Publié en 2000 au Japon et un an plus tard aux Etats-Unis et en Europe, Paper Mario fut un énorme succès critique à l'époque et le début d'une des séries dérivées de Mario les plus connues. Suite spirituelle de Super Mario RPG de Squaresoft paru en 1996 sur Super Nintendo, Paper Mario est encore considéré aujourd'hui comme un très bon RPG et un jeu inoubliable. Ce fut une première pour le héros le plus célèbre du monde vidéoludique, Mario, que de passer à un monde intégralement fait de papier. Ce fut également tout nouveau pour le studio en charge du jeu, Intelligent Systems qui aujourd'hui encore s'occupe de la série. Oui, sur le papier, tout ça c'est cool mais qu'est-ce que ça donne si on s'attarde réellement sur le sujet ?

Un nouveau style d'aventure

Tout est paisible dans le Royaume Champignon, alors que Luigi vaque à ses occupations devant la maison des frères Mario, il voit débarquer un Paratroopa à la carapace bleue clair qui n'est autre que le facteur, apportant avec lui une mystérieuse lettre. C'est avec impatience qu'il appelle Mario afin de lire ladite lettre, qui n'est autre qu'une invitation de la Princesse Peach pour une petite fête qu'elle organise dans son château qui se trouve à Toadville, la ville principale qui sera le lieu de vos pérégrinations tout au long du jeu. A l'arrivée en ville, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, tout le monde fait la fête mais manque de bol, au moment où Peach et Mario se retrouvent seuls, aussi surprenant que cela puisse paraître, Bowser débarque avec son acolyte Kammy Koopa. Rien d'inquiétant jusque-là, nos protagonistes semblent assez sereins dans la mesure où Mario a toujours déjoué les plans du gros lézard. Oui mais cette fois-ci c'est différent. Bowser semble doté d'une force beaucoup plus importante qu'avant, grâce à une baguette étrange qu'il utilise sur lui-même. Mario ne peut rien faire et est éjecté au loin. Une fois cette petite introduction finie, on en apprend un peu plus sur la fameuse baguette de la part de sept esprits étoile, qui apparaissent sous forme d'illusion. C'est à ses esprits que Bowser a volé la Baguette Etoile, capable d'exaucer n'importe quel voeu. Le but de Mario sera de libérer les sept esprits, emprisonnés de par le monde de ce nouveau Royaume Champignon afin d'acquérir la puissance nécessaire pour vaincre Bowser et passer outre son invincibilité. Bien que l'histoire ne semble pas transcendante, on appréciera ce scénario amélioré des Mario classiques, tout en reprenant la base principale de l'histoire : Bowser qui kidnappe Peach et qu'il va falloir secourir. C'est un scénario peu développé mais c'est justement ça qui fait le charme de Mario, il n'y a pas de prise de tête... sans oublier que l'histoire va tout de même s'enrichir au fil de votre aventure tant les péripéties et les personnages qu'on y rencontre sont bourrés d'humour et sont attachants. On regrettera tout de même légèrement cette impression de vulgaire mélange entre le "Bowser kidnappe Peach et Mario part la sauver" des Mario classiques avec le "retrouve les sept étoiles" de Super Mario RPG. Intelligent Systems ne s'est vraiment pas foulé sur la trame principale, mais concernant toutes les péripéties durant l'aventure comme dit précédemment, c'est autre chose.

