Nintendo Wii U

Pikmin 3

Test Wii U

Pikmin 3

Par rifraff - Le 03/08/2013 à 03:55

Annoncé un peu n’importe comment (et en catastrophe) lors de l’E3 2008, Pikmin 3 aurait dû sortir dans la foulée sur Wii…  Mais plus de  cinq ans plus tard, c’est finalement sur Wii U que le titre débarque enfin…  Le jardin de la Wii U va-t-il voir fleurir l’une de ses plus belles fleurs ou l’herbe restera-t-elle définitivement plus verte sur GameCube ?  Réponse dans le test ci-après.

 

Rendez-vous en terrain connu

qu'ils sont mimis!

Née en 2001 sur GameCube de l’imagination de Shigeru Miyamoto, qu’on ne présente plus,  Pikmin est une licence d’une rare poésie qui marie avec bonheur la stratégie en temps réel et l’action dans une ambiance bucolique et fantastique très originale. Créé au départ pour mettre en valeur le pad du GameCube en utilisant ses deux sticks indépendamment l’un de l’autre, Pikmin est un jeu typique de l’ère GameCube avec un gameplay très exigent et une des dernières licences de Nintendo créée spécifiquement pour les "gamers". Dans le contexte actuel, difficile d’imaginer Nintendo créer une telle production, ou alors en adaptant son gameplay pour la rendre plus accessible. Les temps ont changé et le public qui joue au jeu vidéo aussi (même si certains sont toujours là). En celà, l’annonce de Pikmin 3 sur Wii paraîssait logique : le pointeur de la Wiimote remplaçant avantageusement le stick du GameCube et rendant le jeu beaucoup plus simple à manier. Par contre, son transfert sur Wii U n’a jamais été très bien compris, car même si la Wii U permet l’utilisation du combo Nunchuck-Wiimote, c’est surtout au GamePad que l’on pense lorsqu’on évoque la dernière console de salon de Nintendo. Et de prime abord, on a un peu de mal à voir ce que le GamePad va pouvoir apporter à la licence et en quoi il était plus judicieux de sortir Pikmin 3 sur Wii U plutôt que sur Wii... 

L’histoire de Pikmin 3 débute sur une planète lointaine nommée Koppaï dont les habitants, les Koppiens, ont épuisé toutes les ressources naturelles. Pour survivre, les Koppiens doivent impérativement trouver de nouvelles ressources ailleurs. C’est ainsi que trois valeureux Koppiens, Alph, Brittany et Charlie, sont envoyés en mission à l’autre bout de la galaxie, sur une planète mystérieuse, joliment baptisée PNF-404, afin d’y collecter des fruits géants à même de nourrir tous les Koppiens et de sauver Koppaï de l’extinction qui la guette. Seulement, l’expédition s’annonce plus périlleuse que prévue car PNF-404 est aussi peuplée de créatures primitives plus ou moins agressives et remplie de pièges étrangement sophistiqués… Heureusement, nos trois nouveaux héros font rapidement la connaissance des Pikmin, d’étranges petits lutins colorés mi-insectes, mi-plantes qui se mettent automatiquement sous leurs ordres et vont les aider à mener à bien leur mission. 

 

La mort en ce jardin

La famille Pikmin en vacancesPikmin 3 commence bien et surprend d'emblée par son écriture et sa réalisation. Le titre débute en exposant rapidement son histoire comme un grand jeu de science-fiction et pour un peu on se croirait presque dans Mass Effect 3 ! Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, le jeu développe une intrigue originale et introduit trois nouveaux héros qui, a priori, semblent moins charismatiques que le capitaine Olimar mais apportent tout de suite beaucoup de fraîcheur au titre. Il est vrai qu’ils sont trois, et qu’à trois, il est plus difficile de faire émerger un caractère plutôt qu’un autre surtout que le jeu n’en privilégie aucun. D’une manière générale, Pikmin 3 se révèle mieux construit et scénarisé que ses aînés. Bien sûr son intrigue ne reste qu’un prétexte pour justifier la mécanique de jeu mais elle est rondement menée et bien mieux intégrée aux phases de jeu proprement dites. L’histoire ne se limite plus à une ou deux cinématiques en début et fin de jeu et réserve d’ailleurs son lot de surprises dont une particulièrement renversante, à la fin du jeu… En outre le titre développe un humour très subtil même s’il faut souvent prendre la peine de lire les notes et les comptes rendus du jeu pour pleinement l’apprécier, et que donc il faut savoir lire - mais si vous en êtes là, vous êtes sur la bonne voie.

