Sorti au début de l'année dernière sur les autres supports HD, Puddle débarque maintenant sur Wii U. Probablement un des titres de l'eShop les plus flatteurs pour la rétine après Trine 2, ce jeu indépendant de Neko Entertainment basé sur la gestion des liquides est-il aussi agréable à jouer qu'à admirer ?
Bien souvent en matière de jeux vidéo, les principes les plus simples sont également les plus accrocheurs. Puddle démarre donc avec un capital sympathie qui n'est pas à négliger. Aux commandes d'un fluide bien visqueux, le joueur est amené à traverser des niveaux par de simples inclinaisons du GamePad. Simple ? Certes, seulement le soft de Neko Entertainment sait aussi se montrer impitoyable. Heureusement, les mécanismes de jeu se renouvellent très intelligemment tout au long de l'aventure. Vous guidez du fertilisant ? Certains passages ne se débloqueront que si vous faites pousser des plantes particulières. Vous manipulez de la nitroglycérine ? Le moindre choc un peu brusque pourra s'avérer fatal. De l'essence ? Les flammes auront tôt fait de vous réduire en vapeur... Les liquides ont chacun leur propriété mais également leur propre densité. L'eau sera plus fluide que la nitroglycérine, qui est, elle, très pâteuse... Comme quoi, malgré un concept simple, d'une épreuve à l'autre on a rarement l'impression de se retrouver à faire la même chose.
Cette impression est d'ailleurs renforcée par une autre qualité du titre : son esthétique avantageuse. Non seulement les environnements sont variés et assez nombreux, mais en plus, le traitement accordé à l'image est remarquable. Apprêtez-vous à voyager : laboratoire, canalisations, et même corps humain, les destinations sont nombreuses et vous aurez même quelques niveaux spéciaux encore plus originaux. Evidemment les décors ne sont pas là que pour la frime et garantissent quelques pièges bien vicelards associés. Dans un jardin, par exemple, des droseras se repaitront de votre précieuse coulée juste à la sortie d'une descente. Ailleurs, ce seront des sucs gastriques qui se déclencheront à votre passage. Et, il serait criminel d'oublier les moments où votre fluide est enfermé dans un récipient qui menace de se casser à chaque instant. En somme, des mécanismes de jeu qui exploitent judicieusement les univers explorés. Présenté comme ça, Puddle a tout l'air du petit hit indépendant intelligent et bien construit. Dans la pratique, ce n'est pas tout à fait faux mais il est desservi par une défaillance de taille : c'est mou. Horriblement mou.
Dans Puddle, chacun des déplacements est long. Il prend du temps, il est mou... Soyons honnêtes, même dans le cas des liquides les plus aqueux, la matière tient quasiment plus de la pâte que de la flotte. Les contrôles manquent d'ailleurs cruellement de nervosité et ce, quel que soit le mode de commande choisi. Que vous utilisiez les boutons, ou le gyroscope, si vous avez eu le malheur de prendre un poil trop de vitesse, il sera littéralement impossible de s'arrêter devant un piège plus loin, même si vous avez eu le temps de le voir arriver. Les liquides sont soumis à une inertie ahurissante qui les pousse à toujours prendre un temps de réaction franchement gênant avant de faire le moindre mouvement : un certain nombre de missions donnent même l'impression d'être davantage spectateur que joueur. Par ailleurs on notera que les substances dirigées ont une fâcheuse tendance à se diviser en particules à la moindre occasion. Conséquence : on se retrouve souvent à essayer tant bien que mal de réunir plusieurs groupes éparpillés, le tout avec une caméra qui se centre naturellement sur le plus avancé du niveau et non le plus gros. Couplez l'ensemble à la difficulté de base du jeu et vous obtenez un résultat frustrant dans lequel on s'énerve plus que l'on ne s'amuse. Pas franchement une réussite.
