Playstation 2. Mais, fait rarissime, lors de sa localisation aux Etats-Unis l'éditeur du jeu NISA (Nippon Ichi Software America) décida de développer un portage Wii en collaboration avec Idea Factory afin de toucher un plus large public en Amérique du Nord. Ironie du sort c'est uniquement cette version Wii qui débarque de par chez nous, renommé pour l'occasion Sakura Wars ~ So Long, My Love ~ et non traduit en français. Le premier opus de la franchise à traverser l'Atlantique arrivera-t-il à séduire des Européens sevrés de RPG ?

 

À cette question on serait tenté de répondre un "Non" sec clair et définitif, non pas que la qualité du titre puisse être remise en cause, mais tout simplement parce que Sakura Wars n'est pas un RPG à proprement parler : son abondance de dialogues, l'exploration totalement inexistante, la notion d'xp absente et son casting de personnages uniquement composé de jeunes demoiselles... Tout tend à le rapprocher d'un Visual Novel classique : un genre totalement étranger à nos contrées mais dont les Japonais sont particulièrement friands et qui se caractérise souvent par une interaction se limitant à de rares choix lors des dialogues qui conditionneront avec quelle demoiselle vous finirez l'aventure. Et bien Sakura Wars c'est un peu ça, un jeune héros benêt se retrouvant catapulté au milieu de plusieurs demoiselles et qui devra faire ses preuves auprès d'elles pour s'imposer dans un groupe on ne peut plus hostile à son arrivée.

 

 

Mais résumer Sakura Wars sur cette simple idée serait on ne peut plus réducteur, car, et c'est le cas depuis le premier épisode, il s'agit avant tout de l'histoire d'une troupe de théâtre formant un groupe de combats d'élite chargé de protéger la ville des êtres malfaisants attirés par le Pneuma que produit une cité en pleine effervescence. En tant que Shinjiro Taiga, jeune lieutenant promu de l'école navale de Tokyo, vous serez affecté à la nouvelle branche de combat de New York par le commandant Ichiro Oogami, personnage principal des quatre premiers épisodes et oncle de Shinjiro, cette passation de pouvoir hautement symbolique au début de l'histoire sera renforcée par la présence de Sakura véritable icone de la série et un des personnage vedette de Sega à l'époque de la Dreamcast (car rappelons le, Sakura Taisen est une licence Sega). Faisant fi de toutes ces considérations lointaines, c'est un Shinjiro un peu déboussolé qui débarquera au Littlelip Theater à Broadway où son arrivée ne produira pas l'effet escompté. Jugé trop juvénile malgré ses 19 ans, le jeune Taïga sera vite rabroué par les membres du New York Combat Revue qui attendaient quelqu'un de plus "impressionant" en guise de renfort.

 

Difficile de ne pas craquerQuelque peu échaudé par l'accueil lui étant réservé, notre jeune samouraï reprendra finalement du poil de la bête grace, entre autres, à Gemini : une cow-girl texane un peu paumée dans le même cas de figure que lui (elle souhaite rejoindre la troupe du Littlelip Theater) qui réussira à lui remonter le moral. La persévérance finissant toujours par payer, la capitaine Ratchet Altaïr finira par intégrer notre héros à l'unité de combat pour un galop d'essai près de la statue de la liberté.

Naturellement tout ne se déroulera pas comme prévu, et notre protagoniste en profitera pour se procurer son premier moment de gloire et devenir le néo-capitaine de cette troupe de jeunes demoiselles prête à en découdre avec l'ennemi. Ainsi découpé en 8 chapitres, le déroulement de l'histoire consistera essentiellement à consolider l'autorité contestée (et contestable) de "Taiga-san" et renforcer les effectifs du New York Combat Revue mis à mal par les serviteurs du démoniaque Nobunaga, un seigneur de guerre japonais dont les sous-fifres projettent sa résurrection. Convenue et classique, le déroulement du scénario surprendra davantage par le découpage que les développeurs ont opéré dans les chapitres le composant, divisé en trois grands axes qui ne sont pas sans rappeler les derniers Persona (comparaison anachronique étant donné que ceux-ci sont sortis après les Sakura Taisen) : dialogues / promenades / combats.

