Nintendo Wii U

Hyrule Warriors

Test Wii U

Hyrule Warriors

Par Shadowdeath - Le 18/09/2014 à 09:41

C'est parce qu'ils sont des admirateurs d'Eiji Aonuma et de son travail sur la licence des « The Legend of Zelda » que le studio Tecmo Koei a souhaité réaliser un Musou à l'effigie de cette licence mythique. Hyrule Warriors est le fruit d'un travail de collaboration entre Tecmo Koei et Nintendo qui reprend l'univers et les personnages de la série, sacro-sainte dans le cœur des fans de Nintendo, pour la transformer en un beat'em all nerveux et dynamique. On y retrouve nos protagonistes préférés que sont Link, Zelda et Ganondorf, ainsi que dix autres personnages jouables dont l'un, Lana, est un personnage exclusif. Ne vous y méprenez pas, il ne s'agit aucunement d'un titre appartenant à la série « The Legend of Zelda » au sens propre.

 

Un "The Legend of Zelda" à la sauce "Musou"

La douce princesse Zelda s'éveille en nage, et fait part du rêve prémonitoire qu'elle vient de faire à sa fidèle protectrice, Impa. Alertées par ces sombres auspices, prévoyant l'éveil d'un mal ancien, les deux femmes partent à la recherche de celui qui revêtira la tunique du Héros. Link ayant été dégoté, lui et ses alliés devront faire face à l'armée de Cya, une sorcière noire subjuguée par les beaux yeux bleus du hylien et décidée à submerger le monde d'un flot de ténèbres. Pour se faire, elle ouvre des portails dimensionnels qui transforment le monde en un gigantesque micmac mélangeant les lieux de différentes époques, rattachées aux différents titres de la série (Twilight Princess, Ocarina of Time et Skyward Sword). Le concept est simple : exterminer le plus d'ennemis possible en tâchant de répondre aux objectifs de quêtes qui s'affichent et s'enchaînent au cours d'une bataille jusqu'à obtenir la victoire. Pour se faire, il faudra s'emparer des différents forts du champ de bataille, détenus par l'armée ennemie, de manière à pouvoir asseoir une certaine domination géographique. Au cours d'une bataille, vous incarnez l'un des « généraux » de votre armée et serez chargés d'éliminer les chefs du clan adverse qui feront parfois appel à de redoutables boss, eux aussi, tirés de la licence des Zelda.

Comme dans la série, vous découvrirez des coffres au trésor comprenant des objets tels que le boomerang, les bombes ou l'arc qui vous seront indispensable par la suite. Le titre comporte trois modes de jeu. Le Mode Légende vous propose de progresser dans le scénario du titre en jouant avec des personnages imposés, ce qui est fort dommage compte tenu du fait que l'on ait vanté la variété des personnages jouables tout le long d'une impressionnante campagne de médiatisation ayant précédé la sortie du titre. Le Mode Libre tente de pallier à ce défaut en autorisant de refaire les niveaux débloqués dans le Mode Légende avec le personnage de votre choix cette fois-ci, si vous en avez la foi... Enfin, le Mode dit « Aventure » n'est autre qu'un ensemble de challenges qu'il vous faudra relever dans les même endroits, en combattant les même boss et avec les mêmes musiques. Il est tout un pan du jeu, dont l'utilité réelle reste encore à prouver puisque vous pouvez visiblement vous passer totalement de son utilisation pour achever le Mode Légende : il s'agit du Marché Couvert. Dans celui-ci, vous retrouvez l'Apothicaire, qui vous permet de concocter des potions qui vous serviront durant les batailles avec les ingrédients récoltés au cours de ces dernières. Vous pouvez utiliser la « badgerie » pour octroyer des caractéristiques supplémentaires à vos personnages. Pour finir, le ferrailleur qui propose d'améliorer vos armes en les fusionnant entre elles. Collectez tout ce que vous pouvez trouver sur un champ de bataille pour le réutiliser au marché, sachant que vous pourrez également trouver de nouvelles armes dans des coffres, en prenant des forts ennemis.

