Annoncé en début d'année à la surprise générale lors d'un Direct dédié à la série, Pokémon X/Y était alors attendu comme une véritable révolution dans la série. Et pour cause, cet épisode amorçait enfin ce qui était perçu auparavant comme un rêve de gosse : le passage de la série à la 3D. Enfin ! Un épisode qui permettrait d'évoluer dans un monde tout en polygones. Certes, un avant-goût aura été disponible par le biais de jeux comme Pokémon Stadium ou Colosseum, mais soyons honnêtes : ce n'est pas la même chose. Qui dit nouvel opus, dit nouvelle région (Kalos, inspirée de... la France !!) et nouveaux Pokémon, mais aussi nouveaux éléments de gameplay parmi lesquels un nouveau type, chose qui n'est plus arrivé depuis Pokémon Or et Argent, il y a plus de 10 ans. Ainsi, toutes les conditions sont a priori réunies pour faire de cette sixième génération une petite révolution dans la série, mais qu'en est-il dans les faits ? Pokémon X/Y se révèle t-il être à la hauteur compte tenu du passage très attendu à la 3D ?
Bienvenue à Kalos !
Accueilli de manière théâtrale par le professeur Platane et après avoir choisi le nom et le sexe de votre dresseur, un rituel de passage datant du premier opus de la série, vous voilà dans votre chambre. Une fois votre tenue enfilée, il est temps de partir affronter la violence du monde. Combattre les communistes, armé de votre fidèle fusil M-16 et sauver la liberté et le capitalisme de l'emprise terroriste. Bon, non, ce n'est pas côté scénario que Pokémon X/Y révolutionnera quoi que ce soit. Une fois sorti de votre chambre, votre chère mère vous accueille pour vous confier une mission : rendre visite au professeur Platane suite à une lettre que celle-ci a recu de sa part. Autrement dit : votre maman s'est vue confiée une mission, mais étant donné que Platane est du genre séducteur et qu'il essaye de devenir votre beau-père, elle préfère vous y coller pour ne pas avoir à faire à lui. Vous voilà donc à Bourg-Croquis, ville où vous venez fraîchement d’emménager. Après avoir fait la connaissance de l'équipe qui vous servira accessoirement d'amis (par ailleurs, l'un d'eux vous confiera à la fois votre premier Pokémon mais aussi votre Pokédex, une première dans la série) vous voilà prêt à partir à l'aventure. Prêt à affronter les 8 champions d'arène pour obtenir votre précieux sésame pour attaquer la ligue. Prêt à enquêter sur le mystérieux monde des Pokémon, suite aux recommandations du professeur Platane, notamment sur ses propos concernant les Mega-Evolutions. Prêt à casser du méchant issu de la mafia locale, la Team Flare. Oui, c'est classique, oui, Pokémon retombe dans ses travers. Oui le scénario est faible. Mais honnêtement, on sait aussi que la série n'a jamais brillé sur ce point, malgré une jolie tentative avec Pokémon Noir/Blanc. Mais il faut aussi retenir que cela contribue aussi à l'ambiance générale du titre, plutôt légère, plutôt fraîche. Cette bonne odeur d'aventure, ce rêve de gosse qui débute. Tout cela contribue à ce joli monde parfait qu'est celui de Pokémon. Pas de tracas ni d'ennuis, on se laisse doucement porter par les bonnes ondes positives qui s'en dégage. Par ailleurs, et cela parlera surtout aux joueurs Français, la représentation de la France est assez stéréotypée : des accordéons, des cafés, de la mode. Kalos est l'une des régions les plus agréables à parcourir dans la série et on ne s'en plaindra pas. Certains auraient peut être préféré un scénario plus mature, plus sombre. Mais est-ce cela Pokémon ? Je dirais que non, c'est avant tout un voyage dans un titre tout public et dans une ambiance qui déborde de bonne humeur et d'aventure. Ainsi, Pokémon X/Y est très classique dans son scénario et dans le déroulement du jeu. Le schéma ville, badge, ville, badge, répété jusqu'au huitième badge, est ainsi conservé. Mais c'est dans un tout autre registre que le titre va tirer son épingle du jeu...
Where the Fairy Flies...