 

Usant de portraits de personnages coupés au niveau des hanches, à l'instar d'un Phoenix Wright,  les phases de dialogues nous permettent d'apprécier le character design de Kosuke Fujishima, un individu déjà croisé au détour de quelques Tales of (Phantasia, Symphonia, Vesperia...), et la palette d'animations dont dispose chaque personnage du titre, nous donnant l'impression de nous trouver devant un animé japonais. Cette impression est d'autant plus renforcée par les nombreuses cinématiques parsemant le jeu et la transition sans aucun loading ou écran noir entre ceux-ci et les dialogues plus classiques. Un véritable tour de force contribuant à accentuer encore l'immersion du joueur dans la peau du jeune "Shiny" qui aura fort à faire pour entretenir le moral de ses troupes mis à mal par les divers soucis quotidiens que rencontreront les jeunes demoiselles. Actrices sur la scène de Broadway le soir, sauveuses de la Big Apple de façon sporadique et vaquant à leurs occupations pendant les journées, il ne tiendra qu'aux choix du joueur de séduire l'une d'elles plus que les autres mais attention à trouver les mots justes.

Inaugurant une nouvelle mouture du LIPS (Live Interactive Picture System) si propre à la saga, le jeu vous demandera très régulièrement de faire un choix de dialogue parmi 3 réponses possibles, et là où le système s'avère quelque peu vicieux c'est que vous disposerez d'une contrainte de temps pour choisir entre ces trois répliques. Combinez cela avec les caractères variés et insaisissables des membres de votre équipe, et vous obtiendrez le coktail idéal pour vous forcer à une réponse spontanée pas forcément idéale. Néanmoins le LIPS ne se limite pas à ça, et il vous sera parfois demandé d'effectuer quelques manipulations avec le stick et la croix de votre wiimote (d'ailleurs très peu ergonomique, préfèrez-lui la manette classique si possible), ou de régler le ton de votre voix ou encore avec quelle puissance vous donnerez un coup d'épée. Le pire surviendra quand un immense LIPS chronométré vous demandera de combiner tous les LIPS évoqués précédemment au plus vite !

 

Tiger attack Toutefois vous aurez également l'occasion de vous promener dans les rues (restreintes) d'un New York des années 20 reconstitué dans une 3D relativement propre. On pourra pester contre l'absence de vie dans les différents quartiers (Harlem, Chinatown, Central Park...) et leur côté "miniature", mais au vu du "compactage" effectué pour intégrer une grande partie de la Big Apple le résultat reste malgré tout on ne peut plus satisfaisant. Malheureusement ces promenades s'avèreront très sporadiques et restreintes en terme de temps à raison d'une heure par chapitre, chaque visite d'un lieu ou dialogue avec un personnage faisant passer 5mn (sauf exceptions), ceci étant compensé par la multitude de choix s'offrant à vous : il sera en effet impossible d'assister à ne serait-ce que 50% de l'ensemble des dialogues durant votre première partie, cela vous forcera donc à faire des choix on ne peut plus cornélien : entre "mater" les demoiselles dans un onsen ou empêcher un cambriolage à Wall Street tout homme normalement constitué hésitera avant de se décider. C'est d'ailleurs ici que surgira l'intérêt du new game+, puisqu'en fonction de vos choix ce sera bien une grosse majorité des événements et dialogues (sauf ceux liés au scénario naturellement) qui seront renouvellés voire influeront même sur le déroulement des deux derniers chapitres, le jeu en comptant 8, de vos pérégrinations en Amérique.

