Nintendo Wii U

Duck Tales Remastered

Test Wii U

Duck Tales Remastered

Par rifraff - Le 16/10/2013 à 01:01

Annoncé il y a quelques mois par un trailer instantanément devenu culte, Duck Tales Remastered est, comme son nom l’indique, la version remasterisée du hit de Capcom sorti sur NES en 1990. Confiée au bon soin de WayForward, studio californien talentueux à qui l’on doit des jeux aussi différents et réussis que Shantae sur Gameboy Color,  Looney Tunes : Duck Amuck sur  NDS ou encore Mighty Switch Force sur 3DS et Wii U, cette nouvelle version volera-t-elle dans les plumes de l’original ou filera-t-elle directement au coin… coin ?  Réponse dans le test ci-après, où vous n’êtes pas à l’abri de tomber sur des jeux de mot encore plus minables que celui-ci.

 

Duck Tales Remastered : Le pas vilain petit canard

La bande à Picsou au complet

Réalisé en France dans les mythiques studios Disney de Montreuil (aujourd’hui fermés) Duck Tales traduit en français fort logiquement par 'La Bande à Picsou' est, à la base, une série animée qui connut son heure de gloire à la fin des années 80 en étant diffusée tous les samedis soirs en prime time sur FR3 dans l’émission Disney Channel, mais aussi grâce à un long métrage sorti au cinéma en 1991 sous le titre Le Trésor de la lampe perdue.

Bourrée d’humour et d’aventures, la série (comme le film) avait comme qualité principale de retranscrire fidèlement l’univers et les personnages des bandes dessinées de Carl Barks parues dans le Journal de Mickey ou Picsou Magazine. Une qualité rare que l’on retrouvait aussi dans son adaptation vidéoludique sortie sur NES en 1990 (puis sur Gameboy deux ans plus tard) et qui fut l’un des gros succès de l’époque dans le sillage de toute une série de jeux qui devaient sceller l’histoire d’amour de Disney et des jeux vidéo durant près d’une décennie. Mickey Mania, Magical Quest, Goof Troop, Aladdin sans oublier Castle of Illusion (sorti lui aussi en 1990, mais sur consoles Sega uniquement), sont des jeux qui auront marqué toute une génération de joueurs et dont la seule évocation suffit encore aujourd’hui à faire rêver le plus endurcis des gamers. Ce n’est sûrement pas un hasard si plus de vingt ans plus tard, Duck Tales et Castle of Illusion (dont un remake est sorti début septembre sur PlayStation Store et Xbox Live Arcade) reviennent quasiment en même temps sur le devant de la scène. 

 

Un canard qui casse trois pattes 

Flagada jones rentre en scèneLe premier Duck Tales est un jeu de plateforme typique des années 90, original, exigeant et difficile. Supervisé par Tokuro Fujiwara, à qui l’on doit des chefs d’œuvre tels que Ghosts ‘n Goblin, Gargoyle ‘s Quest ou encore certains épisodes de Megaman, il dispose d’un gameplay solide et unique, spécialement conçu pour lui, comme beaucoup de jeux de son époque. Il se distingue par une réalisation soignée, très fidèle à la série télé mais aussi par une grande variété de situations et une construction éclatée laissant le joueur choisir ses niveaux, comme dans un certain… Megaman.

Vingt ans plus tard, le jeu reste une référence et s'il a forcément vieilli, c’est surtout parce que le public qui joue au jeu vidéo a changé et qu’il n’est plus prêt à passer des heures à buter sur un obstacle tout bête ou à recommencer des dizaines de fois le même passage tordu... En cela le remake de WayForward arrive à point nommé pour permettre à une nouvelle génération de le découvrir sans trop d’efforts.