En 2001, date de sortie française de Pokémon Or et Argent, deux nouveaux types de Pokémon firent leur apparition : le type Acier et le type Ténèbres. Depuis, plus rien, l'équilibre entre les types demeura le même, laissant le type Dragon dominer sur tous les autres. Plus de 10 ans plus tard, cette domination est sur le point de prendre fin, puisqu'un nouveau type est maintenant introduit. Ce type, c'est le type Fée. En plus de nouveaux Pokémon créés pour ce type, comme Nymphali, d'anciens Pokémon rejoignent dorénavant les Pokémon de type Fée. Ainsi, certains Pokémon auparavant quelque peu inutiles trouvent enfin une utilité, en tant que tueurs de Dragon par exemple. C'est donc tout l'équilibre du jeu qui est bouleversé, et même rééquilibré. Ainsi, le jeu pousse non seulement à diversifier son équipe, mais surtout à lorgner vers d'autres Pokémon qui étaient auparavant peu utilisés. Si en mode Solo, tout cela peut paraître bien dérisoire, c'est dans les combats en ligne que la stratégie prend tout son sens. Pour en revenir au gameplay, le nouveau type Fée n'est pas le seul à faire son apparition. Les Mega-Evolutions font leur apparition. Au cœur du scénario, puisque le professeur Platane vous confie la mission d'enquêter sur le sujet, celles-ci permettent à un Pokémon d'évoluer vers une forme plus puissante, lorsque celui-ci tient une pierre spécifique, le temps d'un combat, puis de retrouver sa forme initiale à la fin de ce combat. Réservé à une poignée de Pokémon, les Mega-Evolutions renforcent le côté stratégique de Pokémon sur divers points : tout d'abord, on crée un élément de surprise. En effet, rien ne garantit que le dresseur va faire Mega-Evoluer son Pokémon, il convient donc d'adopter sa stratégie en conséquence. Mais on crée aussi une versatilité des Pokémon, puisque les Mega-Evolution, en plus d'augmenter certaines statistiques peuvent aussi modifier les capacités, voire le type de certains Pokémon. Exemple concret : un Dracaufeu se trouve face à un Pokémon Electrique. Ce dernier, de part son type Vol est donc menacé par l'adversaire. En Mega-Evoluant en Dracaufeu X, son double type passe de Feu/Vol à Feu/Dragon. Ce dernier ne craint donc plus le Pokémon Électrique en face, prenant donc l'adversaire par surprise. 
Cependant, histoire d'éviter des abus, la Mega-Evolution n'est possible que pour un seul Pokémon par combat. Ainsi, dès qu'elle est enclenchée, il devient impossible d'en enclencher une autre pendant le même affrontement, et si votre Pokémon Mega-Evolué est mis au tapis, vous n'aurez pas la possibilité d'en faire Mega-Evoluer un autre. Concernant l'aspect stratégique, c'est cette fois le Système de Perfectionnement Virtuel qui apporte un autre vent de fraîcheur à la série. Ce dernier permet d'augmenter les EV de vos Pokémon à votre guise. Les EV ? Kézaco ? Pour faire court, quand votre Pokémon combat, il gagne de l'expérience, mais aussi des Efforts Values, des points qui sont répartis dans les stats comme les PV, l'Attaque, la Défense, la Vitesse, etc. Autrefois, il s'agissait de combattre en utilisant certaines attaques pour booster ces statistiques. Autrement dit, un processus long et fastidieux. Maintenant, il suffit de participer à des mini-jeux vous permettant de répartir ces points à votre guise. Autre point plutôt important, le Multi-Exp. Donné assez tôt dans le jeu, il était certes présent dans les opus précédent. Mais dans Pokémon X/Y celui-ci est plus efficace. En effet, la répartition de l'expérience est plus généreuse. Les Pokémon participant au combat recevront 100% de l'expérience. Les autres se verront accorder 50% de l'expérience. Ainsi, cela permet d’entraîner une équipe bien plus vite. Certains pourraient dire que cela facilite le jeu, et ils auraient raison. Cependant, avec plus de 700 Pokémon, cela permet enfin de se constituer une bonne équipe, flexible, sans pour autant passer 50 heures à entraîner un Pokémon. Bien entendu, cet objet peut être désactivé, et tout le monde y trouve son compte au final. Pour aborder la question des combats, on conserve le schéma classique de la série. Cependant, de nouveaux types d'affrontements ont été ajoutés : les combats aériens, dans lesquels pourront prendre part uniquement les Pokémon ayant la faculté de voler et les combats de hordes, dans lesquels vous affronter 5 Pokémon sauvages à la fois. Globalement, le gameplay du jeu a donc bénéficié d'une bonne remise à niveau, et l'ajout d'un nouveau type en plus des Mega-Evolutions apporte une sorte de mini-révolution dans la série. Quant à ceux qui resteraient sur leur faim, sachez que LA révolution dans la série se trouve dans un autre élément du titre...
