Nintendo 3DS

Bravely Default

Test 3DS

Bravely Default

Par speedwagon - Le 06/12/2013 à 21:14

Développé au départ comme étant une suite pour Final Fantasy : The Four Heroes of Light, le projet s'est très vite détaché de ses racines pour devenir une nouvelle licence à part entière. Dévoilé pour la première fois lors d'une conférence dédiée à la 3DS, Bravely Default s'était montré plutôt timide. Certes, le design du titre frappait d'ores et déjà par sa beauté, mais cette première révélation laissait entrevoir un titre somme toute sympathique mais peut-être trop classique. Les mois passèrent, et au fil du temps, le jeu se dévoilait plus en détail. De bonnes idées se profilèrent et le tout semblait plus alléchant. Mais ce n'est qu'à la sortie japonaise du titre et les premiers avis de joueurs que le potentiel du titre s'est réellement démontré. Dans une génération durant laquelle le J-RPG et en particulier Square-Enix ont subi un déclin indéniable, Bravely Default est vite apparu comme un titre renouant avec la recette gagnante du J-RPG des années 90. Après de longues campagnes de la part des joueurs pour que Square-Enix localise ce titre, Nintendo se montre et décide d'exaucer leur souhait. Enfin l'occasion se présente aux joueurs européens de poser les mains dessus, le tout traduit. Alors, Bravely Default est-il à la hauteur de sa réputation ? Réponse dans le test.

 

You are my hope

Bravely Default testDans le monde de Luxendarc, l'humanité place sa confiance en les cristaux, considérés comme des entités sacrées. Vénérées par les hommes, ces derniers décidèrent de se réunir sous un culte, le cristalisme, dévoué aux quatre cristaux de Luxendarc. Ainsi, les vestales et leurs acolytes protègent les cristaux. Si tout se passait pour le mieux depuis plus de 2400 ans, il semblerait que le duché d'Eternia ne l'entende pas de cette oreille. En effet, depuis 15 ans, le continent d'Eternia a décidé de mettre à profit l'énergie des cristaux afin de faire progresser de manière prodigieuse leur technologie... et accessoirement de faire une chasse aux sorcières et d'exterminer les vestales ainsi que toutes les acolytes, garantes du culte du cristalisme. C'est ainsi qu'Agnès Obligé, vestale du vent est contrainte de fuir pour échapper aux troupes éterniennes. Et puisque le hasard fait bien les choses, il semblerait aussi que les cristaux faiblissent et provoquent des catastrophes naturelles. C'est pour cette raison qu'un gouffre béant s'est ouvert, aspirant entre autres le paisible village de Norende et tuant par la même occasion tous les habitants... tous sauf un, Tiz Arrior, paisible berger de 19 ans fraîchement à la retraite. Après leur rencontre fortuite, les deux protagonistes feront par la suite la rencontre de deux autres énergumènes : Ringabel, un amnésique au charisme fort et Edea, une éternienne au fort caractère et accessoirement, fille du duché d'Eternia. Notre fabuleuse équipe partira donc dans une quête afin d'éveiller les cristaux répartis dans les quatre continents afin de sauver le monde de Luxendarc. De prime abord, le scénario peut paraître très classique, et en effet il l'est, dans les premières heures de jeu, rappelant ainsi les premiers Final Fantasy avec cette quête des cristaux. Mais au fur et à mesure, l'intrigue va s'envoler prendre une toute autre tournure. Une aventure magnifique avec de nombreux rebondissements, et une fin vraiment surprenante. Une aventure surtout contrastée, avec des moments tantôt naïfs (et non niais) et tantôt cruels. Ainsi, on est vite captivé par cet univers enchanteur même si passé un certain moment du jeu, un léger problème de rythme dans l'aventure se pose, mais rien de grave bien heureusement. Par ailleurs et contrairement à d'autres productions du RPG japonais, les quêtes annexes de Bravely Default sont un prétexte à encore plus de développements scénaristiques. Un jeu à dévorer de bout en bout, d'autant que ce bout n'est visible qu'après une bonne quarantaine d'heures, voire une cinquantaine si vous souhaitez voir la vraie fin. La partie scénario est une belle réussite, sans pour autant bousculer les plus grands classiques du genre.