 

Les aventures de la plume perdue 

Picsou explore le mondeComme l’original, Duck Tales Remastered raconte les mésaventures de Balthazar Picsou, le célèbre canard milliardaire aussi riche que radin qui s'ébroue aux quatre coins du globe à la recherche de ses trésors légendaires, accompagné de ses neveux Riri, Fifi, Loulou et Zaza (on l'oublie tout le temps). Il est découpé en une demi-douzaine de niveaux correspondant à autant de destinations différentes, prétextes à de nouvelles ambiances et rencontres, mais aussi à des mécanismes de jeu divers. Chaque niveau apporte son lot de surprises et d’ennemis spécifiques et si la structure du jeu répond à une logique attendue, il n’est pas rare que le conducteur et les objectifs des niveaux soient chamboulés en plein milieu sans qu’on s’y attende. Il est vrai que contrairement à de nombreux jeux de plateforme actuels, la narration est très prégnante dans Duck Tales et encore plus dans sa version Remastered. De plus, le jeu possède un petit côté « aventure » qui rappelle les bandes dessinées et la série télé. Généralement, le but des niveaux n’est pas de les traverser benoitement de part en part mais de les explorer de fond en comble pour trouver différents objets qui permettent ensuite d’accéder au boss qui clôt invariablement chaque niveau et donc au fameux trésor recherché, sachant que les niveaux s’étalent sur plusieurs étages. On apprécie d’ailleurs la possibilité de laisser un plan du niveau sur l’écran du GamePad lorsque l’on joue sur la télé, ce qui permet de mieux se repérer. Certes, on peut s’en passer car les niveaux ne sont pas non plus tentaculaires (nous ne sommes pas dans Métroïd) mais cela permet d’éviter parfois de fastidieux allers et retours, les cibles y étant notées et la carte mise à jour en temps réel.

 

Un classique remplumé 

Picsou se baigne dans son orDans le fond, entre le remake et l’original, il y a peu de différences. Les niveaux sont construits à l’identique avec les mêmes plates-formes et les mêmes ennemis aux mêmes endroits, et même les diamants à collecter sont positionnés de la même façon. Probablement de peur de trahir le titre original en désequilibrant son gameplay, les développeurs de chez WayForward ont fait le choix de lui rester le plus fidèle possible et de garder comme base le level design des niveaux principaux. Pour autant, le jeu est loin d’être une copie conforme et les développeurs se sont tout de même permis d'étoffer le matériel de base, en lui rajoutant notamment deux niveaux supplémentaires au début et à la fin, afin de lui apporter une cohérence scénaristique et un peu plus d'ampleur. Ils ont aussi ajouté un hub central à partir duquel Picsou peut choisir ses niveaux (comme dans l’original) sur un grand écran, se rendre dans sa galerie pour débloquer des artworks et autres bonus, et aussi, délire suprême, plonger dans une montagne de pièces d’or - un fantasme décadent qui ne sert strictement à rien mais qui reste particulièrement grisant et bien dans le ton du personnage.

Dans le registre des différences, les développeurs ont aussi totalement repensé et dépoussiéré les séquences contre les boss et les sous-boss du jeu. En clair, les boss sont les mêmes d’un jeu à l’autre, mais leurs boucles ont été redéfinies et ils sont désormais bien plus complexes à anéantir. Il ne s’agit plus simplement d’enchainer trois fois le même mouvement pour gagner et tout un tas de mécanismes plus ou moins ingénieux ont été ajoutés. Bien évidemment, les boss ont été entièrement redessinés, pour ne pas dire redesignés, pour coller à l’esprit de la série télé et leurs entrées en scène ont été réécrites.  

 

Un show de canard

Boss k.O.