Visuellement, le jeu est vraiment joli et certains passages sont même carrément sublimes avec de somptueux effets, notamment de flou, de reflets ou de flammes. Les environnements sont majestueux et variés, et c’est souvent avec émerveillement qu’on les découvre les uns après les autres. En même temps, il faut reconnaître que l’on reste en terrain connu. Dans l’esprit, le jeu est très proche des deux premiers opus qui, il est vrai, avaient mis la barre très haute avec leur graphismes réalistes mais néanmoins colorés auxquels il ne manquait finalement que la HD.

Y a le feu!Scénario mis à part, Pikmin 3 ressemble énormément aux autres épisodes dont il reprend non seulement le style et la charte graphique mais aussi la mécanique de jeu, une partie du bestiaire et, bien sûr, le gameplay, à peine adapté à son nouveau support. Si vous avez déjà joué aux premiers épisodes sur GameCube ou sur Wii, vous ne serez assurément pas dépaysé et vous retrouverez immédiatement vos marques puisque c’est quasiment la même chose d’un jeu à l’autre. Cependant pas d’inquiétude si vous deviez découvrir la licence avec cet épisode car malgré un nombre important de paramètres et d’informations à prendre en compte, le jeu est étonnamment simple à prendre en main et construit savamment de façon à ce que toutes ses subtilités se découvrent les unes après les autres, sans que ce ne soit jamais lourd ou trop didactique. C'est un peu l'école Nintendo dans toute sa splendeur. A la limite, ce n’est pas le joueur qui s'adapte au jeu mais le jeu qui s'adapte au joueur. Dans cet esprit, le jeu n’impose aucune manette et laisse au joueur la liberté de choisir entre le Pad Pro, le GamePad ou le combo Wiimote-Nunchuck, ce dernier se montrant très précis et réactif (bien plus qu’il ne l’était avec les remakes sur Wii) même si en contrepartie il ne permet pas de gérer les caméras comme avec un Pad.

Pikmin 3 reprend le principe de base de ses aînés. Il s’agit toujours d’explorer une planète sauvage qui ressemble à un jardin géant, en dirigeant le petit capitaine d’une armée de Pikmin, à la nuance près que le joueur ne dirige plus un, ni deux, mais trois petits capitaines en même temps, qu’il peut garder en groupe ou séparer. Sinon, comme dans les autres opus, les capitaines n’interagissent avec leur environnement que grâce aux Pikmin auxquels ils donnent des ordres et qui peuvent attaquer, creuser, détruire ou encore porter différents objets, en fonction des situations. Pour cela, il suffit simplement de viser un endroit sur l'écran (au stick ou au pointeur) et d'y "balancer" (en appuyant sur A) les Pikmin en nombre suffisant pour qu'automatiquement ils se mettent au travail, creusent s'il faut creuser ou détruisent s'il y a un obstacle à détruire. Et s'ils sont jetés sur une créature, quelque soit sa taille ou son degré de dangerosité, les Pikmin l'attaqueront jusqu'à ce qu'ils la tuent ou soient tués. C'est sûrement ça qu'on appelle l'amour ! Il y a, à terme, dans le mode histoire, cinq types de Pikmin différents, identifiables à leur couleur et ayant chacun des spécificités, des forces et des faiblesses qui leur sont propres : les Pikmin rouges qui sont les Pikmin de base, doués pour les combats rapprochés et ne craignant pas le feu, les Pikmin jaunes qui sont les plus agiles et qui sont conducteurs d’électricité, les Pikmin bleus qui sont les seuls Pikmin du jeu à ne pas craindre l’eau et donc à pouvoir s’attaquer à des ennemis aquatiques, les Pikmin rocs (ou  "noirs") qui sont durs comme de la pierre et peuvent assommer de gros ennemis ou éclater des surfaces en verre, et enfin les Pikmin roses, tout mimis avec leurs gros yeux et leurs ailes de mouches, qui peuvent s’en prendre aux ennemis volants ou transporter des objets dans les airs mais sont un peu frêles par ailleurs. Evidemment, plus le joueur possède de type de Pikmin différents, plus il accède à de nouvelles compétences et peut pénétrer de nouvelles zones, exactement comme dans un Zelda, les Pikmin remplaçant les items de Link…

