Nintendo Wii U

Yoshi's Woolly World

Test Wii U

Yoshi's Woolly World

Par rifraff - Le 01/07/2015 à 18:47

Si la Wii U a perdu le soutient de la grande majorité des éditeurs-tiers, heureusement la console peut encore compter sur une armada de licences fortes que Nintendo peut  décliner et agrémenter à l’infini. Ainsi,  après Super Mario, Captain Toad et Kirby, c’est au tour de Yoshi de revenir faire son petit numéro, cette fois-ci dans un monde  fait de laine. Un peu de douceur dans un mode de brutes, cela ne peut logiquement faire de mal à personne.

 

Les Nerds en pelote

Yoshi et PoochySous la houlette de Good-Feel déjà à l’œuvre avec les excellents Wario Land : The Shake Dimension et Kirby : au Fil de l’aventure, Yoshi revient donc dans un monde entièrement tricoté. A première vue, c’est le même procédé que pour Kirby à quelques nuances près puisque là ou Kirby était fait d’un fil et évoluait dans un mode à plat, composé de morceaux de tissus superposés façon patchwork, parfaitement raccord avec les mécanismes d’un jeu de plateforme en 2D, Yoshi prend du volume en étant tricoté comme une petite peluche et le monde dans lequel il évolue aussi. Dans les faits, cela ne change pas grand-chose puisque Yoshi’s Woolly World est toujours un jeu de plateforme en 2D mais la profondeur de champ s’est élargie incluant désormais de jolis effets d’ombre et de lumière mais surtout influant sur certains mécanismes de jeu notamment lors des combats contre les boss. Le hub central du jeu et les différents mondes à partir desquels Yoshi pénètre dans les niveaux sont aussi désormais représentés en 3D et permettent d’évoluer sur tous les plans librement, ce qui donne une ampleur nouvelle très appréciable.

La laine de dragon

 Yoshi amiibo de laineEvidemment, la première chose que l’on retient du jeu, c’est son visuel. C’est littéralement magnifique surtout en Haute Définition.  Tout semble avoir été tricoté à la main,  crocheté  et brodé avec différentes laines et différentes mailles. Que ce soit des éléments de premier ou d'arrière plan, les plateformes ou les tuyaux habituels de la saga, tout a été recréé en laine ou en différentes matières allant du cuir au coton, en passant par la feutrine et la dentelle même l'eau ou le feu !  Un  travail très méticuleux a été réalisé sur les textures et les volumes et cela se voit. Le moindre détail de chaque décor a fait l’objet d’un soin particulier allant jusqu’à reproduire des imperfections, des marques ou des replis sur les différentes matières. C’est véritablement du grand art.  Le résultat est  parfois si réaliste que par moment on dirait de vrais éléments qui auraient été photographiés. On apprécie aussi grandement de retrouver tout le bestiaire habituel de la série transformés en peluches ou en marionnettes comme l’adorable Poochy, par exemple, qui semble comme animé par des fils invisibles.  

 

Yoshi’s Island Story

Yoshi perd la bouleSi la forme est indéniablement extraordinaire, par contre, le fond l’est beaucoup moins. Les développeurs n’ont visiblement pas voulu prendre de risques et bouleverser le gameplay généralement utilisé dans les jeux de plateforme 2D avec Yoshi.  Yoshi’s Woolly World reprend peu ou prou les mécanismes des jeux des Yoshi précédents comme Yoshi’s Island par exemple mais aussi et surtout comme  Yoshi’s Story puisque Yoshi évolue seul sans avoir à protéger un bébé Mario pleurnichard.  Si vous connaissez les jeux Yoshi précédents vous retrouverez donc immédiatement vos marques puisque le jeu n’innove en aucune manière à ce niveau-là. Cependant, on ne peut pas parler de déception tant le personnage et son gameplay semblent indissociables.