La révolution multijoueurs
Depuis les débuts de la série, si la partie solo de Pokémon tenait une place importante, le multijoueur n'était pas en reste. En effet, depuis les épisodes Rouge et Bleu, l'accent était non seulement mis sur les échanges, afin de compléter son Pokédex avec les créatures exclusives à d'autres version, mais aussi sur les combats. Autrefois, la technologie limitait cet aspect. Il fallait que les deux joueurs soient présents côte à côte, avec un câble Link, afin de procéder à un échange. L'idéal était donc de croiser une personne dans la rue, ou encore d'emmener sa GameBoy et faire tout cela entre amis. Avec Pokémon Diamant/Perle, le mode en ligne fait son apparition. Enfin, il est possible de se confronter au monde entier. Par ailleurs, le Global Trade Station a permis de rendre les échanges bien plus aisés. Cependant, afin d'accéder à ses modes, il fallait se rendre dans les bâtiments dédiés, ce qui cassait indéniablement le rythme. Mais avec Pokémon X/Y, finies les contraintes. Avec le Player Search System, l'aventure solo et le multijoueurs ne font plus qu'un. Une fois activé, votre liste d'amis s'affiche mais en plus de cela, une longue liste de joueurs du monde entier s'actualise. Il ne vous reste plus qu'à cliquer sur l'un d'entre eux et le provoquer au choix en duel ou l'inviter à un échange. Et ce, à n'importe quel endroit du jeu. Que vous soyez sur une route, que vous soyez dans une grotte, vous pouvez à tout instant procéder à un combat ou un échange. Et l'inverse est aussi possible. Ainsi, pendant votre aventure, vous recevrez donc des notifications permettant de vous signaler qu'un joueur venu d'un autre coin du globe souhaite vous affronter. Ou alors, ce dernier souhaite obtenir l'un de vos Pokémon, contre l'un des siens. Une véritable révolution à mon sens, puisqu'il atteint LA forme parfaite du principe de Pokémon, à savoir la forme communautaire, à travers le combat et l'échange. Le tout sans casser le rythme, puisqu'il n'est plus nécessaire de vous déplacer dans un bâtiment, de quitter un endroit ou de cesser une activité pour vous ouvrir à ce monde connecté. Pokémon devient communautaire, et c'est ce qu'il a toujours essayé d'être, depuis Pokémon Rouge/Bleu.
D'autant que cet aspect communautaire se renforce non seulement par la possibilité de customiser votre dresseur en changeant de vêtements grâce aux nombreuses boutiques du jeu, mais aussi par les autres options en ligne. Tout d'abord, les Aura-O, que vous pouvez envoyer à vos amis. Il s'agit de bonus temporaires ayant divers effets : augmenter le taux de capture, soigner le Pokémon en tête de l'équipe, diminuer les prix en boutiques. L'intérêt est d'aider vos amis, tout en vous aidant puisque plus vous les utilisez, plus puissants seront les effets des Aura-O. Autre aspect communautaire plus poussé, la liste de « Copains ». Les joueurs sont classés en 3 catégories sur le PSS : les Amis (ceux de votre liste d'ami lié à votre console), les inconnus (les joueurs connectés dans le monde entier), et les Copains, qui sont les inconnus que vous avez affrontés au moins une fois. Dès lors que vous affrontez un « Copain » une deuxième fois, vous avez ensuite la possibilité de l'ajouter à votre liste d'amis, à la fois sur le jeu mais aussi sur la console. Aussi, vous pouvez communiquer avec tout ce monde, par le biais de messages personnalisés, mais aussi par le biais d'un chat vocal. Le Global Trade Station fait quand à lui aussi son grand retour, cette fois intégré directement au PSS et donc accessible à tout moment. Autre mode plutôt intéressant : l'échange miracle. Ce mode d'échange permet d'envoyer un Pokémon de votre choix à un dresseur au hasard. Seulement, vous ne savez pas ce que vous allez recevoir en échange. Les effets produits sont plutôt marrants, puisqu'il est possible de recevoir un Pokémon rare de très haut niveau contre un Pokémon commun de faible niveau. L'intérêt se verra sur le long terme, afin de constater si les gens abuseront de ce système pour inonder l'échange miracle de Pokémon faibles. Modes de jeux, Communications, Facilité d'accès, c'est en cela que Pokémon X/Y est une vraie révolution pour la série. Une vision enfin achevée, avec brio. On approche du MMO Pokémon tant rêvé par certains, sans pour autant sacrifier la partie solo de la série. Enfin !