C'est d'ailleurs le cas du jeu tout entier car si dans le fond rien n'a vraiment changé depuis l'époque NES, dans la forme c'est une autre histoire ! La première chose qui frappe lorsqu’on joue à Duck Tales Remastered (si on excepte les frères Rapetou) c’est la beauté des graphismes, qui renvoient à des pointures du genre Wario Land : The Shake Dimension ou encore le méconnu mais néanmoins excellent Batman : l'Alliance des Héros (autre production WayForward). Les développeurs ont fait un boulot remarquable, en optant pour un style très original (façon Paper Mario) avec d’un côté les personnages dessinés et animés comme dans un cartoon en 2D, et de l’autre des environnements intégralement en 3D.  C’est très réussi et par moment, même,  enchanteur même si, lors des premiers niveaux, il faut reconnaître  que le mélange 2D/3D a tendance à nuire à la bonne lisibilité du jeu. On a parfois l’impression que les sprites 2D peuvent se mouvoir dans tout l’espace alors qu'ils ne peuvent qu'évoluer sur un seul plan en avançant  ou en reculant et que les environnements en 3D ne sont que des décors. Mais il n'y a pas que les graphismes qui ont été revu à la hausse. Le ramage se rapporte aussi au plumage puisque la bande son a subit elle aussi un sacré lifting avec des nouveaux bruitages et des musiques remixées, toujours afin de mieux coller à l'esprit et l'ambiance de la série télé. Le fameux générique chanté du show  que tout le monde connait (du moins les vieux) sert d'ailleurs désormais de générique et le titre est ponctué de séquences animées et parlées qui font progresser l'intrigue. Picsou, Riri, Fifi, Loulou mais aussi Flagada Jones, Miss Tick ou enore Mamie Baba, parlent et retrouvent donc leur voix originale (ou approchante). Et même si les plus pointilleux regretteront l'absence d'animations labiales, eux-mêmes resteront bouche bée devant le travail effectué et la qualité des doublages. Dommage que finalement toutes ces séquences aient plutôt tendance à se retourner contre le jeu en cassant son rythme. Il y en a tellement et elles sont  tellement longues et fréquentes (sans compter qu'elles sont en anglais sous-titré français) que même le plus zen des moines bouddhistes sera bien souvent tenté de les zapper pour aller directement au niveau suivant et donc de se passer de l'histoire. 

         

Avant Duck Tales était dur, mais ça c'était avant 

Jeux d'ombreDe base, la difficulté du jeu original était plutôt décourageante, du genre à renvoyer dans les jupes de sa môman le plus dur et tatoué des gamers d’aujourd’hui. Conscient de ce problème (qui n’en est pas un pour tout le monde, vous me direz) WayForward a fait quelques ajustements pour le rendre plus souple et abordable. Duck Tales Remastered reprend donc le gameplay du jeu original mais y ajoute diverses options. Il y a d’abord un mode facile qui atténue les dégâts causés par les ennemis et permet, en cas de mort subite, de recommencer non loin de l’endroit de son trépas, et non pas au début du niveau. Ensuite il y a l’option du « saut Pogo » automatique que l’on peut activer ou pas. Le « saut Pogo », c’est le saut qui permet à Picsou d’écrabouiller les ennemis en utilisant sa canne comme un bâton sauteur. C’est un peu l’équivalent de « l’attaque rodéo » de Mario à la nuance près que Picsou est obligé de l’utiliser car un simple saut n’a aucun effet sur les ennemis et peut même lui faire perdre un cœur. Il est donc impératif de savoir le maîtriser, ce qui est un coup à prendre puisqu’il faut appuyer sur deux boutons successivement avant de baisser subitement le stick. Une option permet donc désormais de simplifier ce saut en n’utilisant simplement que deux boutons (comme dans Duck Tales 2) ce qui est très appréciable vu le nombre de fois où il faut s'en servir.