 

Waouh... Euh non, beurk ! Euh non, Waouh ?...

Bien entendu, l'on se réjouit de pouvoir combattre avec les 12 personnages extraits de la licence « The Legend of Zelda », chacun doté de quelques combos ravageurs et très impressionnants en respect avec l'esprit de la série. La farandole d'ennemis que l'on envoie valser dans les airs par le biais d'attaques plus dévastatrices les unes que les autres offre une sensation de toute-puissance qui renforce l'enthousiasme du gamer. Oui, mais tout cela suffit-il à satisfaire les détenteurs d'une console telle que la Wii U ? D'où ce jeu tiret t-il intrinsèquement la légitimité d'une sortie exclusive sur la machine next-gen de Nintendo ? Difficile à dire. Car il ne suffit pas de reprendre des égéries de la Firme de Kyoto pour qu'un jeu soit de qualité en bout de chaine. Hyrule Warriors, c'est aussi beaucoup de recyclage. En réalité, avec Ganon, vous ne pourrez affronter que cinq boss différents au sein d'un peu plus d'une dizaine d'environnements. Les décors, parlons-en ! Hormis un lissage de texture excessif pour tenter de tapisser les bordures d'énormes zones quasiment vides, parsemées de quelques murailles grisâtres de ci-de là, l'on dénotera l'horrible rendu de certains effets tels que le feu des explosions, la fumée et l'eau des bassins et des lacs. Tandis qu'en parallèle, il est étonnant de constater la minutie avec laquelle ont été modélisés les personnages du titre. Ainsi, de beaux personnages dans des contextes d'une mocheté parfois quasi-innommable, c'est une alchimie donnant lieu à un contraste étrange. Notons que vous ne serez pas exempt d'avoir à revisiter plusieurs fois les même niveaux. Heureusement, les cinématiques sauvent la mise en se focalisant uniquement sur les personnages tout en rendant flou ce qu'il y a autour. Il est difficile de ne pas employer le terme de « bâclage » lorsqu'il s'agit de certains terrains comme les Gorges de Lanelle, et lorsqu'on voit ce que peut offrir la Wii U en terme de capacités graphiques si l'on se réfère à l'excellent Mario Kart 8. En l'occurrence, les graphismes de Hyrule Warriors, quelque peu « arrangés » par la HD de la console, sont parfois comparables à des visuels de jeu datant de la Playstation 2, et encore... Pour ce qui est des musiques, on reste perplexe devant l'acharnement avec lequel Tecmo Koei s'est entêté à convertir des mélodies bien connues de « The Legend of Zelda » en remix hard rock, qui certes collent avec l'ambiance du titre, mais, pour la plupart, ne rendent pas du tout hommage à l'esprit dans lequel furent élaborées certaines musiques telles que notamment le thème de Célesbourg. On peut cependant remarquer l'effort fourni par le studio quant au respect de l'authenticité des personnages importants dans leur physiologie. On aurait pu craindre que les dégâts infligés par certains côtés à l'esprit de la licence se répercutent également sur cet aspect-là.

 

Allo ? Est-ce que quelqu'un m'entend ?