 

Fighting to the End

Bravely Default testAutant annoncer la couleur de suite, c'est très clairement au niveau de son gameplay que Bravely Default frappe un grand coup et s'impose comme un titre révolutionnaire. Si les combats sont au tour par tour comme dans la grande tradition du J-RPG classique, Bravely Default pioche à la fois dans des mécaniques connues mais aussi dans de nouvelles mécaniques, cette fois bien moins traditionnelles. On retrouvera par exemple les jobs, à savoir des classes, système permettant de spécialiser vos personnages dans certaines compétences. Les Mages Blancs seront par exemple d'excellents soigneurs tandis que les Chevaliers se spécialiseront dans la Défense. Un système de jobs bien connu des amateurs de Final Fantasy V par exemple. Non, la réelle nouveauté dans Bravely Default, et le jeu lui doit son nom, c'est le système de Brave et Default. A chacune de vos actions, un BP (Brave Point) sera prélevé. Et à chaque tour, vous en récupérez un. Sauf exception, vous commencez chaque combat avec 0 BP. Ainsi, en attaquant, vous vous retrouverez avec -1 BP, il vous faudra donc attendre votre tour pour attaquer. Mais avec le système de Brave et Default, le jeu bouscule les conventions du tour par tour et chamboule le rythme des combats. En effet, avec le système de Brave, vous pouvez consommer des BP pour faire jusqu'à 4 actions en 1 tour. Certains diront « Oui, mais si on commence avec 0 BP, comment ca se passe ? » Et bien c'est simple, vous pouvez attaquer à crédit et donc descendre jusqu'à -4 BP et ainsi lancer 4 actions par personnages en 1 tour. Petite contrepartie cependant, vous vous retrouverez immobile pendant 4 tours, à la merci de vos ennemis si ces derniers n'ont pas mordu la poussière. C'est alors que le système de Default vient équilibrer la balance. Dans certains RPG, il y a une commande défense, qui pendant 1 tour, permet de se protéger. Le système de Default est similaire, puisqu'il s'agit en réalité d'un mode défense utile. Ainsi, en plus de vous protéger pour réduire les dégâts reçus, vous accumulez 1 BP en plus. Et vous pouvez ainsi cumuler jusqu'à 4 BP pour ensuite relâcher 4 attaques d'affilés. Mais le tout va encore plus se compliquer puisque vos ennemis pourront eux aussi utiliser ce système pour se défendre ou pour au contraire attaquer plusieurs fois d'affilés. Et le système s'étoffe encore plus puisque certains jobs auront des compétences permettant de gagner des BP ou au contraire d'en utiliser plus qu'à l'accoutumée pour balancer des attaques dévastatrices. Tout ces éléments aboutissent à un système de combats équilibré, complet, stratégique et bigrement jouissif. Jamais un RPG au tour par tour n'aura su nous captiver autant en terme de stratégies ou de combat. Bravely Default aura réussi le pari de proposer un système complet, bien pensé, sans pour autant être mollasson. Petite précision tout de même, le jeu incorpore aussi un système du nom de Bravely Second - sorte de Joker, il est au final très anecdotique. D'autant que pour l'utiliser, il faut se séparer de SP (Second Points) qu'il faut récupérer en laissant au choix, sa console en veille... ou en passant à la caisse. On s'en passera très largement.

 

Le RPG pour tous !

Bravely Default testSi le J-RPG était plutôt populaire autrefois, il s'est très vite retrouvé dans l'ombre au profit de jeux plus bourrins et bourrés d'adrénaline. Il faut dire que le RPG japonais classique a des mécaniques rebutant souvent le nouveau venu, s'adressant par conséquent à une audience plus restreinte mais aussi plus tenace. C'est vrai que le tour par tour, le leveling ou encore les combats aléatoires ne sont peut être pas toujours très vendeurs... Et pourtant, Bravely Default est probablement le premier J-RPG qui va contenter tout les joueurs, ne laissant absolument personne sur le carreau, le tout grâce à une conception très bien pensée. Ainsi, l'interface est très ergonomique. En combat, il est possible d’accélérer les animations en temps réel, histoire que ceux-ci ne durent pas une éternité. De plus, les commandes Brave et Default ont été assignées directement aux gâchettes, pour pouvoir les utiliser de manière instantanée. Pour ce qui est des combats aléatoires, les développeurs ont inclu une jauge permettant de sélectionner le taux de rencontres à la volée. Ainsi, à tout moment de l'aventure, il est possible d'augmenter, de diminuer voire d'empêcher les rencontres aléatoires. Bien entendu, avec un taux de rencontre trop bas, les boss ne feront qu'une bouchée de vous, mais l'option reste très agréable pour pouvoir explorer un donjon fini, ou tout simplement pour les joueurs n'ayant pas forcément le temps de s'engager dans de nombreux combats. A contrario, les joueurs avides de challenge pourront bien évidemment augmenter le nombre de rencontres. Cette fonction se montre aussi très utile lorsqu'il s'agit de faire du leveling. Dans cette optique d'ailleurs, les développeurs ont inclu une fonction auto, qui permet d'enregistrer votre dernière action en combat pour la ressortir en boucle lors de vos prochaines rencontres. Les phases de leveling qui étaient autrefois une corvée deviennent ici une formalité voire, allez, un plaisir. Toujours dans cette optique de conciliation, le niveau de difficulté est lui aussi ajustable à tout moment au cours de l'aventure. Les débutants préféreront le mode Facile tandis que les joueurs expérimentés se cantonneront au mode Normal, ou Difficile. Mais Bravely Default, c'est aussi un RPG communautaire. Ainsi, les amis de votre liste d'ami 3DS pourront eux aussi vous aider, en vous envoyant par exemple un personnage que vous pourrez invoquer en plein combat, ou encore faire du Mentorat, c'est-à-dire lier l'un de vos personnages et celui d'un de vos amis, pour partager les compétences débloquées dans un job. Ainsi, si vous avez un voleur niveau 1 et votre ami un voleur niveau 5, vous pouvez utiliser les compétences niveau 5 du voleur. Le jeu exploite à merveilles toutes les possibilités de la 3DS : Double écran, 3D, Spotpass, Streetpass... et même la Réalité Augmentée.