 

Mais la partie la plus "interactive" du titre s'avèrera tout naturellement être les combats intervenant systématiquement en fin de chapitre et mettant en opposition la New York Combat Revue aux commandes de STAR à une horde monstres commandés par les sbires d'un ancien seigneur japonais scellé par d'anciens guerriers il y a plusieurs siècles. Tout un programme auquel vous prendrez part en commandant chaque STAR de l'équipe individuellement dans un Tactical-RPG très particulier qui n'est pas sans rappeler le système BLITZ de Valkyria Chronicles (ressemblance peu anodine étant donné que derrière les deux jeux on trouve le studio Overworks également responsable de Skies of Arcadia) à savoir un système mêlant habilement tour à tour et temps réel et demandant au joueur de gérer lui-même, et en toute liberté, le déplacement de ses unités. Concrètement quand viendra le tour de l'une de vos unités toutes vos actions seront déterminées par une jauge de barres bleue à plusieurs niveaux : déplacer votre unité vous en coûtera proportionellement à la distance parcourue (il est heureusement possible de rebrousser chemin), soigner vous coûtera une barre bleue et entamera votre jauge SP, une super attaque en fera de même et la logique sera à peu près la même pour toutes les actions possible durant votre tour (joint attack, stratagème, concentration...) la petite particularité viendra des attaques normales que vous pourrez exécuter entre une et cinq fois (pour un coût en barre bleue de... 1 à 5 niveaux) selon les PV restants à votre ennemi, Une fois la piétaille expédiée il sera alors temps de poursuivre le combat... dans les airs où vous vous confronterez à des boss plus démesurés les uns que les autres, la logique est la même que pour les combats terrestres excepté le fait que la notion de profondeur disparaît pour vous laisser gérer l'altitude de votre mecha, les combats eux vous demandant généralement de repérer le point faible de votre adversaire avant de le bombarder copieusement de missiles pour le mettre hors d'état de nuire. Les amoureux de level-up ne seront d'ailleurs pas aux anges puisque les combats seront déterminés uniquement par le scénario et qu'il n'existe aucun combat annexe quelqu'il soit, d'ailleurs ceci serait bien inutile puisque de toute manière la notion d'expérience n'existe tout simplement pas dans le jeu, l'efficacité de votre troupe étant définie par les affinités que vous lierez ensemble lors des phases de dialogues. Il est d'ailleurs important de noter que si simple que le gameplay puisse paraître, il n'en comporte pas moins de très nombreuses subtilités qui ne vous seronts absolument pas expliquées dans un quelconque tutoriel (il en va d'ailleurs de même pour les LIPS), attaque combinée, compétences passives, joint attack à trois... N'espérez surtout pas l'aide de la notice du jeu, le français contenu à l'intérieur étant d'un niveau catastrophique qui n'est pas sans rappeller un certain traducteur automatique commençant par "Goo" et finissant par "gle".  Couplé à une description du jeu faisant passer le joueur pour le dernier des pervers ainsi qu'un portage Wii non exempt de bugs sonores et de grosse pertes de frame-rate, vous comprendrez alors que nous n'avons pas été gatés lors de la localisation du jeu.

Que reste-t-il à évoquer au final ? L'OST composée par l'inamovible Kouhei Tanaka (Resonance of Fate...), mélant thèmes jazzy et délurés propres à la saga, reste de qualité même si le recyclage du thème principal pourra en agacer plus d'un, les doublages américains répondent présents de fort belle manière (on pensera particulièrement à Rosita) et le contenu annexe du titre tout bonnement monstrueux retiendra les joueurs bien plus longtemps que la grosse vingtaine d'heures que recquierra une première partie. Même s'il est regrettable que notre découverte de la saga n'ait pas pu commencer par le troisième épisode se déroulant à Paris , on appréciera énormément le cadeau nous étant offert par NISA avec la localisation inespérée de cette série qui semblait destinée à nous rester étrangère à jamais. Pour ceux qui apprécieront (ou ont déjà apprécié) le jeu, sachez qu'une préquelle orientée action racontant le voyage de Gemini du Texas à New York est sorti sur PS2, uniquement au Japon, et qu'une série de six OVA se passant après la fin de ~So Long My Love~ a été réalisée par le studio AIC.

 

8
Arrivé trop tardivement dans un portage non exemplaire et un packaging européen douteux, Sakura Wars s'adresse en plus à une frange de joueurs très restreinte. Mais pour ces derniers l'occasion est en or et c'est le moment ou jamais de découvrir un pan du RPG japonais dont nous avons été privé durant toutes ces années.

fisico

It's a wall of boobs!
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