Dans le gameplay également de nombreux éléments viennent perturber l'expérience du joueur. Tout d'abord, le côté extrêmement répétitif du titre, qui est un aspect inhérent à l'essence même du genre « Musou », ne plaira sûrement pas à tout le monde. Le terme « Button Mashing » peut assez fidèlement qualifier le style de gameplay que propose Hyrule Warriors. C'est-à-dire qu'il ne s'agit pas vraiment d'apporter de la variété à vos enchaînement de coups, un peu comme ce serait le cas dans des beat'em all du style Devil May Cry ou Bayonetta, il s'agit là tout simplement de « spammer » votre bouton B le plus rapidement possible pour venir à bout de vos adversaires. De toute façon, les combos ne se prêtent aucunement à une quelconque variété dans le gameplay (BBBBB, BY, BBY, BBBY, BBBBY)... L'un des autres aspects frustrants du titre réside dans le fait que le jeu tente de convaincre le joueur qu'il a entre ses mains la clef de la bataille, qu'il possède la capacité de modifier son cours selon ses actions. Ce n'est absolument pas le cas. Quand bien même vous vous êtes assurés que vos alliés sont en pleine forme, avec toute leur santé, quelques secondes auparavant, le jeu peut décider que l'un de vos alliés perde 75% de sa vie en un instant, vous incitant à aller le secourir. De même pour les boss, lorsqu'il est programmé que vous vous devez de battre un monstre géant en trois temps, des situations cocasses peuvent voir le jour, faisant que l'une de vos techniques peut tantôt lui infliger un certain nombre de dommages, tantôt le dixième de ces derniers lorsque la deuxième étape du combat doit s'enclencher. Ce type d'évènement annihile tout esprit de spontanéité dans l'expérience du titre.

Qui plus est, bien qu'effectivement, l'on puisse concéder que, dans le style, l'IA décente soit conférée à quelques ennemis, l'on en reste pas moins béat devant l'inactivité affligeante des petits mobs regroupés par centaines sur l'ensemble de la carte. Pis ! Vos effectifs militaires semblent avoir quelques revendications syndicales si l'on se réfère à leur immobilisme en pleine bataille. En ce qui concerne la durée de vie, elle n'est pas si importante que cela, puisque le Mode Légende pourra être terminé en une quinzaine d'heures en rush. Il ne s'agira pas non plus de 15 heures intenses à la manière d'un Super Mario 3D World, mais de 15 heures fondées, une fois de plus, sur un gameplay de redondance et de répétition, qui, bien que pourvues d'un dynamisme certain, ne pourront pas satisfaire tout le monde. Ajoutez quelques petites heures de plus pour le mode aventure et la replay-value basée sur les éléments à récolter comme des armes ou des matériaux de crafting. Mais pour aborder le sujet qui fâche, n'oublions pas que le prix du jeu sera également un critère dont il faudra tenir compte pour les consommateurs que nous sommes. Et il s'agira du prix fort ! Un déboursement de 50 euros pour un tel titre en vaut-il vraiment la chandelle ? En somme, pour en revenir à une interrogation antérieure : « D'où ce jeu tire-t-il intrinsèquement la légitimité d'une sortie exclusive sur la machine next-gen de Nintendo ? ». On ne saura trop l'expliquer compte tenu du fait que le GamePad, par exemple, n'est que très peu exploité (excepté dans le multijoueur local pour lequel il sert de second écran), à tel point que, pour vous dire, l'on ne peut même pas naviguer dans le menu principal via son écran tactile... Il est bien possible de s'en servir pour permuter entre nos objets, mais ce système d'inventaire précaire est peu réactif et nécessite que l'on s'y reprenne à plusieurs reprises pour attraper l'objet qu'il nous faut sur le moment.

5.5
Que dire d'un jeu qui, de par sa médiatisation racoleuse, a su titiller la curiosité de non-habitués mais qui, en réalité, n'est qu'une expérience plus ou moins forte de déception ? Bien que le titre soit plein de dynamisme, il n'accorde pas suffisamment de soins aux détails et autres à-côtés, ne proposant qu'une expérience de gameplay extrêmement redondante.

  • Un gameplay dynamique et nerveux
  • Des personnages minutieusement modélisés
  • Recyclage intensif (Boss, terrains, musiques, etc.)
  • Des décors globalement moches
  • Toujours le même style de musique pour des remix parfois horripilants
  • Des effets graphiques parfois exécrables
  • Un GamePad mal exploité
  • Des modes superflus
  • Des personnages imposés pour le Mode Légende
  • Des bugs ponctuels et un manque de réactivité de la part du jeu
  • Une durée de vie moyenne