D’une manière générale la maniabilité est bonne mais demandera quand même à être apprivoisée. Contrairement à un titre comme New Super Mario Bros.U, Duck Tales Remastered n'a pas une prise en main instantanée. Certains sauts poseront d’ailleurs quelques problèmes et il ne sera pas rare de devoir recommencer des séquences à cause de sauts mal ajustés. Sauter de liane en liane pourra aussi vite devenir un calvaire et certains joueurs pourraient même y laisser des plumes (et perdre leur sang froid). Quant aux coups de canne façon club de golf, avant de réussir à bien les maîtriser, il faudra là encore forcément s’entraîner…  Mais avec de la persévérance et de la motivation, il n'y aura jamais rien de vraiment insurmontable et rédhibitoire. Evidemment, Wii U oblige, le jeu est entièrement jouable sur l'écran du GamePad, ce qui lui va plutôt bien. C'est l'une des rares spécificités de la version Wii U avec, comme évoqué plus haut, le plan qui peut rester en permanence affiché sur le GamePad.

 

Une bonne replay value

Argh les canards squelettes!Le jeu original était très court et celui-ci l’est aussi. Cependant, les ajustements de WayForward, les phases de dialogues, le hub central et les combats avec les boss l’ont quand même pas mal rallongé. Comptez entre trois et quatre heures pour le terminer, plus ou moins selon votre expérience. On recommandera quand même d’éviter le mode facile pour ne pas voir la fin au bout d’une heure trente et rencontrer un tant soit peu de challenge et de résistance. Le jeu incite sinon à rejouer les niveaux une fois le générique de fin terminé pour débloquer les différents dessins et artworks de la galerie. A partir de ce moment, le but n’est plus de récolter les trésors légendaires mais de ramasser le maximum de diamants disséminés dans les niveaux et qui permettent de débloquer les bonus de la galerie. Les niveaux ont été conçus avec énormément de passages secrets à découvrir, mais aussi et surtout de diamants invisibles qu’il faut faire apparaître. C’est donc un véritable petit jeu dans le jeu, mais honnêtement seuls les enragés et forcenés du 100% entreprendront ce genre de quête pour le plaisir de voir leur nom apparaitre sur le tableau des scores mondiaux disponible dans le menu. A noter que le jeu est disponible pour le moment au prix de 14.99€ sur l’eShop de la Wii U mais qu’une version boîte vient d’être annoncée aux Etats-Unis pour les fêtes de Thanksgiving et de Noël, pour un prix avoisinant les 19,99$. Rien de prévu pour l’instant en Europe, même si une version boîte à d’ores et déjà été annoncée sur PC. Il est vrai aussi qu’aux Etats-Unis la série a eu un impact beaucoup plus grand qu’en Europe ou elle était (comme le jeu d’ailleurs) plutôt oubliée et ceci explique peut-être aussi cela. Quoiqu’il en soit le prix pourra sembler un peu élevé pour un jeu aussi court mais en même temps, ce n’est pas non plus délirant, surtout que des promotions devraient rapidement le faire baisser. Et puis, après tout, ne s'agit-il pas d'un jeu avec Picsou ?

7
Duck Tales Remastered est un remake très réussi qui a su préserver le fond et l’essence du jeu original tout en modernisant sa forme et en lui apportant des options bienvenues. Le jeu est un véritable condensé d’action et d’aventures dont chaque niveau apporte son lot de surprises, d’ambiances, d’ennemis et de mécanismes de jeu différents. C’est un véritable plaisir de retrouver la bande à Picsou [Hou Hou] dans des aventures rocambolesques et amusantes dignes de celles de la série télé. Il y a bien quelques défauts, des dialogues trop bavards (et en anglais uniquement) une durée de vie un peu trop courte et une maniabilité à apprivoiser, mais finalement rien qui ne viennent réellement entacher ses retrouvailles. Foi de canard.

  • Graphismes impeccables
  • Univers respecté
  • Niveaux et situations variés
  • Beaucoup de surprises
  • Combats de boss repensés
  • Bon doublage anglais
  • Le plan sur le GamePad
  • Plonger dans un coffre rempli d’or
  • Trop bavard
  • Doublage uniquement en anglais
  • Toujours un peu court
  • Un mélange 2D/3D pas toujours pertinent
  • Une maniabilité à dompter parfois