Arrivé comme un but marqué du milieu du terrain,  Football Manager Touch 2018 est un jeu que l'on ne s'attendait pas à voir débarquer sur Nintendo Switch. Tout d'abord parce que la licence est ancrée sur PC, smartphone et tablette, elle n'est pas apparue sur consoles depuis des années, et, n'est jamais parue sur une console Nintendo. Les retours des habitués de la licence ne sont pas fait tarder concernant cette nouvelle version, mais s'agissant d'un jeu de niche plutôt réservé lui-même à une niche de passionnés de football, est-ce que cette édition peut pour autant toucher un nouveau public sur console Nintendo ? Votre serviteur ne connaissant la licence que de nom, cette sortie sur Nintendo Switch est donc l'occasion de voir si la licence à de quoi attirer le grand public, ou au contraire le faire partir en courant.

Urgent : Cherche manager nomade

Chronophage. C'est le mot qui ressort le plus souvent quand on demande à un joueur de résumer son jeu préféré en un mot. Meilleure simulation de gestion footballistique à ce jour, Football Manager Touch 2018 (que l'on nommera FMT18 le long du test) fait son bonhomme de chemin depuis des années sur PC, propose déjà une expérience portable sur smartphone et tablette, et a même tenté une approche en 2014 sur PSVita qui s'est soldée par un carton rouge. La Nintendo Switch est donc l'occasion de faire un coup double pour la franchise : proposer l'expérience FMT18 sur console portable, tout en permettant d'y jouer sur console de salon.

Alors, version nomade oblige, FMT 2018 ne possède pas le contenu de la version PC, SEGA et Sports Interactive n'ont toutefois pas chômé pour proposer une expérience relativement complète, nous permettant d'évoluer dans un des 50 championnats nationaux proposés, choisir une équipe à manager, et l'emmener au sommet, ou au contraire, l'entrainer par le fond. Reste à voir ce que cela donne une fois la manette en main.

Un gameplay sur la "Touch"

Si dans le titre du jeu il y a "Touch", vous vous doutez que ce n'est pas pour faire jolie. Initialement conçu pour se jouer au combo clavier + souris, la licence a du s'adapter au marché des smartphones en mettant en place un gameplay tactile, et a conservé un gameplay au bouton sur sa version Switch. Bien que pouvant utiliser l'un ou l'autre à votre guide, vous aurez vite fait d'utiliser les deux en complémentarité.

Le jeu demandant essentiellement de naviguer dans les nombreuses pages de données, que ce soit tableurs, mails, schémas tactique etc., une utilisation intuitive se devait d'être présente, et le duo Joy-Con / tactile fait des merveilles en mode portable. Mais en mode salon c'est une autre histoire, car il nous faut gérer le déplacement d'une souris à l'aide du stick gauche, et que dire si ce n'est que c'est affreusement lent. L'absence de la souris comme périphérique compatible sur Nintendo Switch aura vite fait de vous faire repartir en mode portable.

Bien que le tactile soit de fait intuitif à manipuler dans les menus, les raccourcis fournis par les Joy-Con sont également les bienvenus : ZL et ZR pour avancer ou reculer, L et R pour accéder aux menus navigation et action, ce seront les 4 boutons que vous utiliserez le plus durant vos sessions. Ceux jouant à la licence le savent également, les temps de chargement de cette licence ont tendance à être relativement longs. Ici, ils restent acceptables bien qu'un peu longuet au démarrage de la partie (mais générer les informations prend un certains temps). Une fois le gameplay à peu près assimilé, le néophyte que je suis s'est donc naturellement penché sur l'expérience que fournissait le titre en lui-même, et que dire si ce n'est que j'ai eu des sueurs froides au bout de quelques minutes de jeu...

Un contenu gargantuesque

A peine le jeu lancé vous avez le choix entre 3 options : rejoindre une équipe déjà en place dans un championnat, créer votre propre équipe, ou choisir de relever des défis imposés comme commencer le jeu dans une équipe au bord du gouffre financier ou composée que de jeunes joueurs. Une fois arrivé et passé les premiers messages de bienvenue, la situation du club, les primes à allouer etc. vous enchainez votre rôle de manager, passant pas le choix des tactiques à adopter sur le terrain, les entrainements individuels ou personnalisés, les prêts de joueurs, les nouveaux contrats, les rapports avec le staff et les joueurs etc.

Le problème, quand on est un habitué de la franchise, on est à l'aise devant cet amas de tableaux et de statistiques à manipuler pour arriver à faire avancer son club, et au final prendre du plaisir comme dans tout bon jeu de gestion. Mais ici, malgré l'apparition de quelques conseils génériques lors des écrans de chargement, l'absence totale de tutoriel fait qu'un nouveau joueur se sent comme si il était lâché en pleine mer sans bouée à laquelle se rattacher, où le moindre faux pas nous mènerait à notre éviction du club.

Cette impression est d'autant plus dommage qu'une fois cet obstacle franchis, on éprouve du plaisir à passer des heures entières à composer la meilleure équipe, gérer le côté "humain" d'un club et faire en sorte que tous les rouages que l'on apprend à huiler au fur et à mesure nous fournissent au un bloc solide qui tient la route. Mais pour un jeu de niche du calibre de FMT 18, si les nouveaux venus prennent peur au bout d'une heure ou deux de jeu, il sera difficile de les maintenir accroché à leur console.

Malgré ce cadre austère, on ne peut que saluer la complexité et la quantité d'informations à portée de main. L'utilisation du moteur 3D Match Engine pour donner du corps aux rencontres pendant que l'on scrute minutieusement les statistiques pour voir quel joueur est blessé et doit être retiré, ou quelle stratégie adopter en fonction du moral des troupes, de leur état de fatigue et de la ténacité de l'adversaire. Chacune de nos actions ont un poids sur notre relation vis à vis du club dans lequel on évolue, que ce soit aux yeux des directeurs ou des joueurs. Mais toutes ces qualités n'ont d'impact que si le joueur réussi à faire abstraction du bloc défensif du titre représenté par ce manque de guidage, agissant comme un refouloir à nouveaux venu.