Evidemment, les développeurs auraient pu tenter un gameplay tactile ou asymétrique afin d'utiliser les spécificités de la Wii U. Mais Yoshi’s Woolly World se veut classique et donc le jeu se joue comme à l'époque de Yoshi’s Story sur Nintendo 64 à la bonne vieille manette avec le stick et quelques boutons. Cependant, en choisissant ce gameplay, les développeurs permettent au jeu de pouvoir être joué indépendamment sur un écran de télé ou sur celui du GamePad, ce qui reste malgré tout l'une des belles possibilités offertes par la Wii U- et qui est d'ailleurs très demandée par les joueurs.

World 1 de Yoshi's Woolly WorldEn pratique, il s’agit toujours de traverser différents niveaux  de plateformes 2D à défilement  horizontal et/ou vertical rempli de pièges et d’ennemis mais aussi de différents objets bonus à ramasser. Yoshi avale toujours ses ennemis pour les recracher ou les transformer en œufs (ou plutôt ici en pelottes de laine) afin de s’en servir comme projectiles. Il  peut sauter et rester péniblement quelques secondes dans les airs (ce qui est toujours aussi salvateur) ou encore utiliser l’attaque rodéo pour s’écraser violemment sur un obstacle ou un ennemi.  C’est classique mais toujours aussi diablement efficace même si, évidemment, les nouveaux venus devront  s’entraîner un peu avant de maîtriser le gameplay sur le bout des doigts, en particulier pour bien viser avec les œufs (même s'il y a toujours deux configurations possibles). Il faudra aussi veiller à ne pas déclencher l’attaque rodéo à de mauvais moments, dans le vide par exemple, ce qui est un souci récurrents des jeux avec Yoshi et que l'on retrouve un peu, malheureusement ici, aussi. C'est cependant, l'une des rares faussses notes d'un gameplay millimétré qui a fait ses preuves et qui est dans Yoshi’s Woolly World tout entier au service d'un level design astucieux, conçus pour plaire aux anciens et aux nouveaux venus.

 

 

Yoshi dans la laine                                            

Tricot'île

L’histoire de Yoshi’s Woolly World est, comme souvent dans les productions Nintendo,  cousue de fil blanc et ne reste qu’un prétexte au jeu et à son gameplay. Tout commence sur Tricot’île, l’île des Yoshi en laine dont la quiétude est tout d’un coup rompue par l’arrivée tonitruante du sorcier Kamek , bien connu des fans de Mario et habituelle âme damnée de Bowser.  En moins de temps qu’il n’en faut pour écrire à la suite, saperlipopette et nom d’une moustache, Kamek détricote une demi-douzaine de Yoshi, pour en faire des pelotes qu’il range dans un gros sac avant de disparaître…  A partir de là, deux Yoshi que Kamek a oublié d’embobiner se lancent à la poursuite du malotru, dans l’espoir de sauver les autres Yoshi mais aussi de découvrir qui tire les ficelles et se cache derrière Kamek… Suspens, suspens...

Yoshi contre BelixoYoshi’s Woolly World est divisé en (au moins) cinq mondes d’une dizaine de niveaux chacun dont le dernier est le repaire d’un boss sachant qu’un sous-boss attend les joueurs généralement au quatrième monde... Une construction, là encore, très classique, même si on note que chaque niveau propose des idées et des mécanismes de jeu différents qui font qu’il n’y en a jamais deux identiques.  De plus, si on retrouve des mécanismes de jeu déjà vus dans les Yoshi précédents, d’autres sont totalement nouveaux.  Cette variété dans les niveaux, leur ambiance et leurs mécanismes fait que le titre est vraiment très riche et très agréable à parcourir comme une ribambelle de cadeaux de Noël que l'on découvriraient plus colorés et somptueux les uns que les autres. De temps à autre, Yoshi peut se transformer le temps d’une épreuve bonus.  Parapluie, moto, taupe, avion, sous-marin… Là encore, la variété est de mise et certaines transformations n’apparaissent qu’une seule fois (deux tout au plus) empêchant la lassitude et l'impression de déjà-joué de s'installer. La diversité et la variété sont aussi les maîtres mots de la bande son du titre qui est une franche réussite et participe grandement au plaisir du joueur, entre les morceaux connus revisités et les nouveaux, parfois étonnants.

