Alors que les fans ne s'étaient pas encore remis du déjà culte The Legend of Zelda : Ocarina of Time, à peine deux ans plus tard sortait sa suite : The Legend of Zelda : Majora's Mask et ce, malgré l'arrivée imminente de la Nintendo GameCube. Plus glauque, plus magique mais surtout plus onirique et oppressant que jamais, Majora's Mask reprend des éléments et des graphismes similaires à ceux de son prédécesseur tout en proposant des idées prévues à l'origine dans Ocarina of Time. Il est l'un des rares jeux de la N64 à utiliser l'Expansion Pack, un accessoire vendu séparément qui permettait d'augmenter la taille de la mémoire de la console. Et dire que Link pensait vivre des jours paisibles, il était bien loin du compte.

Une nouvelle aventure

Ça y est, le mal a été dissipé du royaume d'Hyrule et la paix y règne enfin grâce à notre courageux héros vêtu de vert. Alors qu'il est renvoyé à son époque par la princesse Zelda, Link part à la recherche de Navi, la petite fée qui l'accompagnait dans Ocarina of Time et qui s'est envolée on ne sait où. A dos d'Epona, la monture du héros déjà présente dans l'opus précédent, notre petit Hylien se retrouve dans le monde de Termina, dans une forêt inconnue et espionné par deux fées ressemblants fortement à Navi. On apprend par la suite que la fée jaune blanchâtre se nomme Taya alors que la violette se nomme Tael. Les deux fées sont frère et soeur et sont les acolytes d'un étrange personnage du nom de Skull Kid. Ces trois trouble-fêtes vous voleront non seulement votre jument mais également votre précieux ocarina (ça commence bien). S'ensuit alors une longue poursuite durant laquelle Link perdra ses trois ravisseurs. Une fois rattrapés, vous ferez connaissance avec la grande nouveauté de cet opus : les masques. En effet, Skull Kid transformera notre ami Link en peste Mojo avant de s'enfuir. Manque de bol, la porte se ferme derrière Skull Kid et Tael sans que Taya n'ait le temps de les rejoindre. Vous l'aurez compris, Taya sera la nouvelle partenaire de Link, à contrecœur, pour cette aventure. Certes moins marquante que Navi mais tout aussi pesante et plus mauvaise, la petite fée blanche saura tout de même nous charmer au fil de l'aventure. La relation entre nos deux protagonistes évoluera et la haine de Taya laissera peu à peu place à une série de questionnements quant au changement d'état d'esprit récent de son ami Skull Kid. Une fois l'ocarina récupéré et ramené au vendeur de masques qui est lui aussi un sacré personnage, vous revoilà humain avec un masque Mojo. Le vendeur de masques vous apprendra alors que Skull Kid a volé le mystérieux masque de Majora qui possède des pouvoirs étranges. Effectivement, ce dernier est empli d'une aura maléfique et quiconque le porte se verra offrir de nouveaux pouvoirs mais également une mauvaise conscience. Le marchand de masques vous apprend également qu'il faut récupérer ce masque en moins de trois jours sinon la lune s'écrasera sur le monde de Termina... Toutes les mauvaises nouvelles ont été annoncées ? La nouvelle épopée de Link peut commencer.

Un Zelda autarcique...

Une autre particularité du soft, c'est sans aucun doute le fait qu'il soit totalement à part. En effet, qu'il s'agisse du genre de l'aventure ou de ce nouveau monde en proie à une apocalypse très proche et à un nouvel ennemi, la totalité de l'intrigue est nouvelle. L'originalité du soft, c'est aussi et surtout savoir gérer le temps qui passe et utiliser les masques afin de progresser dans le jeu. Dès lors que vous commencerez véritablement l'aventure, vous aurez en votre possession votre fidèle épée Kokiri et un bouclier dont vous aurez au fil du jeu, comme dans les autres Zelda, des versions améliorées. Vous disposerez également de l'ocarina du temps qui vous a été confié par Zelda - que l'on ne verra qu'une seule fois et dans un flash-back, soit dit en passant. Grâce à cet ocarina, vous pourrez remonter le temps jusqu'au premier jour, le ralentir ou l'accélérer, ce qui peut parfois s'avérer réellement utile. Vous pourrez donc, si vous le souhaitez, retourner à certains endroits que vous n'auriez pas pu visiter dans les donjons ou tout simplement pour récupérer les quinze fées qui s'y cachent car oui sachez-le, Majora's Mask propose plusieurs nouveautés fort plaisantes que l'on ne retrouve pas dans les autres opus de la saga Zelda, dont la quête des quinze fées. Ces dernières sont disséminées dans les différentes salles de chaque donjon du monde de Termina. Lorsque vous les aurez toutes récupérées, il faudra les ramener à la fontaine des fées qui leur correspond. Cela vous permettra de gagner de nouveaux pouvoirs et techniques.