 

Effroyables Jardins

Un monstre dans mon jardinLe level design du jeu est d’ailleurs très proche de celui de Zelda Skyward Sword. C’est le même esprit. Avec une zone centrale, non morcelée, construite sur plusieurs niveaux transformant chaque centimètre carré en terrain de jeu potentiel. Ainsi, même si les environnements du jeu ressemblent, a priori, beaucoup à ceux des autres opus, ils sont en fait très différents dans leur architecture. Ils ne sont plus "plats" et multiplient les surfaces différentes. Souvent, on pense avoir fait le tour d’une zone mais il s'avère qu'elle en cache une autre, sur un autre niveau, au-dessus, ou au-dessous, qu’on ne soupçonnait pas. Il y a par exemple des sentiers qui sont comme des couloirs ne laissant que peu de place à l’exploration puisqu’on ne peut qu’aller tout droit, sauf que la bordure de ce couloir, que l’on pensait juste décorative, est en réalité une autre surface de jeu dont il faut trouver l’accès… Au final, les environnements du jeu sont très denses et concentrés, et parfaitement étudiés pour mettre en valeur les spécificités des différents Pikmin mais aussi celle des capitaines qui en plus de pouvoir se séparer, peuvent se jeter les uns les autres comme ils le font avec leurs Pikmin. Une aptitude au centre de nombreuses énigmes parmi les plus tordues du jeu.

Dans Pikmin 3, tout est une énigme dont la réponse est un Pikmin. Même les créatures  du jeu, dont certaines semblent échappées d’un poème bien barré de Lewis Carroll, sont conçues comme des  énigmes  qui ne peuvent être résolues que par telle capacité ou telle faiblesse d’un ou de plusieurs types de Pikmin. C’est aussi le cas des boss et des sous-boss qui sont gigantesques et qui demandent bien souvent plus de réflexion que de reflexes.

Pikmin 3 laisse une très grande liberté au joueur. Evidemment le jeu édicte ses règles mais ensuite, le joueur est libre de s'organiser comme il l'entend. La mission principale du jeu consiste à trouver un maximum de fruits géants dont les graines sont stockées pour Koppaï et dont le jus permet aux héros de se sustenter. Malheureusement, comme dans les deux premiers Pikmin, il n'est possible d'explorer la planète et donc de ramasser des fruits que durant la journée, la nuit étant jugée trop dangereuse. Les sessions de jeu sont donc une nouvelle fois limitées… Chaque matin, le vaisseau des explorateurs et le vaisseau-mère des Pikmin se posent sur une des cinq zones de PNF-404 et le compte à rebours commence aussitôt. Le joueur dispose alors d’environ douze minutes pour choisir ses Pikmin, explorer la zone et tenter de trouver un maximum de fruits. Il y en a 66 éparpillés sur la planète, qui donnent plus ou moins de jus selon leur taille et qui sont plus ou moins faciles à trouver. Seulement, on comprend vite que même avec une bonne organisation, certains fruits ne pourront pas être trouvés et ramenés au vaisseau en une seule journée car gardés par des boss ou protégés par des mécanismes compliqués. Il faudra donc forcément élaborer des stratégies et bien planifier ses journées, en prévoyant même parfois des replis stratégiques, pour mieux revenir plus fort le lendemain sachant que les gros ennemis garderont les stigmates des coups portés et que les constructions à moitié construites resteront à moitié construites… 

 

Wii Garden Party

Le GamePad de PKM 3En cela, le GamePad se révèle moins accessoire que prévu et sans aller jusqu’à justifier le portage du jeu sur Wii U, il se montre tout du moins très utile pour élaborer des stratégies et repérer le terrain en évaluant les distances et les difficultés avant chaque début de journée ou au contraire pour faire un débriefing le soir, une fois retourné au vaisseau.