 

On achève bien l'écheveau

Résultats des mondes de Yoshi'sWoolly WorldKirby au fil de l’aventure était un jeu magnifique et très réussi dont le plaisir résidait avant tout dans sa découverte et dont le seul défaut était sa facilité revendiquée et décomplexée. En effet, les développeurs avaient fait en sorte que le joueur ne rencontre jamais aucun vrai obstacle ni game over et avaient mis en place une sorte de jeu parallèle pour les gamers qui consistaient à traverser tous les niveaux sans se faire toucher une seule fois pour garder tous les diamants collectés durant la partie.  Ce n’est qu’à ce prix que le joueur motivé pouvait découvrir  les ultimes niveaux du jeu. Un véritable challenge pour le coup mais qui ne s’adressait qu’aux gamers de bonne volonté (puisqu’il fallait le vouloir), les autres ne pouvant que constater que le titre pouvait limite se terminer les yeux bandés avec une main attachés derrière le dos.

Pour Yoshi’s Woolly World, les développeurs ont décidé de rectifier le tir et ont fait le contraire de ce qu’ils avaient fait pour Kirby. Le jeu est par moment assez difficile avec des séquences de plateformes millimétrées et des mécanismes entraînant même carrément des « morts subites »,  mais ils ont fait en sorte que les débutants (et/ou les fainéants) puissent à tout moment avoir une aide, soit en utilisant un Yoshi ailé, permettant de survoler certains passages, soit en achetant et en utilisant un des badges du jeu, octroyant  différents pouvoirs et bonus le temps d’un niveau. 

 

La tournée des patrons

Les vrais patrons de Yoshi's Woolly WorldPour autant, encore une fois, en ligne droite, le joueur  qui se contentera de traverser les niveaux de part en part pourra assez vite (en 8 ou 9 heures)  voir le générique de fin défiler, surtout en utilisant les aides et cela malgré des points de contrôles très espacés demandant parfois de recommencer de grandes portions de niveau. Une façon de rallonger la durée de vie artificiellement qui frustre et énerve plus qu'autre chose. Et ce ne sont sûrement pas les boss de fin et de milieu de niveau qui pourront arranger les choses, bien au contraire puisqu'ils sont vraiment très simples à abattre même ceux proposant des mécanismes de jeu en 3D. Il faut d'ailleurs préciser que ces mécanismes qui pourraient apporter un peu de fraîcheur ne sont pas toujours très bien exploités ni intégrés au reste du jeu. C'est le cas notamment du dernier boss qui devrait conclure le titre en apothéose mais qui, non seulement, est mal amené (sans suspens- son nom étant dans le titre du niveau) mais dont les mécanismes de jeu en 3D sont brouillons et peu précis.

Ces quelques fausses notes pourraient bien évidemment impacter la qualité du jeu dans son ensemble surtout que l'on pourrait en citer d'autres comme les phases bonus aussi inutiles  que fades et probablement que le joueur qui foncera dans chaque niveau et s'arrêtera de jouer au boss final, pourra comme certains le font avec d'autres jeux Nintendo,  se plaindre du manque de challenge et de la faible durée de vie du jeu... Cependant, le joueur qui ferait cela, passerait clairement à côté du jeu. 

Ce n’est qu’en s’attelant à l’un des objectifs secondaires que renferme chaque niveau que le joueur se frottera au réel challenge du titre et à l’ingéniosité de son level design.  Trouver les cinq fleurs cachées (pour accéder aux niveaux secret de chaque monde) les cinq pelotes de laine (pour re-tricoter les Yoshi capturés et pouvoir les diriger ensuite) les 20 petites étoiles de vie ou encore les 20 tampons Miiverse (en ramassant un maximum de diamants)… Les objectifs secondaires de chaque niveau de Yoshi’s Woolly World sont nombreux et variés et n’ont d’ailleurs de secondaires que le nom.  En réalité, on peut même dire qu’ils constituent le corps du jeu puisque les niveaux et leurs mécanismes de jeu ont été pensés et conçus autour d’eux.  Comme toujours, il faudra inspecter le moindre recoin de chaque niveau pour espérer tous les remplir et il faudra naturellement aussi toujours faire marcher ses petites cellules grises.