Un jeu drôle

Venons-en au trait dominant de ce Mario : sa différence avec la série originale et les autres dérivés désormais connus comme Mario Kart. Ce qui fait l'originalité visuelle du soft par rapport aux Mario classiques, c'est indéniablement le fait qu'il soit fait de papier. Ce détail va engendrer une foule de changements et de nouvelles idées par rapport aux anciens Mario. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Paper Mario n'a en aucun cas une mine de papier mâché. Les graphismes et la réalisation étaient nouveaux et plus qu'appréciables à l'époque. Il est d'ailleurs intéressant de voir que le jeu a largement moins mal vieilli contrairement à beaucoup d'autres pointures de la Nintendo 64. Nul doute qu'Intelligent Systems a bien marqué le coup, tant les décors sont réussis. On a réellement l'impression d'être dans un monde fait de papier et de carton. Il n'y a qu'à voir ces environnements 3D dans lesquels nos personnages faits en 2D évoluent, ou cette impression d'être dans un théâtre avec l'estrade sur laquelle on se bat pendant les combats. En parlant de théâtre, on appréciera les petits détails en combat qui nous font penser qu'effectivement, on est bien dans un théâtre, comme les nuages ou le Soleil maintenus par des cordes qui défilent en fond. Même l'arrière-plan semble être crayonné avec des crayons pastels. Le jeu foisonne de petits détails sympathiques, comme le fait de rentrer dans une maison puis de voir ses murs se plier comme du papier afin de dévoiler notre personnage à l'intérieur. Cette impression d'être dans un monde de papier renforce indéniablement l'atmosphère qui se dégage de Paper Mario, et consistue un des points forts du jeu. Notre immersion dans ce monde unique ne fera que grandir tout au long de l'aventure et à aucun moment nous ne perdrons cette impression constante d'évoluer avec du carton et du papier. Une immersion indéniablement favorisée par les personnages qui constituent le jeu, car contrairement aux Mario classiques, ceux-ci parlent. Les Goomba, les Koopa, les Lakitu, les Bob-omb.. Bref, tous les personnages récurrents de la série parlent et ont chacun leur caractère et une certaine aura que nous n'avions pas forcément dans les précédents Mario. Pour preuve, si on a l'habitude de voir les monstres précédemment cités en tant qu'antagonistes, sachez que certains seront pacifiques et aideront même Mario dans son aventure. Ils en viendront même à avoir une famille, un village et même des histoires personnelles. En parlant de dialogues, sachez que ceux de ce Mario sont uniques. En effet, sans être vulgaire, on a parfois des personnages qui parlent assez familièrement, intensifiant indéniablement l'humour dans lequel baigne Paper Mario. Vous ne reverrez plus dans les Mario d'aujourd'hui des "la ferme, d'la balle, j'ai la dalle, j'veux de la thune, grande gueule j'vais t'marave, j'me casse enflure, cette brêle de Mario" (oui oui tout ça est bien dit dans le jeu). C'est légèrement familier et sans être vulgaire, ce qui fait tout le charme des personnages et les rend d'autant plus attachants. L'univers de Paper Mario a beau paraître niais à en mourir, il rattrape ça grâce à bien des points, notamment le fait qu'il soit bourré d'humour et de personnages et de créatures avec une aura comme les Koopa Bros, Troopa Junior (l'avant Bowser Junior) qui vous traquera tout au long de votre aventure, une aventure qui sera d'ailleurs assez longue. Le jeu est en effet également riche à ce niveau là : il peut se targuer d'avoir une durée de vie avoisinant les 25-30 heures de jeu. Alors croyez-le, passer toutes ces heures avec des personnages pareils est plus qu'appréciable.

