Déjà à l'époque, chaque compagnie avait sa mascotte. Avant que Street Fighter 2 n'arrive, la série phare de Capcom était comme tout le monde le sait, Mega Man. Nombreux étaient les fans des Mega Man classiques parus sur NES et nombreux étaient ceux qui attendaient le retour de la série dans l'ère 16 bits sur la SNES de Nintendo. Il aura fallu attendre l'année 1993 pour revoir débarquer notre robot bleu mais avec plus de maturité, que cela soit au niveau de Mega Man lui-même ou de la série toute entière. Un changement suscitant tout de même une légère prise de risque accompagnée d'une grosse amélioration pour Capcom et sa série. Se sont-ils brûlé les ailes ?
Des années plus tard ...
Nous sommes dans l'ère Mega Man classique. Le Dr. Light, créateur de Mega Man, termine la plus grande de ses créations : créer un robot puissant et bénéficiant du libre arbitre. Un robot qui perpétuerait la paix dans le monde, ou l'inverse ... Le robot aurait la possibilité de faire le bien ou le mal. Bien évidemment, ce robot, c'est Mega Man modifié : vous vous doutez donc bien de quel côté il penchera. Toutefois, il y a deux écoles : certains pensent que cette nouvelle version, intitulée Mega Man X (ou tout simplement X), est un autre robot que le Mega Man que nous connaissons. Néanmoins, officiellement, il s'agit bien du Mega Man classique modifié. Après un sommeil profond de plusieurs années, Mega Man est réveillé par le Dr. Cain. Sans mauvaise intention, celui-ci réactive le robot bleu et est impressionné par toute la technologie qu'a mis en place le Dr. Light par le passé. Le Dr. Cain décidera de s'inspirer de Mega Man X pour créer d'autres robots, une nouvelle espèce d'androïdes appelés Réploïdes. Petit problème toutefois, comme les Master Robots, leurs ancêtres (les boss des Mega Man classiques), les Réploïdes pétaient facilement des câbles, c'est l'expression idéale pour de pareils robots. En effet, en raison de leur structure très complexe ils étaient susceptibles d'adopter des comportements étranges, violents, pour finalement devenir dangereux pour la plupart. Lorsque cela arrive à un Réploïde, il est considéré comme un Maverick, un robot criminel et recherché. Toutefois, certains Réploïdes résistent et créent une organisation dans le but de lutter contre le fléau Maverick. Leur nom : Maverick Hunters, une organisation fondée et dirigée par un Réploïde respecté de tous nommé Sigma. Le problème, c'est que même Sigma se laissera influencer et deviendra un Maverick. Qui c'est qu'on appelle donc à la rescousse ? Mega Man X, aidé de Zero (créé par le Dr. Willy) un nouveau personnage bien mystérieux, successeur de l'ancien rival de Mega Man : Bass.
Un héros et un univers plus matures
C'est donc tout un nouvel univers empreint d'éléments de l'ancien qui s'offre au joueur et si, à la base, le héros devait être Zero, nous ne sommes pas mécontents du résultat. Bien que le scénario soit un peu plus poussé qu'avant, il reste assez simple. Mais c'est Mega Man, il faut que ça reste simple tout en évoluant un peu, chose qui a été assez réussie quand on voit le début du jeu. On sent l'évolution de l'ère 8 bits vers l'ère 16 bits avec une mise en scène beaucoup plus poussée, quelques rebondissements, de l'action partout à l'écran, des ennemis qui vous tendent des embuscades, un premier boss qui manque de vous tuer de peu mais contré grâce à l'intervention in extremis de Zero. On aura toujours les 8 stages des Mega Man classiques avec des Mavericks à combattre, répartis dans des niveaux spécifiques et variés. A savoir que les boss ne sont plus forcément associés à un thème mais à un animal comme un aigle, une pieuvre, une autruche, un singe, un pingouin et même une éponge, par exemple, dans l'épisode qui suivra. Le thème du stage est évidemment relatif au boss. Dans chacun des stages, vous retrouverez également beaucoup d'actions avec une progression ponctuée de quelques éléments de mise en scène bien appréciables dont on pouvait déjà observer les prémices dans les derniers Mega Man classiques avec l'apparition des boss ou des mini-boss.
Un jeu arrivé au bon moment
Pour en revenir aux stages, oui ils sont variés, amplifiant ainsi la diversité des couleurs de ce Mega Man X. Il faut le dire, la puissance 16 bits de la SNES fait un bien fou à la série qui commençait à être haletante au bout de 6 épisodes sans une quelconque amélioration graphique, on le voyait au niveau du succès critique et commercial qui s'atténuait au fil des années. Mega Man X arrive donc au bon moment et offre du sang frais, un coup de boost, tout un échantillon de nouvelles couleurs très vives et agréables. Les animations sont fluides, dynamiques et quel plaisir de voir tout cet univers en 16 bits ainsi que les mouvements cultes de Mega Man améliorés eux aussi. Le décor du jeu profite de la puissance de la SNES pour afficher un très bon rendu, avec de l'action tant au premier plan qu'au second plan. Encore une fois, on retrouve énormément d'environnements : enneigés, aquatiques, arides, mécaniques ... Il y en a pour tous les goûts mais le tour de force de Mega Man X, c'est de ne pas seulement proposer des stages dans lesquels on se contente d'avancer et on change l'environnement, l'air de dire "vous êtes dans un nouveau stage", non. Dans cet opus, dans chaque stage, il se passe quelque chose de différent. Vous vous retrouverez ainsi sur des rails à aller plus vite que Sonic ou encore, à progresser dans un environnement sombre jouant sur une succession d'ombres et de lumières par exemple.