 

Le plus beau jeu de l'année ?

Bravely Default testNon content de proposer une histoire attachante et un gameplay fichtrement bien rodé, Bravely Default ne lésine pas non plus sur l'emballage, et le studio Silicon Studio a fait appel à de grands noms pour signer le design du titre ainsi que son OST. Pour ce qui est de la partie graphisme, le jeu envoie. Vraiment. Le talentueux Akihiko Yoshida (Tactics Ogre, Final Fantasy Tactics, Vagrant Story) s'est occupé du design du titre et le résultat est merveilleux. Les nombreux décors sont tout simplement somptueux. C'est magnifique, très varié, bien animé, et très clairement le plus beau jeu 3DS depuis son lancement, voire l'un des plus beaux jeux de l'année, surclassant des titres ayant pourtant fait très fort en terme de design, Ni no Kuni ou Rayman Legends. Le style adopté est très convaincant, le niveau de détail apporté à chaque tableau est ahurissant, et les éclairages de nuits subliment le tout. Une merveille tout simplement. Et c'était sans compter sur la 3D, qui une fois poussée à fond, fait ressortir ce qu'il y a de plus beau dans le jeu. On penserait presque à ces livres avec des images sortant des pages. Le design des personnages et des costumes et tout aussi réussi, il n'y a presque aucun faux pas de ce côté-là. Personnages adoptant par ailleurs un design SD (Super Deformed) renforçant le côté tout mignon du titre. Le design des ennemis n'est pas en reste puisque c'est encore une réussite de ce point de vue, avec des boss magnifiques. Le même compliment s'applique pour les environnements lors des combats. Côté bande-son, c'est tout aussi bon. Composées par REVO du groupe Sound Horizon, les musiques sont d'une beauté époustouflante et surtout d'une grande variété. Avec une multitude d'instruments, allant de l'accordéon à la flûte, en passant par les violons et la guitare électrique, c'est un véritable concert orchestré qui se joue au cours de l'aventure. Enfin, pour ce qui est de la localisation, Nintendo (qui édite le jeu en Occident) a fait les choses en grand : tout d'abord, l'intégralité du jeu est traduit en Français, et vous pouvez changer la langue des sous-titres à tout moment, sans pour autant quitter le jeu. Mais mieux encore, Nintendo a fourni un doublage anglais de qualité plutôt convenable. Quant à ceux qui le souhaiteraient, le doublage original (en Japonais) et lui aussi disponible, à tout moment du jeu.

9.5
Avec son scénario passionnant, son gameplay à la fois dynamique, tactique et accessible, son aspect communautaire, ses efforts pour contenter tous les publics, son esthétique magnifique et sa bande-son magistrale, Bravely Default est une réussite de bout en bout. Peut-on parler de renaissance du J-RPG ? Je n'irai pas jusque là, tout simplement parce qu'à mon sens, le J-RPG n'est jamais mort... il a tout simplement changé de support de prédilection, à savoir les consoles portables. Pour ce qui est du J-RPG chez Square-Enix, les choses sont différentes puisque Bravely Default surclasse tous les Final Fantasy sortis ces dix dernières années. Bravely Default s'impose comme un incontournable sur 3DS et même comme l'un des meilleurs jeux sortis cette année, tous supports confondus. A ne rater sous aucun prétexte.

  • * Un scénario passionnant * Le gameplay qui révolutionne le tour par tour * L'aspect communautaire * La direction artistique magnifique * La bandeson qui l'est tout autant * Les personnages attachants * Le doublage au choix Anglais ou Japonais * La traduction française de qualité * La durée de vie * Les quêtes annexes scénarisées * Un RPG qui s'adresse à tous les joueurs * Les ajouts de la version For the Sequel * Les nombreux paramètres à la volée
  • * Un léger problème de rythme au milieu du jeu * Les microtransactions fort heureusement inutiles