Et un jeu de rôle 

Le papier c'est cool, mais ce n'est pas la seule chose qui justifie l'unicité du soft, loin de là. C'est aussi et surtout le fait qu'il soit un Mario jeu de rôle ponctué de quelques énigmes sympathiques, bien qu'elles soient souvent d'une grande facilité. On avait déjà pu en voir les prémices avec Super Mario RPG : Legend of the Seven Stars dont Paper Mario reprend les codes et y ajoute des idées inédites. Tout d'abord, il faut savoir que le jeu n'est pas un RPG difficile à comprendre, bien qu'au début il faille un petit temps d'adaptation pour en assimiler toutes les ficelles. Il est idéal pour les joueurs qui aimeraient s'initier aux RPG, surtout si ceux-ci sont fans de Mario. Ils entreront dans le monde du jeu de rôle en douceur avec ce soft et ne seront pas dépaysés, ni perdus dans un nouvel univers qui leur est inconnu. On retrouve tous les codes du RPG : gains d'expérience en fin de combat, la prise de niveau tous les 100 points qui permet d'augmenter nos points de vies, nos points fleurs (attaque), ou nos points badges, qui remplacent les habituels équipements et donnent de nouveaux pouvoirs et/ou habilités à notre héros. Comme beaucoup d'autres RPG également, notre protagoniste principal ne sera pas seul. En effet, plusieurs personnages issus de l'univers Mario vous accompagneront et chacun y va de sa petite particularité. Par exemple, Goombario le Goomba vous donnera des informations sur les lieux et les personnages, Kooper le Koopa attaquera les ennemis et activera des interrupteurs au loin avec sa carapace tandis que Bombinette la Bob-omb explosera les rochers fissurés vous ouvrant la voie vers de nouveaux horizons ... Chaque personnage a sa particularité et encore une fois, son caractère, vous permettant de progresser dans le jeu mais également de vous aider en combat. Car oui, parlons des combats. Un combat dans Paper Mario, ce n'est pas choisir une attaque et attendre que ça se passe comme dans d'autres RPG tels que Pokémon. Dans Paper Mario, vous devrez réaliser une action spécifique à chaque attaque afin de la rendre plus puissante comme par exemple, laisser le stick analogique incliné vers la gauche et le relâcher au bon moment, appuyer sur A le plus vite possible ou au moment ou vous allez toucher un ennemi... Bref, il y a une foule d'actions à faire, ce qui permet de rendre le jeu et les combats plus dynamiques. Vous devrez même agir quand ça sera le tour de vos ennemis, puisque vous aurez le moyen de réduire les dégâts qu'ils infligent si vous appuyez sur A pile au moment où ils vous attaquent. On retrouvera également la traditionnelle petite auberge à chaque village où on pourra se reposer, les magasins où acheter des objets utiles pour notre périple, des personnages qui nous donnent des informations, des quêtes annexes, des minis-jeux et bien d'autres choses encore...

Du papier et du RPG sans oublier la source

Ce qui fait la force du soft, c'est également le fait qu'il soit original tout en reprenant de nombreux éléments de la série originelle. En effet, on a beau être dans un RPG avec des combats qui s'enchaînent, sachez que les ennemis sont visibles à l'écran hors combat et que vous pourrez les attaquer afin d'avoir l'initiative sur eux. On ne se contente donc pas d'avancer bêtement en enchaînant les combats. Le soft comporte également quelques séquences de plates-formes des Mario classiques : Mario pourra en effet sauter afin d'atteindre certains endroits ou même pour taper les fameux blocs pièces. De même, toutes les potions vous redonnant points de vie et autres énergies dans les habituels RPG sont estampillées univers Mario : le champignon vous soignera tandis que la fleur de feu attaquera vos ennemis etc. De plus, jamais un Mario n'avait eu un bestiaire aussi étoffé et varié. Chaque race d'ennemi possède plusieurs sous-types de créatures. Il y aura plusieurs types de Koopa, de Plante Piranha... Par exemple, le Goomba sera bien présent, mais aussi le Paragoomba, le Goombapic, l'Hyper Goomba, l'Hyper Paragoomba et bien d'autres encore avec chacun leurs particularités et ce, pour la plupart des ennemis que nous avions déjà rencontré dans les jeux précédents. Bref, le casting est bien rempli avec une tonne de nouveaux personnages et créatures dans ce Paper Mario. Mais quand on parle de choses qui nous rappelle Mario, n'oublions pas les musiques, très enjouées et rythmées dans cet opus. Si de nombreuses musiques du jeu, composées soit dit en passant par Yuka Tsujiyoko, oeuvrant également pour la série Fire Emblem, peuvent prétendre être efficaces et inoubliables, on retrouve bon nombre de musiques cultissimes de l'univers de Mario reprises et légèrement modifiées dans ce Paper Mario. On appréciera également les musiques qui se modifient à mesure qu'on approche de bâtiments spécifiques. Par exemple, s'ajoutera à la musique lambda de Toadville des notes mystérieuses quand on s'approchera de la maison d'un voyant. On retrouvera également des environnements très variés, mais pas forcément très originaux, comme un monde enneigé, un désertique, un montagneux, un herbeux ou encore un bucolique.