... Mais pas à 100%

Toutefois, on a beau dire que ce Zelda est l'un des plus différents de part sa quête principale, son nouveau monde et l'absence de Zelda, Majora's Mask ne dépaysera en aucun cas les joueurs puisque le soft reprend beaucoup d'éléments de Ocarina of Time. Tout d'abord, le gameplay, et on ne va pas s'en plaindre, puisqu'il s'agissait d'un des atouts majeurs du jeu. A pour la roulade, B pour donner des coups d'épées qui diffèrent selon le sens où vous inclinerez votre stick analogique, roulade en arrière et esquive sur le côté en restant appuyé sur le bouton de lock, lock qui n'a pas perdu de sa superbe depuis Ocarina of Time et qui s'avère toujours aussi utile pendant les combats. De plus, les transformations en Goron, Zora et Mojo offriront de toutes nouvelles expériences de jeu. A noter que lorsque vous jouerez de l'ocarina en étant transformé, vous utiliserez l'instrument qui correspond à la forme sous laquelle vous êtes, chose qui peut s'avérer nécessaire à certains endroits ou pour certaines quêtes. Par exemple lorsque vous serez Goron, vous jouerez à l'aide d'un tambour. Et ce n'est pas la seule petite nouveauté appréciable du jeu, désormais, lorsque Link fera des sauts, il fera des cabrioles ce qui est certes inutile, mais qui ajoute également une petite touche de dynamisme. Les graphismes seront eux aussi les mêmes, avec quelques petites améliorations fort appréciables en particulier au niveau du visage de Link, même si l'effet de flou de la N64 subsiste. N'oublions pas que les interfaces ont elles aussi pris un petit coup de jeune. En plus du gameplay et des graphismes, de nombreux clins d'oeil à Ocarina of Time seront bien évidemment de la partie, comme la plupart des personnages qui adopteront la même apparence que dans Ocarina of Time, mais sous des vêtements et des noms différents, comme Malon qui s'appellera désormais Romani. On reverra même l'inoubliable hibou qui nous guidait dans Ocarina of Time. D'ailleurs, il nous apprendra que grâce à ses statues de hibou disséminées un peu partout dans Termina, nous aurons la possibilité de sauvegarder en tapant dessus et même de se téléporter à leur emplacement grâce à un son que l'on jouera à l’ocarina. Oui, terminée la sauvegarde à n'importe quel moment, mais ne vous inquiétez pas, lesdites statues sont nombreuses.

Au bal masqué ohé ohé !