Tu pars sauver le Monde ? Je vais te faire galérer
Au cours des-dits stages, vous retrouverez des morceaux d'armures disséminés à travers les stages du jeu. C'est le Dr. Light qui les a placé un peu partout (bah oui c'est mieux que de vous les donner directement hein) et même si parfois certains sont difficiles à trouver, ça vaut le coup puisqu'ils vous seront grandement utiles pour améliorer votre vitesse, votre défense ou même votre attaque. D'ailleurs, puisqu'on parle des mouvements de X, il peut bien évidemment toujours tirer, charger son tir pour tirer une salve de munition plus puissante et absorber le pouvoir des boss qu'il bat pour les utiliser plus tard. Toutefois, au niveau des mouvements quelques petites choses diffèrent, mais pas des moindres, puisque ce sont elles qui font de lui un soft beaucoup plus dynamique. La glissade de Mega Man est remplacée par le Dash qui vous permettra d'éviter des attaques ou de foncer et ainsi, de prendre de l'élan pour sauter plus loin. Cette capacité peut également être utilisée en l'air et n'a aucun cooldown au sol, permettant au joueur d'aller très vite et d'enchaîner les actions. On parlera également du Wall Kick qui lui, permet de sauter de mur en mur ou de sauter sur le même mur et d'y rester coller afin d'éviter les attaques ennemies du dessous. Oh, ça paraît anecdotique, mais croyez bien que vous serez amenés à utiliser ces fonctions en permanence, surtout contre les boss qui ont été justement conçus pour que vous vous en serviez. Mais ce n'est en aucun cas handicapant, au contraire, puisque les utiliser rendra tout simplement compte, une fois de plus, de tout le dynamisme et du gameplay nerveux qui fait le coeur de cet opus.
Le passage des musiques en 16 bits
Ce qui fait également le coeur de la série Mega Man, comme beaucoup d'autres séries parues sur console Nintendo, ce sont les musiques. Pendant l'ère 8 bits, quasiment chaque musique de chaque stage de chaque opus Mega Man classique était culte ou au moins, appréciée par de nombreux fans. Il y avait donc une petite pression pour les premières musiques 16 bits de la série. On se demandait si cette touche musicale particulière qu'avait la série Mega Man en 8 bits rendrait aussi bien en 16 bits. Eh bien aussi bien, c'est subjectif, chacun son avis, mais une chose est sûre et la musique du stage Storm Eagle ayant marqué de nombreux joueurs le prouve : les musiques sont réussies, s'inscrivent dans le ton de la série tout en procurant un sentiment d'évolution dans un univers encore plus futuriste qu'avant. Mega Man X introduit une touche musicale spécifique à la série X avec des musiques rythmées rendant bien compte de l'univers robotique unique de ce nouvel opus. Et il en est exactement de même pour la bande-son en général. Tous les sons sont devenus cultes, que cela soit les effets sonores d'explosion, ou le tir de Mega Man ... Capcom a réussi à faire évoluer toute l'atmosphère sonore des anciens Mega Man tout en l'imprégnant de nouveaux éléments amplifiant l'aspect dynamique et apocalyptique de la guerre robotique dans laquelle le joueur est plongé.
La durée de vie n'a malheureusement pas changé non plus
C'est beau tout ça n'est-ce pas ? Effacez-moi ce sourire, on passe aux points noirs du jeu, à commencer par la durée de vie. On le sait, les Mega Man ont toujours été très courts mais le problème, c'est que maintenant, on est en 16 bits. Faire de la mise en scène, un niveau d'introduction etc. c'est bien, mais la chose risquée en voulant créer des capacités à Mega Man lui permettant d'aller plus vite, c'était qu'il passe des passages plus facilement et surtout, plus rapidement. C'est un peu le cadeau empoisonné car, même si force est de constater que la difficulté est présente et que vous vous y prendrez à deux fois avant de passer certains passages, le jeu, en ligne droite, se termine assez rapidement. Bien sûr, Capcom tente de pallier au problème en proposant des améliorations d'armure ou de santé disséminées un peu partout, mais ce n'est pas ça qui alongera grandement la durée de vie. Puisqu'on parle des morceaux d'armure, vous verrez que c'est tout de même frustrant d'arriver à un boss final sans les améliorations, puisqu'il sera très difficile (voire impossible pour un joueur intermédiaire ou néophyte) de le finir. Et c'est ça le problème. Comment voulez-vous deviner ça les premières fois ? Savoir où telle ou telle amélioration est située ? La frustration sera donc bien présente pour certains tellement certaines améliorations sont introuvables si on ne s'investit pas un minimum à les chercher longuement (à l'époque, Youtube ça n'existait pas). En soi, c'est un petit défaut puisque vous ne devrez pas recommencer le jeu entièrement mais juste les quelques derniers stages.
En conclusion
Pour conclure, malgré ces deux derniers points noirs qu'il conviendrait de dégager avec le nouveau produit Neutrogena, Mega Man X est une petite pépite 16 bits encore une fois offerte par la SNES de Nintendo. Capcom a essayé de pousser la puissance de la SNES au maximum, chose que l'on voit avec les graphismes, le dynamisme du gameplay, toute l'action à l'écran et ses musiques de bonne qualité. Et puis, c'est tout de même le retour, la première grosse amélioration graphique d'un héros culte de l'époque, en plus mature et avec plus de charisme. C'est également le début d'une autre série, puisqu'on verra par la suite que Mega Man 7, dans la continuité des Mega Man classiques, viendra orner le tableau alors que la série Mega Man X prendra, elle, sa propre direction avec toute une série d'épisodes qui arriveront par la suite et qui lui seront propres.