Tampons Miiverse de YoshiCes objectifs secondaires sont d’ailleurs tellement nombreux qu’ils pallient, quelque part, à l’absence de « game + » ou de monde secret à débloquer après le générique de fin- même si on peut déplorer leur absence. En effet, on peut penser que beaucoup de joueurs s'attèleront à remplir ces objectifs secondaires, une fois qu’ils auront terminé le jeu une première fois. A partir de ce moment-là, d’ailleurs, le principe des badges prendra toute sa pertinence puisque il pourra fortement aider à récupérer certains objets difficiles d’accès. En choisissant par exemple d'être insensible aux flammes ou de ne jamais pouvoir tomber dans un trou ou encore en choisissant d'être accompagné par Poochy pour qu'il déniche les objets à collecter ! 

 

Les habits neufs des amiibo

amiibo Yoshi en laineComme Kirby : au fil de l’aventure, Yoshi’s Woolly World est un jeu qui peut se jouer seul mais qui peut aussi se jouer à deux, en coopération à condition de le choisir avant de commencer à jouer (le second joueur ne pouvant  malheureusement entrer ou sortir des niveaux à sa guise). Et si le jeu à deux n’est en théorie qu’une option, de nombreux passages du jeu semblent clairement avoir été conçus pour être joué à deux.  Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la figurine amiibo Yoshi permet de faire apparaître un second Yoshi qui agit comme un clone mais qui surtout pourra remplacer l’absence d’un second joueur, en servant de projectile par exemple ou encore pour se protéger et éviter de perdre (puisque tant qu’un Yoshi reste en lice, le jeu continue)

A ce propos, tous les amiibo des séries Smash Bros et Super Mario sont compatibles avec le jeu et si leur rôle n’est que cosmétique, on apprécie l’effort d’avoir créé des « patrons » pour chaque personnage. C’est un vrai plaisir de découvrir les Yoshi « déguisés » en Ike, Samus Aaran, Bowser, Zelda, Mario et cie. Quant au Yoshi en laine spécialement créé pour le jeu (si vous le trouvez) il permet notamment de sauvegarder son propre patron, et de jouer avec son Yoshi personnalisé.

 

 

CONCLUSION

Yoshi’s Woolly World a l'étoffe des grands jeux. Sa forme extraordinaire et maîtrisée de bout en bout se marie parfaitement avec un fond qui est certes plus classique mais reste néanmoins toujours aussi efficace. Contrairement à Yoshi’s New island qui avait tendance à affadir les mécanismes de la série à trop vouloir les simplifier,  Yoshi’s Woolly World les rafraîchit et leur redonne leur couleur d’antan. Certes en ligne droite le jeu se terminera encore un peu trop vite et pour pleinement l'apprécier le joueur devra encore faire l’effort d’aller au-devant du challenge, comme c’est désormais la règle dans bon nombre de productions Nintendo. On pourra aussi critiquer la facilité avec laquelle les boss tirent leur révérence et surtout le dernier totalement raté- ou presque. 

8
Mais malgré quelques petits défauts, la variété des niveaux et l’ingéniosité de leurs mécanismes sans cesse renouvelés permettent à Yoshi’s Woolly World de tirer son épingle du jeu et à Nintendo de nous embobiner une fois encore.

  • Magnifique
  • Gameplay millimétré
  • Variété des situations
  • Bande son réussie
  • Contenu riche
  • Système des badges, sympa
  • Poochy
  • les amiibo et les tenues
  • Difficulté mieux dosée mais...
  • ... Encore trop facile en ligne droite
  • Mécanismes de jeu 3D mal exploités
  • Boss toujorus trop faciles
  • Dernier boss raté
  • Points de contrôle trop espacés
  • Phase bonus ridicules
  • Encore des attaques rodéo dans le vide !