Intégré au jeu sous le nom de KopPad, le GamePad permet d’avoir en permanence sous les yeux un second écran qui détaille la carte de la zone,  indique l’emplacement des fruits et des différents protagonistes. En faisant glisser son doigt sur l’écran tactile, il est possible de survoler à tout moment l’intégralité de l’aire de jeu pour repérer en direct les éventuels obstacles ou monstres tapis dans l’ombre. Ce n’est a priori pas une façon de jouer très instinctive et franchement, on imagine bien que sans le GamePad, Miyamoto aurait fait autrement. Mais une fois qu’on a compris comment tout ceci fonctionne, c’est un vrai plus, notamment en ce qui concerne la gestion des différents capitaines que l’on peut séparer en deux ou trois groupes pour leur assigner des tâches différentes en leur créant des itinéraires sur le GamePad.   

Le GamePad permet aussi de jouer sans télé… Une option désormais indispensable, qui soit dit en passant, prouve qu’il est tout à fait possible de jouer au jeu sans avoir deux écrans en permanence… A noter à ce propos que ce mode "sans télé" innove en permettant aux joueurs d’utiliser la manette de leur choix, le Pad Pro, le Gamepad ou le combo Wiimote-Nunchuck , le GamePad se transformant alors en un petit écran de télé. Une excellente initiative.

Le jeu n’est pas très long et il est évident que les pros arriveront à ramasser les 66 fruits assez rapidement même si le challenge est très gratifiant. Pour prolonger le plaisir le jeu propose différents modes qu’il est possible de partager à deux (chose malheureusement impossible dans le mode histoire). Un mode mission sympathique mais vite retourné dans lequel il est possible notamment de s’attaquer une nouvelle fois aux boss du jeu, ainsi qu’un mode Bingo plutôt amusant même si on regrette qu’il soit impossible à l’un des deux joueurs de jouer uniquement sur le GamePad...

 

 Conclusion

Méfiez vous des coccinelles à museauIl y aurait encore beaucoup de choses à dire sur Pikmin 3 qui, contre toute attente, se révèle d’une richesse incroyable et dont on sent réellement le soin derrière chaque détail. Certes, à première vue, le jeu ressemble beaucoup aux deux épisodes de la GameCube et un œil non averti aura même sûrement du mal à différencier les trois jeux. Seulement, Pikmin 3 marque clairement un aboutissement et tout ce qui faisait la force et l’intérêt des autres épisodes a été retravaillé pour atteindre la perfection, ou presque. La perfection, par définition, étant imparfaite…

Comme un mécanisme d’horlogerie de haute précision, le jeu combine un nombre hallucinant d’éléments et de paramètres différents à prendre en compte qui s'imbriquent les uns aux autres sans jamais alourdir l'expérience et perdre le joueur.

Des fruits qui ressemblent "aux fesses du capitaine", un poème sur un canard en plastique ou encore des répliques bien senties sur les épisodes précédents, le jeu est en outre très drôle et extrêment bien écrit. Sachant ménager ses effets, il surprend aussi par la qualité de sa réalisation et sa construction savante, laissant le joueur libre de jouer comme il l'entend, quelque soit son niveau. Quant à sa pirouette finale, elle surprendra plus d'un joueur!

On regrettera quand même qu’après avoir attendu si longtemps, le jeu soit finalement si court et qu'il ne permette pas de jouer à deux dans le mode histoire alors qu'avec le GamePad, chaque joueur aurait pu avoir son écran. On regrettera aussi que les fonctions liées au GamePad, quoique très intéressantes et utiles durant la partie, restent malgré tout accessoires. 

9
Pikmin 3 est un jeu rare et on aurait tort de faire la fine bouche. Tour à tour drôle, fascinant, poétique et terrifiant, Pikmin 3 est un jeu d’action-stratégie extraordinaire qui malgré sa richesse et sa complexité reste accessible à tous les joueurs. Une belle réussite qui offre à la Wii U l'un de ses meilleurs jeux.

  • L’univers enchanteur
  • Le gameplay
  • Le « level design » inspiré
  • Les idées à la pelle
  • L’humour
  • Les boss
  • Le dernier niveau, inoubliable
  • le choix des manettes
  • Un peu court
  • Peu de zones
  • Un air de déjàjoué
  • Pas de jeu à deux en mode histoire