Attardons-nous maintenant sur la principale nouveauté de cet épisode : les masques que l'on va acquérir tout au long de l'aventure. Aventure que vous débuterez donc avec le masque Mojo. Dès lors que vous porterez ce masque, vous vous transformerez en peste Mojo, ce qui vous offrira de nouvelles habilités comme pouvoir cracher des bulles ou voler grâce à certaines fleurs disséminées de part le monde de Termina. Il en est de même pour les vingt-trois autres masques que vous récupérerez au fil du jeu. Notons tout de même que trois masques se démarqueront des autres puisqu'ils transformeront intégralement Link et que les habilités qu'ils apporteront seront plus importantes que celles des autres. Il y a donc le masque Mojo, mais également le masque Goron qui vous rendra plus lourd, plus fort, qui vous permettra de marcher sur la lave et de rouler sur de longues distances en balayant tout ce qui se trouve sur votre passage, ainsi que le masque Zora qui vous permettra de nager sous l'eau et d'y respirer. Les autres masques sont donc moins importants et utiles que ces trois-là car l'utilité qu'ils apportent est bien moindre. En effet, la plupart du temps ils ne permettront que de vous dépanner. Par exemple, le masque du lapin vous fera aller plus vite, le masque de la bombe vous permettra de vous faire exploser alors que le masque de pierre vous permettra de ne pas vous faire repérer etc. Certains peuvent néanmoins s'avérer utiles car ils permettent de réaliser des quêtes annexes et de ce fait, de récupérer des quarts de coeur ou autres. Un petit nombre d'entre eux peuvent même être nécessaires pour pouvoir continuer l'aventure principale. Vous l'aurez compris, bon nombre de masques ne seront pas obligatoires pour finir le jeu mais en avoir l'intégralité représente un vrai challenge, et beaucoup de quêtes annexes. D'ailleurs, les quêtes annexes sont indéniablement l'un des points forts du jeu. Majora's Mask en proposera un grand nombre toutes plus étranges les unes que les autres et qui intensifieront indéniablement l'atmosphère glauque qui se dégage du jeu. Certaines quêtes seront très longues et d'autres vraiment surprenantes. A noter que la plupart des quêtes du jeu sont liées au temps. Effectivement, certaines quêtes ne pourront se lancer qu'à un jour en particulier voire à un moment précis de la journée. Pas d'inquiétude à avoir, vous pourrez avoir un journal où sont inscrites les quêtes liées aux personnages à chaque fois que vous leur parlerez, ainsi que les heures à laquelle il faut les activer. Le mieux, c'est qu'il y a des quêtes de toutes sortes : des histoires d'amour, des histoires d'apocalypse, des mains dans des toilettes et même des histoires d'extra-terrestres, oui oui.

Un ocarina qui n'a pas perdu de sa superbe

Un gameplay, des graphismes et des personnages similaires à Ocarina of Time. On aurait aimé en dire autant de la durée de vie, mais on ne peut pas tout avoir. Il faut le reconnaître, Majora's Mask est bien moins long que son grand frère. Seulement quatre donjons, ayant chacun un thème spécifique, composent le jeu mais rappelons que réaliser la totalité des nombreuses quêtes annexes rallonge considérablement la durée de vie. De plus, trouver les quinze fées des quatre donjons et tous les quarts de coeurs disséminés dans le monde de Termina ne sera pas une mince affaire. Il en est de même pour les sons dont la plupart sont repris de Ocarina of Time, couplé au fait que Link aura droit à de nouvelles mélodies inédites à cet opus. Côté musical, c'est tout un lot de nouvelles musique toutes plus magiques les unes que les autres qui arrivent. Ce n'est plus un secret, les musiques de chaque épisode de la saga Zelda jouent un rôle important sur l'atmosphère qui se dégage de chacun d'eux. Les musiques de Majora's Mask ne dérogent en rien à la règle, en se démarquant de celles des autres épisodes et en intensifiant l'ambiance onirique et énigmatique du jeu. Sans oublier qu'elles sont réalisées par l'illustre Koji Kondo et son acolyte Toru Minegishi, de quoi garantir aux fans de Ocarina of Time une qualité indéniable. Faut-il également préciser qu'elles vont parfaitement avec les environnements qu'elles accompagnent ?

Pour conclure, on pourrait penser que Nintendo a juste voulu recycler des idées qui n'avaient pas été intégrées dans Ocarina of Time pour en faire un épisode et de ce fait, se retrouver avec un vulgaire  "Ocarina of Time 2", mais c'est loin d'être le cas. En effet, Majora's Mask, en plus de proposer une toute nouvelle aventure originale, présente de nombreuses nouveautés des plus appréciables ainsi que beaucoup plus de quêtes annexes. Cet opus a le mérite d'être le Zelda le plus glauque et oppressant de tous tout en ayant l'atmosphère magique et onirique qui nous fait tant aimer la série Zelda. A vrai dire, beaucoup pensent que si ce n'est pas le meilleur Zelda, c'est néanmoins celui qui a la meilleure atmosphère de tous.