Le rêve des fans de la première heure
C'est peut-être l'élément le plus attendu par les fans de la série. Et c'est sûrement la raison pour laquelle l'attente autour de Pokémon X/Y était aussi forte : le passage à la 3D. Certes, ce dernier a pu être entrevu sur consoles de salon avec des jeux comme Stadium ou Colosseum, mais il devait encore s'opérer sur la série principale, cantonnée aux consoles portables de Nintendo. Ainsi, pour des raisons de puissance et de capacité, le passage à la 3D n'a pu être rendu possible qu'avec la 3DS. Et il n'y a pas à dire, il était temps ! Pour en parler convenablement, il faut bien évidemment distinguer deux phases : l'exploration sur la map et les combats. Pour la première, autant annoncer la mauvaise nouvelle d'abord, pas d'effet 3D, ou presque. En effet, dans 95% des cas, la 3D sera automatiquement désactivée, pour des raisons de performances. Cependant, certains lieux comme les grottes où les usines en bénéficient. L'effet reste tout de même appréciable. En ce qui concerne la partie graphique, il s'agit réellement d'un opus Pokémon en 3D. Bien entendu, la vue du dessus est conservée pour des raisons pratiques, mais les développeurs jouent des effets de caméras en fonction des zones, ce qui est plutôt malin et change des habitudes. La patte graphique est très proche des artworks et les développeurs ont fait le choix de proposer un rendu plutôt animé. Choix que l'on félicite puisque même si la série passe en 3D, les environnements conservent tout le charme des précédents opus, contrairement à Pokémon Colosseum dont les environnements étaient plutôt en décalage puisque réalistes. Pour en revenir aux environnements de Pokémon X/Y, ces derniers sont assez détaillés et le rendu globale est plutôt propre. On appréciera surtout les petites touches par-ci par-là, comme l'herbe au sol qui est soufflée par le vent. Comme il en est coutume dans la série, on a droit à des décors plutôt variés : des plaines, des montagnes, des villes, des plages - une aventure par conséquent très dépaysante. Les personnages quant à eux sont représentés avec un design entre super-deformed et proportions réalistes. Encore une fois, un compromis réalisé avec brio. 
En ce qui concerne la seconde partie, à savoir les combats, là aussi il s'agit d'une grande réussite. Si l'activation de la 3D sera déconseillée en raison des chutes de framerate, on constatera que la modélisation de chacun des Pokémon présents aura été faite avec le plus grand soin. Les animations quant à elles ne seront pas en reste et c'est peut-être l'aspect le mieux développé dans les combats. Non seulement les animations sont fluides mais elles sont aussi variées, jusqu'à l'inaction des Pokémon en attente d'un ordre ou l'exécution d'une attaque, et le tout est bien animé et surtout rapide. On aurait pu craindre que le passage à la 3D allonge la durée des combats et rende le tout mollasson, rassurez-vous, ce n'est pas le cas. L'action est rapide et les mouvements sont exécutés sans temps mort. Une réussite donc. Objectivement, on parlera plutôt d'évolution que de révolution, mais en tant que fan, il s'agit clairement d'une étape franchie, une étape que l'on attendait depuis un très long moment. Concernant la bande-sonore là aussi, c'est du tout bon. Les pistes musicales sont vraiment excellentes (mention spéciale au thème du professeur Platane) que ce soit sur la map ou pendant les combats. Les cris des Pokémon quant à eux sont repris des jeux précédents, mais cela relève surtout du choix que du manque de moyens techniques, à une exception, Pikachu qui change de cri et hérite de son emblématique « Pika ! ». Enfin, pour ce qui est du contenu, l'aventure principale est assez longue, puisqu'il vous faudra compter au moins 25 heures pour en voir la fin, mais les combats en ligne risquent de fortement prolonger la durée de vie du titre. Quelques regrets cependant, le contenu après l'aventure est un peu chiche par rapport à d'autres opus, mais aussi le nombre de nouveaux Pokémon, un peu plus de 70 nouvelles bestioles, sans compter les Mega-Evolutions. C'est moins qu'à l'accoutumé, mais il faut dire que la série nous a toujours gâtés. Rassurez-vous, avec plus de 700 Pokémon, vous aurez de quoi faire.
